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EXAMINEZ TOUTES CHOSES; RETENEZ CE QUI EST BON !

(La Bible: 1Thessaloniciens 5:21)

 NOVEMBRE

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1 NOVEMBRE.

 

N'éteignez point l'Esprit. (1 Thess. V, 19.)

 

Le Saint-Esprit est la lumière de l'âme. C'est lui qui conduit dans le droit chemin, et qui nous remet en mémoire toutes les choses que le Seigneur nous a dites. Mais on peut éteindre l'Esprit, en se roidissant contre ses directions, et en n'obéissant pas aux mouvements ,qui nous viennent de lui. Comprimer habituellement les sollicitations de l'Esprit, c'est se jeter soi-même dans cet état d'impénitence et d'endurcissement qui nous rend incapables d'être sauvés, et dont nous avons plusieurs exemples dans l'Écriture sainte. Dans le passage que nous avons sous les Yeux, il n'est pas question du péché contre le Saint-Esprit; l'Apôtre parle d'autre ,chose. Il venait de dire : Priez sans cesse, ou maintenez-vous toujours dans la disposition de la prière. L'Esprit nous met toujours dans un grand malaise quand nous sortons de cette disposition, et c'est ce malaise qui rappelle la brebis errante sous la houlette du bon Berger. Mais l'Esprit fait souvent davantage : il nous adresse des appels clairs et directs, il nous fait sentir des mouvements inattendus qui nous poussent vivement à la prière. Ne renvoyons pas ces sommations d'en-haut, car ce serait éteindre l'Esprit. Tantôt c'est une affaire qui se présente à notre pensée, tantôt c'est le revient subitement à la mémoire sans que nous l'ayons cherché c'est comme un éclair qui nous montre tout à coup quelque chose.ou quelqu'un pour qui il faut prier, et nous n'avons point de repos si nous ne cédons aussitôt à cet appel en priant en effet. On peut toujours trouver un moment de recueillement dont la prière a besoin ; au milieu même de nos occupations, nous pouvons nous rendre à la voix de l'Esprit. Nous saurons plus tard pourquoi,. à tel moment donné, tel besoin de prière nous est venu, et, dussions-nous ne le savoir jamais, encore devons-nous avoir frayeur d'éteindre l'Esprit. Nous gagnerons en spiritualité, en nous montrant fidèles, tandis que nous nous affaiblissons nous-mêmes en faisant glisser sur notre âme les voix miséricordieuses qui nous viennent d'en haut.

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2 NOVEMBRE.

 

Regardez à Jésus, le Chef et le Consommateur de la foi. (Héb. XII, 2).

 

Il y a souvent des tentations bien bizarres. De même que l'Esprit de Dieu peut arriver à nous d'une manière inattendue, Satan aussi petit nous attaquer brusquement, et souvent d'une singulière manière. L'ennemi a des mouches noires qui ne sont que des mouches, mais, elles viennent de l'abîme. Une sotte idée peut nous poursuivre un joui, entier et nous tenir éveillés pendant la nuit même; une crainte qui n'a aucun fondement peut nous traverser l'esprit et nous travailler pendant nos meilleures heures ; une disposition incrédule peut nous tourmenter jusqu'au sang et nous faire douter du secours de Dieu, quand il ne s'agit que d'une bagatelle. Gardons-nous alors de nous enfoncer dans ces pensées ; l'ennemi ne demanderait pas mieux. C'est un guet-apens dans lequel il ne faut pas nous laisser prendre Regardons à Jésus, le Chef et le Consommateur de la foi, et nous rirons de nous-mêmes et des craintes auxquelles nous aurons failli nous livrer. Celui qui est en nous est plus fort que celui qui est dans le monde ; prenons donc le bouclier de la foi, et l'ennemi s'enfuira de nous; un seul regard sur Christ triomphe de tout. Quand la foi commence, Satan aussi commence : à peine Jésus-Christ est-il né, qu'Hérode veut le tuer. Mais comme le Sauveur est le Chef de la foi, il en est le Consommateur. Notre passé est une bonne garantie pour notre avenir. Il n'est pas plus difficile au Seigneur de nous faire persévérer jusqu'à la fin, qu'il ne lui a été difficile de nous donner la vie, mais il faut regarder à lui, et regarder à lui c'est s'attacher à lui, c'est dire à notre âme : Quoi qu'il en soit, repose-toi sur lui, ta délivrance vient de lui,

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3 NOVEMBRE.

 

Exerce-toi à la piété. (1 Tim. IV, 7.)

 

On peut avoir une foule de bénédictions dans une heure tout ordinaire. Nos bons ou nos mauvais jours ne viennent pas des situations heureuses ou malheureuses de la vie, mais de l'attitude de notre âme. Il faut nous exercer à la piété et nous verrons qu'elle est utile à toutes choses. Ce travail n'est point fatigant; on peut s'y livrer à toute heure ; il suffit de se donner à Dieu et d'être sincère envers soi-même. Dieu se donne dès qu'on se donne, et c'est l'activité de la grâce qui forme à la piété. Ce sont les puissances du siècle à venir, ce ne sont pas nos propres forces qui nous formeront et nous façonneront. Mais allons à la rencontre de notre Dieu. Nous avons été créés pour cela: il y a des impulsions intimes qui nous le diront. Ce n'est pas en restant figés sur nos lies que nous serons demain un saint; il faut tourner vers Dieu ces besoins de notre nature. Il faut se mettre en route si l'on veut arriver. Sans doute, si le voyage est long, on n'arrive point dès le premier jour. S'exercer à la piété, c'est faire un travail qui dure. Dieu fera le travail, mais c'est à nous à nous laisser travailler. Un travail fait à deux et dans l'accord est bien plus facile; or, la plus sainte de toutes les besognes est celle de notre salut. Approchons-nous de Dieu, et il s'approchera de nous. Montrons-lui nos résistances à mesure qu'elles paraissent, il aplanira nos montagnes et rehaussera nos vallées. Croyons et désirons avec ardeur, et notre piété sera bientôt une oeuvre. Ne nous comparons ni à un tel, ni à un tel ; marchons avec Dieu, sans bruit, et sa force s'accomplira dans notre faiblesse. Partons de l'assurance que Christ a vaincu le monde, et qu'il nous a donné des armes pour renverser les forteresses. L'exercice de la piété est l'oeuvre de la grâce dans une âme qui croit. Commençons avec confiance., ne pensons pas à demain. Aujourd'hui Dieu est à nous, il sera encore à nous demain, et avec son secours nous franchirons la muraille.

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4 NOVEMBRE.

 

Vous serez allaités. (Esaïe LXVI, 12.)

 

Voici une des promesses faites à l'Eglise. Il y a un lait spirituel et pur qui alimente les rachetés du Seigneur, et qui les soutient dans les temps difficiles. C'est la saine doctrine de la Parole. Faisons comme le Psalmiste, serrons cette Parole dans notre coeur, et nous ne pécherons point contre l'Éternel. David disait: Soutiens-moi, selon ta Parole, et je vivrai. Esaïe voyait couler sur l'Eglise la paix comme un fleuve, et la gloire comme un torrent débordé ce sont les effusions de l'Esprit qui accompagnent et remplissent la Parole sainte. Les dogmes de l'Eglise sont aussi sa force: Dieu est la vérité vivante, et cette vérité est dans sa Parole. Nos convictions sont aussi nos appuis ; c'est la substance divine qui nous fait croître et qui a soutenu les martyrs jusque dans les flammes. Il y a dans la Parole sainte des promesses, des commandements et des menaces ; tout cela est du lait, et l'un ne peut être reçu sans l'autre. Les promesses n'agissent point sans les commandements; les commandements sont inexécutables sans les promesses. Si nous retranchons les menaces, nous émoussons le tranchant de la Parole, et notre vie spirituelle prend sur-le-champ un caractère de tiédeur. Ayons pour toute parole de Dieu le même respect, et nous serons allaités et entretenus en santé. Ne séparons point ce que Dieu a joint. Une mère ne décompose pas le lait qu'elle donne à son enfant. À toute l'Eglise fidèle, le Saint, le Véritable, qui a la clef de David, dit: J'ai ouvert une porte devant toi, et personne ne la peut fermer, parce que, quoique tu n'aies qu'un peu de force, tu as gardé ma Parole, et tu n'as point renoncé mon nom.

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5 NOVEMBRE.

 

Comme mon Père m'a aimé, je vous ai aussi aimés; demeurez en mon amour. (Jean XV, 9.)

 

Dieu a mis toute son affection en son Fils; cet amour fait sa vie, il n'a rien trouvé qui fût digne de lui que son Fils, et Jésus-Christ a établi entre lui et nous les mêmes rapports qui existent entre lui et son Père. Plongeons-nous dans l'amour que le Père a pour son Fils, c'est une mer dont nous ne trouverons pas le fond. Mais l'amour du Fils est aussi grand que celui de son Père, et tout racheté qui se laisse aimer et qui croit est l'objet de l'amour de Jésus. C'est encore une mer dont nous ne voyons ni les bords ni le fond. L'esprit se perd en cherchant les limites du monde, mais l'amour de Christ pour le dernier des pêcheurs est plus infini que l'univers même. L'homme naturel ne voit que sa personne; l'homme réveillé ne voit que ses péchés; et la vie chrétienne, dans toute sa force, est encore loin de voir tout l'amour de Christ. Nous n'épuiserons jamais ni le sens ni le bénéfice de cette parole : Comme mon Père m'a aimé, je vous ai aussi aimés; demeurez en mon amour. Ce que nous croyons le moins, c'est que nous sommes aimés, et d'un amour qui n'a plus de nom, qui n'a plus de mesure. Aussi notre coeur, que cet amour seul pourrait dilater, reste plus ou moins fermé. Usé par l'égoïsme et sous le poids de son indignité, il ne comprend plus l'amour, et ses larmes lui servent de pain. Cela n'empêche pas le Fils de Dieu de condescendre à nos misères, de créer un lien entre lui et nous, de vivre de compassion et de patience, comme nous vivons d'ingratitude et d'incrédulité. L'amour descend de lui à nous, c'est ce qui le rend ferme; mais ce qui n'est qu'un désir du Sauveur tant que nous sommes ici-bas, sera une réalité dans le monde éternel, où nous demeurerons dans l'amour, quand nous connaîtrons comme nous avons été connus.

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6 NOVEMBRE.

Le Seigneur l'Eternel m'a donné une langue savante, pour savoir parler à propos à celui qui est abattu. (Esaïe L, 14.)

 

C'est un grand don que celui de savoir prendre une âme. Tous les moments ne sont pas favorables ; il faut souvent attendre une situation propice. C'est surtout quand une âme est abattue qu'on peut s'approcher d'elle, pour l'attirer vers la seule chose nécessaire. Quand nous croyons que le moment de parler est venu, montrons à cette âme tout l'intérêt possible, non seulement pour captiver sa bienveillance, mais parce que le Seigneur est alors à la porte, et qu'il frappe. Quand il nous sera évident que le Seigneur nous appelle à parler, comptons aussi qu'il nous donnera une langue savante, pour savoir parler à propos à celui qui est abattu. Soyons nous-mêmes une preuve vivante que le Seigneur nous a parlé que l'on sente que nous sommes en communication avec lui, et que ce que nous disons de ses consolations est une réalité en nous. Si la personne à qui nous parlons est mondaine, ne demandons pas trop à la fois, mais ne craignons pas cependant d'aller au fond de son abattement, et d'en signaler la vraie cause, qui est le manque de paix. Une conversation religieuse trop générale est toujours perdue; jamais des banalités n'ont changé personne. Il faut nommer les choses par leur nom; faisons-le en priant, et dans un esprit de charité, puis abandonnons le reste au Seigneur. Si nous savons que la personne dont il s'agita été précédemment placée sous l'influence de la grâce préparatoire, confessons le Seigneur d'une manière plus directe, et insistons sur la nécessité de se donner à lui, et de ne pas laisser passer cette visitation inutilement. C'est une bonne chose que d'entrer en prière avec une âme abattue, et de lui mettre le doigt sur telle ou telle parole sainte, en l'engageant à la méditer. Portons cette même parole devant le Seigneur quand nous nous retrouverons seuls, et entreprenons fortement dans nos propres prières la personne avec laquelle nous avons prié. Persévérons dans cette intercession, et le Seigneur, qui nous a parlé à nous-mêmes, parlera aussi à cette âme que nous lui montrons. Les âmes sont à lui, et s'il veut qu'on prie pour elles, c'est sans doute pour qu'il y ait un résultat.

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7 NOVEMBRE.

 

Dans une grande maison il n'y a pas seulement des vaisseaux d'or et d'argent, mais il y en a aussi de bois et de terre; les uns sont pour des usages honorables, et les autres pour des usages vils. (2 Tim. II, 20.)

 

Dieu emploie bien du monde dans sa maison et dans son règne, il met à l'oeuvre des individualités bien différentes l'une de l'autre; mais cette variété dans l'unité et cette unité dans la variété entretiennent la vie et tournent au profit commun. Les tins sont faits pour agir sur des masses et pour embrasser d'un regard juste l'époque où ils vivent. D'autres sont des hommes de détail, et leur action se restreint à une ou à quelques familles ; d'autres encore mènent une vie de dépendance et cultivent le champ des vertus passives; d'autres enfin sont des hommes de prière, des hommes de renoncement, et ceux-là aussi rayonnent, et souvent sans le savoir. Que chacun reste à sa place, et tout ira bien. Gardons notre individualité, et qu'un vase de bois ne cherche pas à être un vaisseau d'argent. En sortant de nous-mêmes nous ne serions plus vrais, et si chacun en faisait autant, l'esprit qui se manifeste dans chacun ne lui serait plus donné pour l'utilité commune. Il n'y a que la vanité, ou l'esprit d'imitation, ou de fausses illuminations qu'on prend pour la volonté de Dieu qui puissent nous faire sortir de notre place. Si nous considérons le Seigneur dans toutes nos voies, et si nos rapports personnels avec lui sont bien nourris, nous ne risquerons rien de pareil. Sa connaissance illumine et maintient le coeur, et laisse dans la droiture et dans l'humilité. Il n'a pas besoin de notre activité ; ne l'échangeons donc pas, ne l'étendons pas pour le simple plaisir d'agir; ne craignons pas de diminuer à nos propres yeux, pourvu que nous croissions dans la vie cachée. Notre sphère d'action y gagnera; puis souvenons-nous qu'en définitive ce sont les membres faibles de l'Église qui lui sont les plus nécessaires.

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8 NOVEMBRE.

 

Si quelqu'un ne sait pas conduire sa propre famille, comment pourra-t-il gouverner l'Eglise de Dieu? (1 Tim. III, 5.)

 

Ce qui est dit de l'évêque regarde tout chrétien pris au point de vue de la vie domestique. Nous voulons servir le Seigneur, c'est bien pensé mais commençons par ce qui est à nos pieds. Ne cherchons pas loin de nous les occasions que nous avons sous notre toit et qui se multiplieront avec notre fidélité. Notre famille particulière est une Eglise en miniature. Comment celui qui n'est pas fidèle dans les petites choses et dans les devoirs immédiats le sera-t-il dans ce qui est plus sérieux ? On ne peut pas faire un second pas avant d'avoir fait le premier. Pour bien conduire notre maison, il ne suffit pas d'avoir un culte de famille, de tenir nos enfants dans la soumission et de donner à nos serviteurs ce qui leur revient; il faut de plus que nous fassions un travail sur nous-mêmes et que nous commencions par là. Père de, famille ou non, vous tous qui vivez sous le même toit, vous formez un corps dont le chef est Christ. Mais avant de vous montrer l'un à l'autre comme des membres du Seigneur, il faut que vous le soyez. Et vous ne le serez pas si vous ne vivez pas sous la discipline de l'Esprit, l'oeil ouvert sur vous-même et sans transiger avec la chair et avec le sang. Une vie commune expose à bien des frottements et laisse paraître bien des faiblesses. En vous regardant de près, vous saurez bientôt sur quoi il faut porter le couteau. Quand vous vous gouvernerez bien vous-même, vous serez une bénédiction pour toute la maison. Il ne faut pas compter sur l'édification que vous attendez des autres, mais sur celle qui s'accomplit chaque jour en vous-même. Et quand bien même on ne nous demanderait rien au delà de ce que nous sommes, et que dès aujourd'hui on nous regarderait comme des saints, nous devrions encore, dans l'intérêt de notre propre paix, croître et avancer sans cesse. Nos grandes misères sont nos misères domestiques; ce sont ces penchants qui font la guerre à l'âme et qui reviennent habituellement. Mettons une grande importance à maîtriser nos propres mouvements, et nous serons gardés en paix; ce sera aussi le secret de conduire notre propre famille, et d'être un levain de grâce pour l'Église.

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9 NOVEMBRE.

 

Le jour de l'Eternel sera des ténèbres et non de la lumière. Comme si un homme fuyait de devant un lion, et qu'un ours le rencontrât; ou qu'il entrât dans la maison, et qu'il appuyât sa main sur la paroi, et qu'un serpent le mordit. (Amos V, 18, 19.)

 

Il arrive souvent qu'en fuyant de devant un lion, on rencontre un ours; ou, en d'autres mots, qu'en voulant se soustraire à une croix ou à une mauvaise position, on en rencontre une pire. A tout prendre, il vaut mieux tomber entre les mains de l'Éternel et recevoir ce qu'il nous envoie, que de nous laisser aller à nos propres désirs et d'en payer plus Lard les conséquences. Mais souvent aussi ]'Éternel, pour nous faire oublier le lion, nous envoie l'ours ou l'aspic; en d'autres mots, pour mieux nous faire supporter une croix ou une épreuve, Dieu nous en envoie souvent une seconde, qui tourne notre esprit ailleurs. Ce second coup neutralise souvent la force du premier, et il est certain qu'il est souvent plus facile de porter deux croix que d'en porter une. Les médecins nous font souvent une plaie artificielle pour guérir une vraie plaie ou pour empêcher un mal plus grave. Une seconde épreuve nous fait voir ce qu'il avait de clément, de ménagé dans la première; elle nous fait sentir notre ingratitude et notre peu de force chrétienne. Aussi vaut-il mieux souffrir en la chair et être attristé pour un peu de temps par diverses épreuves, vu que cela est convenable, que d'avoir la conscience réveillée quand il sera trop tard. Il y a maint et maint chrétien qui ne voit aujourd'hui ni lion, ni ours, ni serpent, parce qu'il dit: Paix, paix, quoiqu'il n'y ait point de paix. Mais au grand jour de l'Éternel, les jugements de la conscience se réveilleront, et sur mille articles que Dieu nous proposera, nous ne pourrons répondre à un seul. Rendons grâces quand nous sentons la main de Dieu agir paternellement sur nous; il vient un temps où il sera juge et où il rendra à chacun selon ses oeuvres.

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10 NOVEMBRE.

 

Tu n'auras point dans ton sac deux sortes de pierres pour peser, une grande et une petite. (Deutéron. XXV, 13.)

 

La fausse balance est en abomination à l'Éternel, mais le poids juste lui est agréable. Quand le boulanger ne nous fait pas le poids, nous nous révoltons contre une telle fraude; prenons garde de ne pas couler un moucheron pour avaler un chameau. Qu'est-ce qu'avoir une fausse balance et peser avec deux sortes de pierres ? C'est faire acception de personnes, quand la chair et le sang y sont intéressés. Il y a un favoritisme qui n'est que de l'injustice. Ne supportons-nous pas davantage nos enfants que nous ne supporterions ceux des autres, dans la même occasion? Il y a des engouements qui entraînent toujours des antipathies; nous avons des préférences de rapports que nous ne pouvons pas toujours justifier et qui sont cause de beaucoup d'injustices. Accessibles pour quiconque sait flatter nos inclinations, nous fermons notre porte à celui qui vient nous demander un service, si nous ne prévoyons pas que cet homme puisse nous être utile un jour. L'histoire de nos penchants est aussi l'histoire de nos injustices. Nous accordons tout ou nous n'accordons rien, selon que notre intérêt y gagne ou en souffre; et quand je parle d'intérêt, j'entends celui de notre bourse, aussi bien que celui de notre paresse ou de notre amour-propre. Souvent c'est une cause plus futile encore qui fausse notre balance. Nous ne sommes jamais si injustes que dans nos moments de mauvaise humeur. Un caprice qui nous traverse l'esprit, ou une de ces dispositions bourrues qui nous gagnent si facilement, fait que nous oublions tout notre christianisme, et que le premier venu expie nos dépits. Ayons les balances justes et les pierres à peser justes; ce que nous voudrions que les autres nous fissent, faisons-le-leur; c'est le sommaire de la loi et des prophètes.

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11 NOVEMBRE.

 

Le royaume des cieux est forcé et les violents le ravissent. (Matth. XI, 12.)

 

Combattons et persévérons ; nous le faisons bien pour avoir une couronne corruptible, pourquoi ne le ferions-nous pas aussi pour en avoir une incorruptible ? Le royaume des cieux s'ouvre à de saints désirs et à d'ardentes prières. Les violents sont ceux qui courent dans la lice, qui ne donnent point de sommeil à leurs yeux, jusqu'à ce qu'ils aient trouvé un lieu à l'Éternel et des pavillons pour le puissant Dieu de Jacob. La persévérance est la vertu de l'avare, de l'ambitieux, de l'industriel, du navigateur : on voit des vies qui se consument dans une seule poursuite ; et quand il s'agit de forcer le royaume des cieux, n'emploierons-nous pas les mêmes efforts? Mais sur mille chrétiens, il n'y en a pas cinq cents qui persévèrent. Combattre est si fatigant, et persévérer est une si longue affaire! Examinez ceux qui ne connaissent pas le Seigneur, puis examinez à leur tour ceux qui le connaissent, que trouverez-vous ? Chez les uns et chez les autres, une religion qui est toujours la même. Jusqu'à ce qu'un homme change, il faut bien des leviers; nous le voyons par nous-mêmes. Ce saint embrasement de l'âme, ces yeux fixés sur la couronne et qui regardent toutes les autres choses comme une perte, ces heures passées à deux genoux, jusqu'à ce que la chair soit tuée et que l'esprit ait le dessus, cette foi qui s'appuie sur les promesses et qui laisse crouler tout le reste, ce courage de tout donner et de tout mettre sous la croix, où est-il? En fait de persévérance, nous avons celle des statues et non des violents. Ah! si nous connaissions la valeur des choses divines, nous nous remuerions pour elles. Un effort en réveillerait un autre, et une fois lancés dans l'arène, nous combattrions jusqu'au terme, trouvant toutes les fatigues plus supportables que l'insupportable mollesse.

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12 NOVEMBRE.

 

Jésus fut conduit par l'Esprit dans le désert, et là il fut tenté par le diable. (Luc IV, 1, 2.)

 

Le diable peut tout gâter ; il gâte surtout la solitude. Les quarante jours que le Fils de Dieu passa dans la retraite furent remplis de tentations; mais Jésus-Christ résista au diable; l'adversaire s'éloigna de lui, Faisons-en de même, et nous aurons de bonnes heures de retraite quand l'Esprit nous conduira à chercher quelque repos. Il y a une bonne et une mauvaise solitude. Un coin tranquille ne suffit pas. Il faut un coeur tranquille, et le diable nous laisse plus volontiers l'un que l'autre. Nulle part le vagabondage de la pensée n'est plus gênant que dans la solitude. On voudrait se recueillir, et le diable nous suit et nous dissipe dix fois plus que si nous restions dans la foule. Le coeur est un carrefour : si nous sommes seuls avec lui, nous avons la pire des compagnies. Il faut être seul avec Dieu et fermer au diable le cabinet intérieur. Mieux vaut ne penser à rien que de penser à trop. Quand l'Esprit nous conduit au désert, c'est pour nous conduire vers Dieu et vers le 'lieu du rafraîchissement. La lecture d'un psaume est un bon moyen d'entrer dans le recueillement. Laissons ensuite agir l'Esprit qui souffle dans la Parole, et nous trouverons l'attitude que nous cherchons. Tout ce qui est poussière dans l'âme s'envolera, et Dieu dominera notre retraite et notre existence. Respirons près de Dieu, mettons-nous au large près de lui; être avec Dieu est plus fortifiant encore que d'articuler nos requêtes à Dieu. Satan fuira dès que nous ,habiterons dans la retraite secrète du Souverain et que nous serons logés à l'ombre du Tout-Puissant. L'ennemi nous prend par les détails; c'est déjà sortir de ,son influence que de montrer à Dieu notre esprit général. Contemplons le Seigneur et laissons le Seigneur nous contempler à son tour; cela seul déjà rendra notre solitude bénie et nous retrempera pour l'heure de ,l'activité.

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13 NOVEMBRE.

 

Quand tu seras invité, va te mettre à la dernière place, afin que quand celui qui t'a invité viendra, il te dise : Mon ami, monte plus haut. Alors, cela te fera honneur devant ceux qui seront à table avec toi. (Luc XIV, 10.)

 

Dans un dîner d'invitation, les convives font souvent bien des façons : chacun veut céder le pas à l'autre, et aucun ne veut se mettre aux places d'honneur. Il n'en est pas de même dans la vie et dans les affaires de concurrence; aussi n'est-ce que dans ces cas-là que l'on peut voir si la Parole du Seigneur est suivie. Se présente-t-il une bonne place? Chacun veut aussitôt s'y mettre, et les candidats sortent de terre. On ne se demande point : Suis-je l'homme qu'il faut? Dans ce monde, les places sont là pour les hommes, les hommes ne sont point là pour les places. Mais le fortuné vainqueur sera humilié plus vite qu'il ne s'y attendait. Les tracas abondent pour quiconque veut trop monter, et les plus malheureux sont toujours les plus ambitieux. Quand l'homme s'élève, Dieu l'abaisse; essayons de nous abaisser, et Dieu nous élèvera. Faisons honneur à notre Maître devant ceux qui sont placés plus haut que nous. Notre tour viendra; Dieu n'oublie point ceux qui s'oublient pour lui. Jésus-Christ s'est abaissé lui-même et plus qu'il ne nous est possible de le faire, c'est pourquoi aussi Dieu l'a souverainement élevé, Le monde dit : Le mérite se cache, il faut l'aller trouver. Faisons abstraction d'abord de nos mérites et de la coquetterie de la fausse humilité. Si le monde alors, ne nous trouve pas, Dieu nous trouvera, et Dieu seul, est la vraie grandeur.

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14 NOVEMBRE.

 

Maintenant donc ces trois vertus demeurent la foi, l'espérance et la charité mais la plus excellente est la charité. (1 Cor. XIII, 13.)

 

Les feuilles tombent, et avec ces feuilles nos années. Possédons-nous quelque chose qui puisse rester? Nos amis tombent, nos études et nos occupations prennent fin; que nous restera-t-il quand nous serons vieux, quand nous serons seuls et que notre heure suprême, approchera? Trois vertus demeurent : la foi d'abord. Puisque les choses visibles nous échappent, nous sommes-nous appuyés sur l'invisible, sur le Roi de l'invisible, nous sommes-nous convertis à lui? L'espérance est la seconde vertu, c'est la foi prolongée. D'une foi ferme à une espérance vive, il n'y a pas loin; notre sentier n'est plus sombre, si l'espérance de la gloire l'éclaire. Là où l'espérance existe, le pouvoir du siècle à. venir se fait aussi sentir. Le printemps fait éclore les, fleurs, l'espérance fait mûrir la foi. Mais la foi et l'espérance ne sont que les marchepieds de l'amour. L'amour doit dominer la foi et l'espérance, notre vie présente et notre vie à venir. L'amour est la saveur de la foi, la lumière de l'espérance, la vie profonde et bienheureuse de Dieu. Dès que nous aimons, nous rentrons dans l'ordre dont la foi et l'espérance ne sont .lue des préparations. La foi et l'espérance cesseront quand nous marcherons par la vue ; l'amour seul durera éternellement. On peut croire sans aimer; on peut espérer sans se réjouir; mais on ne peut pas aimer sans être affermi dans la foi, sans être vivifié par l'espérance. Tournons vers Dieu notre coeur, et il nous donnera la seule chose qui demeure. Celui qui a le Fils a aussi la foi, l'espérance et la charité.

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15 NOVEMBRE.

 

Nous vous supplions, au nom de Christ, que vous soyez réconciliée avec Dieu. (2 Cor. V, 20.)

 

Une sincère réconciliation suppose tout à la fois la repentance, la confiance et l'amour. L'âme tout entière est malade quand elle n'est pas réconciliée avec Dieu ; mais dès qu'il y a eu rupture avec le mauvais ,élément, la guérison de l'âme commence. La véritable réconciliation remonte jusqu'à Dieu; c'est la seule qui donne aussi une garantie à nos réconciliations humaines. Sommes-nous réconciliés avec Dieu? Dans notre état naturel nous ne le sommes pas, et notre religion manque de fondement, si notre paix n'est pas faite avec Dieu. Toutes nos croyances religieuses, notre culte, nos pratiques nous laissent dans une profonde misère, si notre âme n'est pas retournée à Dieu, comme l'enfant prodigue retourna vers son père. Nous vous supplions au nom de Christ que vous songiez à ce retour, non pas demain, mais aujourd'hui encore. Christ vous aidera, invoquez-le. Le ministère de Jésus-Christ est un ministère de réconciliation. Il nous a acquis le droit de retourner à Dieu en effaçant par son sang nos péchés. Nous sommes déjà réconciliés avec Dieu, si nous cherchons notre réconciliation sous la croix. Il ne s'agit que de nous approprier ce que Christ nous a acquis. A l'acte qui s'est passé sur le Calvaire correspond en nous un acte qui est le miracle, d'un coeur touché. Cette oeuvre est produite au fond de l'âme par l'action du Saint-Esprit. C'est lui qui brise le coeur de pierre. Nous avons un Sauveur qui nous donnera la repentance, aussi gratuitement qu'il est mort pour nous sur la croix. Demandons un coeur brisé, c'est le plus doux de tous les bienfaits. Quand nous voyons deux amis qui s'étaient divisés pour un motif frivole, se rapprocher et se serrer de nouveau dans les bras l'un de l'autre, nous ne pouvons nous. empêcher d'être émus. Jugez combien nos larmes seront douces quand il y aura réconciliation entre notre âme et Dieu, et quand la paix de Golgotha aura transformé notre existence!

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16 NOVEMBRE.

 

Aussi les créatures attendent-elles, avec un ardent désir, que les enfants de Dieu soient manifestés. (Rom. VIII, 19.)

 

Le texte porte : Aussi le vil' désir de la créature attend-il. Il est question de la nature entière et de ce soupir universel de la création dans son état déchu. Dieu a établi des rapports intimes entre l'homme et. toute la création. L'homme est le roi de la création, et, celui qui domine est toujours en rapport immédiat, avec ceux qui sont dominés. Ces rapports sont ici autre chose encore que des rapports d'autorité et de sujétion; le lien entre l'homme et la nature est aussi un témoignage d'harmonie, selon la volonté de Dieu que toutes choses ici-bas s'entre-répondent. Quand l'homme primitif était heureux, toute la création était heureuse; depuis que l'homme est tombé dans le péché, toute la création en a souffert. Ce qui est mort pour l'homme est assujettissement à la vanité pour la création. A l'homme déchu répond aujourd'hui une nature déchue, ainsi que correspond aussi au relèvement de l'homme un ciel nouveau et une terre nouvelle où la justice habitera. Cette réhabilitation de la nature en rapport avec les progrès de l'Evangile peut facilement s'observer ici-bas. Il y a des contrées sur lesquelles repose la malédiction de Dieu, et où croissent les épines, les chardons et les ronces; des contrées qui sont le repaire des dragons et le pâturage des autruches. Dès que l'Évangile arrive dans ces malheureuses régions et qu'il y est accueilli. les montagnes et les coteaux éclatent de joie avec un chant de triomphe; au lieu du buisson croit le sapin, et au lieu de l'épine croit le myrte. Quand l'homme déchu aura repris son vêtement primitif, la création retrouvera aussi le sien; l'harmonie de l'ensemble reparaîtra et ne sera plus troublée. A la voix gémissante de toutes tes créatures succédera un concert de louange universel; an lieu d'être comme aujourd'hui malheureuses l'une avec l'autre et l'une par l'autre, elles se relèveront de la poussière, et toutes choses seront réunies en Christ, tant ce qui est dans les cieux que ce qui est sur la terre. Heureux avenir! Prions pour qu'il vienne et qu'il vienne bientôt !

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17 NOVEMBRE.

 

L'amour des richesses est la racine de toutes sortes de maux; et quelques-uns les ayant recherchées avec ardeur, se sont détournés de la foi, et se sont eux-mêmes embarrassés dans bien du tourment. (1 Tim. VI, 10.)

 

Il y a des avares et des avaricieux, et les avaricieux sont aussi des avares. L'Écriture englobe dans la même catégorie tous ceux en qui domine l'amour des choses de la terre. Que nous ayons des capitaux ou seulement un pauvre petit pécule, si notre première recherche est l'or périssable, nous sommes des avares et nous nous fermons le chemin de la foi. Le caractère de l'avarice est de nous faire convoiter ce que nous n'avons pas et de nous fermer les yeux sur ce que nous avons. Cette faim du plus avoir, comme la langue grecque nomme l'avarice, est un rongement de l'âme, et il n'est que trop vrai que nul ne peut servir deux maîtres. Tout cloche quand l'amour des biens a pris le dessus; on n'est plus capable de croire, et l'on s'embarrasse dans bien du tourment. L'avarice n'est pas toujours un mal déclaré, c'est le plus souvent une racine cachée. Il y a, dans certains caractères tenaces, une lésinerie de détails, une parcimonie que l'on cherche à faire passer pour une vertu et qui est bel et bien de l'avarice toute pure; on donne souvent de si mauvaise grâce, on va si peu à la rencontre des sacrifices, et l'on est si heureux de pouvoir sauver et soustraire quelque chose au règne de Dieu, qu'à tous ces mauvais symptômes nous devrions voir en nous ce que Dieu y voit, des avares. Gardons un coeur libre si nous voulons être heureux. Nous n'avons rien apporté dans le monde, il est évident que nous n'en emporterons rien. Faisons-nous donc des bourses qui ne s'usent point, un trésor dans les cieux qui ne manque point, et apprenons, avant que notre dernière heure arrive, qu'il y a plus de bonheur à donner qu'a recevoir.

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18 NOVEMBRE.

 

Assure-toi en l'Eternel, et fais ce qui est bon. (Ps. XXXVII, 3.)

 

C'est la meilleure manière de sortir de toute crainte et de toute perplexité. Quand on n'a point de fondement solide, on est comme la vague agitée par le vent. A coup sûr, c'est un mauvais fondement que nos craintes, et cependant c'est là le singulier appui du plus grand nombre Assure-toi en l'Éternel et non pas en ce qui vient du monde, ni des hommes, ni de toi-même; confie-toi en l'Éternel à perpétuité, car le rocher des siècles est en l'Éternel, notre Dieu. Cette confiance donne la force de faire ce qui est bon. Si Dieu est pour nous, qui sera contre nous, et quel autre encouragement faut-il pour raire le bien? La plupart des hommes ne travaillent qu'en vue des encouragements. Leur besogne devient-elle ingrate? ils la jettent, ou bien ils travaillent comme s'ils l'avaient jetée. L'homme qui s'assure en l'Éternel a son salaire avec lui; plus il est fidèle à l'insu du monde, plus il jouit de l'approbation de son Père qui le regarde dans le secret, et dans ce regard il y a un rassasiement de joie Mais, en revanche, l'homme qui ne tait pas ce qui est bon ne s'assure pas véritablement en l'Eternel. Une bonne manière de contrôler notre assurance, c'est d'examiner ce qu'elle produit. La foi est *une force, une puissance, une persévérance dans le bien. Quand donc nous sommes mous et infidèles, notre assurance n'est qu'une illusion ou un oreiller de sécurité. Bien des gens ont confiance en Dieu, mais cette confiance banale ne les fait pas sortir de leur ornière. C'est qu'ils ne connaissent pas le vrai Dieu. Personne, dit Jésus-Christ, ne vient au Père que par moi. Quand on a connu Jésus-Christ comme le chemin, la vérité, la vie, on ne parle plus de la ]Providence, de l''Etre suprême, du bon Dieu, comme l'entend le monde. La confiance qui est devenue l'assurance du salut est autre chose. Elle fait courir vers le but; elle seule rend capable de raire ce qui est bon.

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19 NOVEMBRE.

 

Ayez du sel en vous-mêmes, et soyez en paix entre vous. (Marc IX, 51.)

 

C'est le sel ou la discipline de l'Esprit qui entretient la paix et les bons rapports. Toutes les mésintelligences remontent à un esprit relâché. Donnons à l'élément divin toute autorité, et nous serons maintenus dans la vigilance et dans ce tact que nous perdons si souvent, lorsque de mauvaises influences s'approchent de nous. Rien de si précieux que le sel; il nous préserve de ce quelque chose de fade qui corrompt si vite notre manière d'être. Le sel est notre force ; c'est l'Esprit qui pénètre dans notre âme déchue, et qui retient toute parole déshonnête, toute bouffonnerie, plaisanterie, et toutes les choses malséantes; si nous avons du sel, rien de tout cela n'est même nommé parmi nous, comme il convient à des saints. Ce gouvernement de nous-mêmes, établi en nous par la puissance du Saint-Esprit, entretient aussi les bons rapports entre nous et nos semblables. La présence sentie du Seigneur ne laisse point de place aux caprices ni à tant de mauvais mouvements qui troublent si souvent la paix des ménages. Si nos rapports sont doux, le sel purifie cette douceur; s'ils sont difficiles, le sel y mettra une dose de sagesse qui nous rendra paisibles, modérés, traitables, pleins de miséricorde et de bons fruits; nous ne serons point difficultueux, ni dissimulés; le Seigneur nous rendra intelligents en toutes choses. L'aménité n'y perdra rien, elle y gagnera plutôt; le coeur (lui a du sel n'a en lui rien d'acerbe, rien de pédantesque; la bonté et la vérité s'y rencontrent; la justice et la paix s'y entre-baisent. Sommes-nous du sel en la terre? sommes-nous enfants de paix? Soyons d'abord la première de ces choses, nous serons bientôt ensuite la seconde,: ayons du sel en nous-mêmes, et nous serons en paix entre nous.

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20 NOVEMBRE.

 

Celui-là pèche, qui sait faire le bien et qui ne le fait pas. (Jacq. IV, 17.)

 

Si notre coeur est si souvent émoussé, cela vient aussi du mauvais emploi des occasions. Dans les jours les plus ordinaires, il y a du bien à faire, et même beaucoup. Le bien souverain, c'est Dieu, et où Dieu se signale à nous, il nous signale du bien à faire. Plus nous nous prêtons à Dieu, plus il nous enseignera le chemin par lequel il veut que nous marchions, et son Dieu nous guidera. Mais trop souvent on sait raire le bien et on ne le rait pas. Les péchés d'omission sont même plus nombreux que les péchés commis. Rachetons les occasions, sinon elles nous échappent, et le bien que nous ne faisons pas devient un mal que nous nous faisons à nous-mêmes. Nous entassons remords sur remords, et lever qui ne meurt pas vient de cette pensée rongeante, le premier dommage qui résulte de notre négligence est donc un mal moral; à ce mal s'en ajoute bientôt un autre. Moins on fait, moins on voit ce qu'il y a à faire L'infidélité rend l'esprit, stupide, tout autant qu'elle corrompt le coeur. Toute position est riche et féconde, si l'on veut faire le bien; mais la plus belle position devient une sinécure, si on laisse échapper les occasions. Souvent on se morfond d'ennui, on envie telle ou telle position qu'on croit plus belle plus profitable, parce qu'on ne voit pas, dans la position où l'on se trouve, tout ce qu'on pourrait faire soi-même. On finit par être seul avec soi-même, on traîne d'un jour à l'autre une inutile existence, on tombe dans l'égoïsme, dans l'humeur noire, dans la tristesse. C'est pourquoi ne nous lassons pas de raire le bien pendant que nous en avons l'occasion, car nous moissonnerons en son temps si nous ne nous relâchons pas.

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21 NOVEMBRE.

 

Mais vous, mes bien-aimés, vous élevant vous-mêmes comme un édifice sur votre très sainte foi, priez par le Saint-Esprit. (Jude 20.)

 

Jude parle de l'édification spirituelle ou de l'alimentation religieuse. Il peut arriver qu'on se sente édifié sans qu'on se rende compte du véritable élément de l'édification. Voici la marche de ce travail intérieur, assez semblable au progrès d'un édifice en construction. Dieu creuse d'abord dans l'âme, comme l'architecte creuse la terre avant de jeter les fondements de sa maison. Nous sommes édifiés quand nous commençons à avoir des vues plus claires sur nous-mêmes, sur notre nature pécheresse. Plus ces impressions sont profondes et humiliantes, plus l'édification est durable et solide. L'épée de l'Esprit est une épée à deux tranchants; ce qui n'est point incisif n'édifie pas. Quand le coeur est ainsi labouré, il est préparé pour la foi, mais le Saint-Esprit ajoute au sentiment de l'humiliation celui de l'assurance. Il était d'abord question de ce que nous étions, maintenant il est surtout question de ce qu'a fait Christ. La personne de Christ, l'oeuvre de Christ deviennent vivantes dans l'âme, et le plus misérable des pécheurs est mis en possession de cette oeuvre par la vertu du Saint-Esprit. Ainsi justifiée et fondée par la foi, l'âme s'élève comme un édifice sur ce fondement. Elle croît en connaissance et en sanctification. La lumière augmente, les besoins se multiplient, la forée d'en haut fait surmonter un à un les obstacles. L'éternité et tout ce qui y a rapport attire vivement l'âme que le Saint-Esprit édifie, et l'attrait des biens célestes finit par l'emporter en elle sur le pouvoir captivant de toutes les séductions terrestres. Il est aisé de comprendre, d'après cette analyse, pourquoi il arrive trop souvent qu'au sortir de l'église nous n'avons pas été édifiés. Alors que notre âme était réellement désireuse :de vie, le prédicateur que nous avons entendu n'a pas été au fond de notre âme; il ne nous a pas affermis dans nos espérances; il ne nous a pas fait languir après le ciel, comme après notre céleste patrie. Tout cela peut être vrai. Alors prions nous-mêmes par le Saint-Esprit, et ce que le prédicateur n'a pas fait, Dieu le fera directement. Un mauvais sermon peut encore avoir ceci de bon, c'est de nous pousser à chercher nous-mêmes quelque chose de mieux.

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22 NOVEMBRE.

 

Éternel ! ne haïrais-je pas ceux qui te haïssent? Et ne serais-je pas indigne contre ceux qui s'élèvent contre toi? Je les hais d'une parfaite haine; je les tiens pour mes ennemis. (Ps. CXXXIX, 21, 22.)

 

Bien des lecteurs de la Bible se scandalisent quand ils rencontrent dans les Psaumes des expressions de haine et de malédiction. Les sorties du Psalmiste contre les ennemis qu'il a en vue paraissent à bien des chrétiens des taches et des imperfections de l'esprit de l'ancienne alliance. Mais de quels ennemis parle David? C'est toujours des ennemis de Dieu et des adversaires de son règne. Ce n'est pas dans un esprit vindicatif que le Roi-Prophète en demande la destruction; c'est parce que le zèle de la maison de Dieu le ronge, et qu'il souffre quand la cause de Dieu souffre, comme il entonne un chant de louange chaque fois que Dieu a remporté une victoire. Quand nous disons : Que ton règne vienne, ne demandons-nous pas implicitement, nous aussi: que toute hauteur qui s'élève contre ton règne soit détruite ? L'esprit ardent du Psalmiste vaut mieux que la tolérance de nos jours. Qui ne peut tirer l'épée contre les ennemis de Dieu, ne peut non plus aimer Dieu ni prier pour son peuple. Ce 'que nous appelons charité n'est souvent que mollesse et apathie; Dieu est le Saint d'Israël, et notre christianisme, si plein d'opium, n'a plus la vigueur nécessaire pour confesser le Saint et pour. conduire ses guerres. Est-ce à dire que nous demandons des bûchers et des dragonnades pour exterminer les ennemis de Dieu? Ce serait mal comprendre la guerre que fait le Psalmiste. La grande arme, c'est la prière : ce que l'on attaque par la prière est attaqué selon Dieu. La disposition à prier est, de tous les signes qui servent à discerner ce qui est ferveur de l'Esprit ou animosité des passions, le moins sujet à erreur. Le zèle de David n'était pas un zèle amer; rengaine ton épée, disait Jésus-Christ à Pierre; et ailleurs, il disait aussi que celui qui n'a point d'épée vende sa robe et en achète une. Faisons de la cause de Dieu la nôtre, et l'Esprit nous dira ce qu'il faut aimer et ce qu'il faut haïr.

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23 NOVEMBRE.

 

Le salut vient des Juifs. (Jean IV, 22.)

 

Aimez-vous les Juifs ? Pour l'amour du grand Juif de qui vient le salut, aimez-les. Ce peuple est encore le peuple de Dieu; il est la tige, nous ne sommes que la branche; que si nous, qui étions un olivier sauvage, avons été entés en la place d'Israël, et avons été faits participants de la racine et du suc de l'olivier, ne nous élevons pas contre les branches; sachons que ce n'est pas nous qui portons la racine, mais que c'est la racine qui nous porte. Le peuple juif a un magnifique passé et un magnifique avenir, et même dans son abjection présente, il prêche et puissamment, S'il n'y avait d'autre preuve en faveur de la vérité de l'Évangile que la dispersion des Juifs, cette preuve suffirait. Sur quel peuple Dieu a-t-il mis son doigt et son cachet, comme sur le peuple d'Israël? Ce temple renversé, et dont il ne reste plus pierre sur pierre, est aussi une nationalité renversée et flétrie à cause d'un crime. Mais cet opprobre est aussi le nôtre; ne sommes-nous pas complices de la crucifixion? Et puisque le salut vient des Juifs, n'avons-nous pas à, prier qu'il revienne aux Juifs, et que le voile leur soit ôté? Rappelons à Dieu sa promesse : Je répandrai sur la maison de David et sur les habitants de Jérusalem l'Esprit de grâce et de supplication; et ils regarderont vers moi, qu'ils auront percé ils en feront le deuil comme quand on fait le deuil d'un fils unique, et ils en seront en amertume, comme quand on est en amertume pour la mort d'un premier-né. Le Juif le plus sale parle encore, on ne peut le rencontrer sans qu'on se découvre devant lui. Le Dieu de Jacob est sa haute retraite; c'est un de ceux de qui nous vient le salut, et dans ces traits d'un caractère si particulièrement juif, nous lisons que Dieu a tellement aimé le monde, qu'il nous a donné son Fils, afin que quiconque croit en Lui ne périsse point, mais qu'il ait la vie éternelle.

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24 NOVEMBRE.

 

Prenez garde de quelle manière vous écoutez. (Luc VIII, 18.)

 

L'oeil qui voit et l'oreille qui entend sont deux choses que l'Éternel a faites. Écrivons sur le sable, nos caractères s'effacent bientôt ; lisons avec une âme distraite, c'est comme si nous n'avions pas lu. Nulle part le sérieux ne manque comme devant la Parole de Dieu ouverte. Avant et après notre lecture, prenons garde de quelle manière nous écoutons. La profondeur de la vie vient de la profondeur des impressions. Pour être impressionné à salut, il faut prendre garde de quelle manière on écoute. Dieu sème sa Parole, elle peut régner abondamment en nous, si nous l'écoutons: pourquoi la laissons-nous glisser si légèrement sur nos âmes ? C'est que l'action de prendre garde dit plus que nous ne voudrions. Prendre garde signifie : haïr sa propre vie, se délier de ce que nous aimons, rompre avec notre vaine manière de vivre. A ce prix on n'écoute plus volontiers, c'est une vit; à donner car sans ce sacrifice on écoute sans fruit. Mais l'Esprit de Dieu a plus de puissance que notre esprit déchu et quand le Saint-Esprit commence son oeuvre en nous, il fait route avec nous et nous dit : Prends garde. L'influence de l'Esprit, si nous nous y soumettons, triomphera des séductions du monde et des mouvements de la chair, Nous souffrirons quand nous ne prendrons pas garde, et nous écouterons pour épargner cette souffrance. Et quand on a une oreille ouverte pour Dieu, on l'a aussi ouverte pour le dernier des hommes. Bien des hommes nous parlent sans que nous prenions garde à ce qu'ils nous disent; c'est que nous ne nous soucions ni des personnes, ni des choses. L'amour des âmes nous manque; nous n'ouvrons l'oreille qu'à ceux que nous aimons. Mais quand la grâce nous aura touchés, nous ne mépriserons plus celui qui nous parle; nous prendrons garde de quelle manière nous l'écoutons.

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25 NOVEMBRE.

 

Jésus répondit : N'y a-t-il pas douze heures au jour? Si quelqu'un marche pendant le jour, il ne bronche point; parce qu'il voit la lumière de ce monde. (Jean XI, 9.)

 

Un excellent système pour faire beaucoup de besogne, c'est le système des tâches. Proposons-nous un but et mettons-nous à l'ouvrage, les yeux levés sur Celui qui est notre lumière, et de qui vient toute bénédiction. Travaillons avec prière et d'une manière soutenue; la persévérance vaut mieux que les beaux élans. Le peu qu'on fait s'allonge, si l'on continue régulièrement. Ce qu'on fait par boutades sera bientôt interrompu, et le relâchement suit toujours les mouvements passionnés. Commencez avec calme et continuez avec fidélité, et avec la besogne qui avance, avancera la joie de la besogne. Il y a douze heures au jour; s'il vous est possible, donnez à toutes ces heures leur destination. Une tâche qu'on s'impose empêche les moments perdus et préserve des mauvaises dispositions. L'esprit voltige moins quand on lui met des barrières, en divisant bien la journée. On ne bronche point, dit le Seigneur, quand on rachète le temps, et qu'on voit la lumière du monde. Le système des tâches a, outre l'avantage de la continuité, celui de contribuer au calme intérieur. Ce qu'on fait régulièrement, fidèlement, se fait avec plus d'aplomb que ce qu'on fait par simple goût et par velléité. Ceux qui travaillent dans ce dernier sens ne se pressent souvent point assez, souvent aussi se pressent trop; cette inégalité fait perdre à l'esprit son assurance. Marcher par bonds nuit à la vie de l'esprit. L'esprit aime la suite. Jésus-Christ n'a point travaillé autrement : il est allé de lieu en lieu pour accomplir une tâche dont il avait une pleine conscience. C'est à ce calme soutenu et d'où sortent les bonnes oeuvres qu'on reconnaît le vrai chrétien. Faisons avec Jésus-Christ la tâche qu'il nous a laissée, grandissons à ses côtés, et notre vie ne sera point perdue; le temps actuel est, pour un disciple, la saison du service du Seigneur.

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26 NOVEMBRE.

 

L'Éternel m'est apparu depuis longtemps et m'a dit : Je t'ai aimée d'un amour éternel, c'est pourquoi je t'ai attirée par ma miséricorde. (Jér. XXXI, 3.)

 

Hors de l'attrait de l'Esprit de Dieu, il n'y a ni culte vrai, ni vraies prières. Nos prières et nos pratiques sont perdues si elles ne sont pas vivifiées par ces mouvements mystérieux de la grâce, qui nous mettent en rapport avec un Dieu personnel et avec sa puissance. Laissons-nous attirer, et nous serons attirés. Dieu peut nous ouvrir les bras quand nous sommes au milieu du bruit, quand nous nous trouvons séparés de toute communion chrétienne; il peut nous appeler dans un désert, nous y parler selon notre coeur. Plus on cède docilement aux appels de Dieu, plus on sent que l'Éternel, depuis longtemps, nous attire et nous appelle. Les circonstances les plus ordinaires. prises au point de vue divin, sont des appels (le Dieu et des conducteurs vers Christ. Une conscience délicate découvre tous les jours de nouvelles intentions du Père et des marques renouvelées de sa tendresse. Toute notre sagesse est de comprendre le Seigneur, tout notre bonheur est de le suivre. Il attire notre âme dans la direction pour laquelle elle a été ,créée, il l'attire loin de ce qui trompe, de ce qui n'est que pour un peu (le temps ; il met à notre portée le pain vivant qui fait vivre éternellement, et qui rend ceux qui en mangent capable à de tout supporter avec patience, avec douceur, avec joie. Mais ce ne sont là que ,les parvis de l'Éternel. Nous entrons dans le vrai .sanctuaire quand nous pouvons suivre jusqu'avant la fondation du monde la miséricorde de laquelle nous vivons. Si l'Eternel nous attire, c'est pour nous rappeler qu'il nous a aimés d'un amour éternel; il nous montre derrière nous une éternité d'amour, et devant nous l'amour éternel qui a précédé notre vie. La plénitude de la divinité s'ouvre sur un pauvre pécheur et fait de cette âme, qui n'est qu'un atome, ses délices et son ambition. Laissons-nous attirer, et nous logerons parmi les biens, sans pouvoir en mesurer la largeur, ,la longueur, la profondeur et la hauteur.

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27 NOVEMBRE.

 

Pierre était gardé dans la prison, mais l'Eglise faisait sans cesse des prières à Dieu pour lui. (Actes XII, 5 )

 

Ce qui fait tomber les chaînes et les remparts de Satan, c'est la communion des prières des saints. De nos Jours encore il y a plus d'un confesseur de Christ, gardé dans la prison, pour lequel l'Église adresse sans cesse des prières à Dieu. L'ange qui est venu libérer Pierre est revenu ouvrir à plusieurs de nos frères les prisons d'Italie. L'Eglise est partout où deux ou trois, amis de Christ sont à genoux devant leur maître. L'arme de la prière brise les barres de fer et les portes d'airain; le peuple de Dieu est plus que vainqueur, quand il lève au ciel des mains pures, sans colère et sans contestations. Les bénédictions seront réciproques pour ceux qui sont gardés et pour ceux qui gardent par leurs prières. Une sombre prison, surveillée par un geôlier, devient une maison de Dieu, autour de laquelle campent les anges: et cette chaîne de prières qui s'étend par-dessus les pays et les mers, devient pour ceux mêmes qui la forment une nouvelle puissance de foi et d'actions de grâces. Pierre avait de quoi raconter, quand il se retrouva avec ces amis fidèles qui, dans, leur chambre haute, avaient prié pour lui. Mais l'ami le plus fidèle, c'est ce Dieu qui incline vers nous son oreille et qui entend les requêtes, pour que toute créature vienne jusqu'à lui. Les exaucements n'arrivent pas toujours à l'heure que nous aurions marquée, mais la certitude de l'exaucement est déjà, pour ceux qui prient, une force et une faveur. La prière est une grâce de Dieu, et pour de pauvres pécheurs c'est la plus insigne; usons-en, appuyons-nous sur cette promesse : Je t'ai exaucé dans le temps favorable, et je t'ai secouru au jour du salut. Laissons à Dieu la disposition des heures, mais qu'en attendant nos reins soient ceints et nos lampes allumées. Les merveilles du règne de Dieu sont toujours des délivrances dues à des prières.

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28 NOVEMBRE.

 

Ne persévère point dans une chose mauvaise. (Eccles. VIII, 3.)

 

Les choses mauvaises viennent des pensées mauvaises qui sortent du mauvais trésor de notre coeur. La domination dit mai commence toujours par des bagatelles. Si. nous écrasions l'oeuf nous écraserions l'aspic, et nous rendrions notre vie facile. Les bénédictions abondent dès qu'on a pu étouffer un mauvais mouvement. Le Seigneur est proche, sans lui nous ne pouvons rien faire; mais nous pouvons tout par Christ, qui nous fortifie. Qu'arrive-t-il, au contraire, quand on n'écrase point la semence du serpent? L'Écriture nous le dit : on persévère dans une chose mauvaise. Avant de nous en douter, nous serons l'esclave de l'entêtement. Le pacte avec le péché une fois fait, nous lui sommes vendus, car on devient esclave de celui par lequel on est vaincu. Satan nous dira : Tu as commencé, il faut continuer. Nul n'est sûr de ne pas rouler jusqu'au fond d'un abîme, dès qu'il a consenti au mal. Gardons notre coeur plus que toute autre - chose qu'on garde, car c'est du coeur que procèdent les sources de la vie. Que le péché ne règne point dans notre corps mortel, pour lui obéir en ses convoitises; arrachons-nous plutôt l'oeil, et coupons,nous plutôt la main ou le pied. Quel fruit retirerons:nous des choses dont nous aurons honte demain ? Leur fin est la mort. Résistons donc au diable, et Dieu l'écrasera sous nos pieds. Le commencement de la sagesse est la crainte de l'Éternel, qui consiste à se détourner du mal. On n'est pas en danger de persévérer, quand on ne commence pas et qu'on sait ranger et raire taire ses désirs.

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29 NOVEMBRE.

 

Vous êtes maintenant dans la tristesse, mais je vous verrai de nouveau, et votre coeur se réjouira, et personne ne vous ravira votre joie. (Jean XVI, 22.)

 

Une sainte tristesse est une sainte grâce du maître. Ne demandons point à Dieu de sortir de la tristesse, si c'est lui qui nous l'envoie. Au lieu de jeter la croix, apprenons à la porter. Mon joug, dit Jésus,est aisé, et mon fardeau léger. Les tristesses que nous envoie le Seigneur lui préparent le chemin et lui dressent ses sentiers dans la solitude. Un coeur bien labouré est, plus capable qu'un autre de voir de nouveau le Seigneur et de grandir dans sa connaissance. Ce qui nous fait perdre le bénéfice de nos tristesses, c'est le tourbillon de nos pensées diverses, l'horreur profonde de, la souffrance et le désir impétueux de sortir d'une visitation avant d'y être véritablement entré. On entre dans les tristesses de Christ, quand on les reçoit comme des messages et qu'on ne craint point de les laisser agir. Accueillies de cette manière, elles ont sur nous. l'action du feu qui épure et qui dégage l'argent de son écume. La délivrance nous est assurée d'avance; ce n'est pas elle qui nous manquera, mais la vraie délivrance est le profit qui vient de la souffrance. C'est la. force sanctifiante dont le Seigneur veut revêtir notre nouvel homme, pour que la joie qui nous attend ne nous soit plus ravie. Pour bien souffrir, il faut souffrir près du Seigneur et pour lui. Quand sa lumière rayonnera dans nos ténèbres, nous aurons la lumière de la vie. Plus forte que nos tristesses, elle nous donnera, avant la délivrance même, une joie que personne ne pourra nous ravir.

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30 NOVEMBRE.

 

Revêtez-vous, comme les élus de Dieu, ses saints et ses bien-aimés, des entrailles de miséricorde, de bonté, d'humilité, de douceur, de patience. (Col. III, 12.)

 

Dieu demande plus que des oeuvres de miséricorde, de bonté, d'humilité ou de quelque vertu que ce soit; il veut que nous nous revêtions de ces vertus, c'est-à-dire que nous en ayons la disposition habituelle. Ce sont des tendances que Dieu demande, car des tendances viennent les actes. C'est dans notre propre intérêt que Dieu veut nous élever ainsi. Quand nous ne pensons qu'à produire des oeuvres, nous pouvons, à force de fatigues et de mortifications, en faire quelques-unes; mais quand nous sommes revêtus d'une nouvelle nature, les fruits viennent aussi naturellement qu'ils mûrissent tous ensemble sur l'arbre. Pour fructifier ainsi, ne commençons ni par des exercices de miséricorde, ni par des essais de bonté, d'humilité ou de quelque autre vertu, prise au choix. Allons à la racine de la vie, et revêtons-nous du Seigneur Jésus-Christ. Sacrifions au Sauveur notre vieil homme ou la recherche de nous-mêmes, et avec l'affection nouvelle que nous recevrons, nous recevrons aussi le principe de la miséricorde et de tout le cortège des vertus divines. Quand les prémices sont saintes, la masse l'est aussi; quand la racine est sainte, les branches le sont aussi. Une conversion sincère délivre de l'esprit de contrainte. Les fruits qu'on porte alors ne sont plus des raisins cueillis sur des épines, ni des figues cueillies sur des chardons. Les élus de Dieu, ses saints et ses bien-aimés sont tous ceux qui se sont revêtus après s'être dépouillés. lis ont commencé par une réforme du

coeur, et le dépouillement d'eux-mêmes les a rendus capables d'entrer dans les dispositions du nouvel homme; il ne s'agit que de fuir la corruption qui règne dans le monde par la convoitise. Notre salut est un acte accompli sur la croix de Christ; toutes choses sont à nous, du moment où nous rompons avec nous-mêmes. Lorsque l'esprit de vie qui est en Jésus-Christ, notre Seigneur, nous est donné, nous recevons aussi les fruits de l'Esprit et le revêtement d'une nouvelle conduite. Tout est difficile et tout est facile, selon qu'on se dérobe ou qu'on se livre à Celui qui nous a aimés et qui s'est donné lui-même pour nous.