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EXAMINEZ TOUTES CHOSES; RETENEZ CE QUI EST BON !

(La Bible: 1Thessaloniciens 5:21)

 DÉCEMBRE

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1 DÉCEMBRE.

 

Mon peuple connaîtra mon nom : Il connaîtra, en ce jour-là, que c'est moi qui aurai dit :Me voici ! (Esaïe XII, 6.)

 

Qu'est-ce que connaître Dieu? Quand pouvons-nous dire que nous connaissons son nom ? Il ne suffit pas d'avoir des idées justes pour avoir cette connaissance, car les notions les plus exactes peuvent laisser le coeur pauvre et stérile. Connaître Dieu, ou avoir la connaissance du nom de Dieu, c'est avoir reçu la vie qui sort du sanctuaire de Dieu. Le nom de Dieu est la plénitude de Dieu; c'est cette divine puissance qui nous donne tout ce qui regarde la vie et la piété. La connaissance de la Parole sainte est l'expérience de cette promesse-ci : C'est moi qui aurai dit : Me voici. Nos vrais jours de lumière sont ceux où Dieu s'approche personnellement de notre âme, où nous pouvons le recevoir parla foi, où il y a correspondance intime et vivante entre nous et lui, et où la Parole que nous lisons devient une respiration de vie, soufflée dans nos narines. Personne que Dieu lui-même ne peut nous dire : Me voici. A ce témoignage se rattachent aussi toutes les grâces de Dieu, car si Dieu arrive, il n'arrive point les mains vides,; il se révèle à nous comme l'abondance des biens.

On n'est heureux sur la terre que dans les moments où Dieu dit : Me voici, et où nous avons conscience qu'il est notre Dieu et notre Père en Jésus-Christ. Le monde dit aussi : Me voici; le péché, sans qu'on l'appelle, dit aussi : Me voici; mais la force du peuple de Dieu consiste en ceci : c'est que le monde et le péché sont vaincus par la croix de Christ. Nous vivons de cette faveur, et plus Dieu nous la rappelle, plus la grâce de Dieu nous devient précieuse, fortifiante, et comme une source d'eau vive qui jaillit jusqu'en vie éternelle.

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2 DÉCEMBRE.

 

Tout ce qui est dans le monde, savoir, la convoitise de la chair, la convoitise des yeux et l'orgueil de la vie, ne vient point du Père, mais vient du monde. (1 Jean II, 16.)

 

La mondanité agit sur nous par trois convoitises. Par celle de la chair d'abord, qui nous place entre un devoir et la satisfaction d'une passion, ou entre une souffrance et un besoin légitime. L'homme grossièrement charnel est dans le premier cas; le pauvre qui a faim, le chrétien qui est devant un sacrifice est dans l'autre cas. La convoitise des yeux est la tentation qui nous vient par les yeux, telle que la vanité, l'amour du faste, du luxe, l'avarice, l'envie et d'autres désirs; ce sont les choses du dehors qui excitent cette convoitise. La troisième enfin, qui est l'orgueil de la vie, n'a rien de commun avec les deux précédentes. C'est la tentative d'usurper la gloire de Dieu au profit de notre élévation personnelle. On, peut triompher des deux premières convoitises, car elles n'agissent pas sur tous les hommes avec une force égale ; mais la racine de l'orgueil est partout, et plus une convoitise se spiritualise, plus elle devient dangereuse. La chute n'est entrée dans le monde que par l'introduction de la convoitise . La femme vit que le fruit de l'arbre était bon à manger - c'est la convoitise de la chair; qu'il était agréable à la vue - c'est la convoitise des yeux qu'il donnait la science et rendait égal à Dieu - c'est l'orgueil de la vie. Ces trois états d'âme ne viennent point du Père, ils viennent du monde, c'est-à-dire de l'inimitié contre Dieu. Quand l'Ecriture dit N'aimez point le monde, c'est comme si elle disait N'aimez point vos convoitises. Pour arriver à la connaissance de nous-mêmes, il faut commencer par l'étude de nos convoitises. Quand nous les aurons discernées vivantes et agissant en nous comme un feu qui consume, nous apprendrons à prier, à soupirer après une délivrance, et Jésus-Christ, qui a résisté aux séductions du mal, pourra devenir notre justice et notre force dans l'oeuvre de la conversion.

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3 DÉCEMBRE.

 

Cela ne vient point de vous, c'est un don de Dieu. (Ephés. II, 8.)

 

L'Evangile fait tout pour nous détacher de nous-mêmes; et, dans la vie chrétienne, Dieu nous conduit d'humiliation en humiliation, pour nous découvrir notre néant et notre impuissance spirituelle. Le coeur déchu est séparé de la vie, nos efforts mêmes nous font sentir notre incapacité. La seule grandeur qui nous reste, c'est la conscience de notre misère à la vue des débris qui attestent notre divine origine, et qui nous fait soupirer après la possession d'une grâce qui est indépendante de nous, puisqu'elle est un don de Dieu. Suivons avec attention les mouvements de la grâce, et quelque chose que nous fassions, à quelque progrès que nous arrivions, il nous sera toujours plus évident que cela ne vient point de nous, que c'est un don de Dieu. Mais c'est à notre heure dernière surtout, que nous verrons la grâce dans toute son étendue. L'anéantissement de nos forces sera aussi l'anéantissement de notre orgueil; l'étalage de nos oeuvres sera l'étalage de notre misère; tout nous échappera; notre bien ne sera plus notre bien, et si nous avons de la peine à croire aujourd'hui que cela ne vient point de nous, que c'est un don de Dieu, nous le croirons alors, et pleinement. Mais ce qui fait notre pauvreté fait aussi notre richesse. Le dénuement absolu dans lequel nous nous trouverons nous fera tomber, tels que nous serons, dans les bras de notre Dieu. Ses dons, répandus dans notre existence, se montreront tous réunis, dans un don suprême, celui de notre salut. Cela ne vient point de vous, veut dire aussi : Vous êtes sauvés par grâce et ce qui est grâce reste grâce jusqu'au dernier moment, c'est une richesse qui a été faite pour notre heure dernière. Il sera près de nous, il sera le dernier avec nous sur la terre, lui qui a tout accompli en lui-même; il fera resplendir nos ténèbres, et, nous tendant les bras, il nous dira : C'est un don de Dieu, viens, tout est prêt!

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4 DÉCEMBRE.

 

Jésus lui répondit et lui dit : Tu ne sais pas maintenant ce que je fais; mais tu le sauras dans la suite. (Jean XIII, 7.)

 

Cette parole est vraie tous les jours; pour en sentir la force, il ne faut que croire et attendre. L'unité de notre vie est une intention du Seigneur à notre égard; intention qu'il faut saisir et nous rappeler quand nos jours ne nous semblent guère qu'un amalgame de misères. Ce plan du Seigneur marche sans cesse; son développement n'est jamais interrompu. Ce qui est confusion pour nous, est harmonie pour lui, Ne nous laissons donc point abattre. La foi est comme l'aurore : quand l'aurore se lève, le jouir n'est pas loin. Il y a des situations où l'on ne voit pas clair d'aujourd'hui à demain, et des abîmes spirituels dont on ne découvre point le fond. N'importe; la route du Seigneur est ferme; il a marché sur l'eau, et sa main est propice à tous ceux qui enfoncent. Installons-nous sous la croix; l'oeuvre qui s'y est accomplie est notre victoire finale. Quand nous ne pouvons plus prier, soupirons ; quand nous ne pouvons plus soupirer, attendons ; il est bon d'attendre en repos la délivrance de l'Éternel. Le monde est, comme notre âme, dans un état de bouleversement; mais en nous appuyant sur notre très sainte foi, nous dominerons le monde, et nous serons plus forts que notre âme. Le Seigneur veut nous laver comme il voulut laver Pierre, qui ne comprit point son intention. Soit qu'il se serve d'eau ou qu'il emploie du nitre pour cette purification, laissons-le faire, car s'il ne nous lave, nous n'aurons point de part avec lui. Ses jugements sont impénétrables, et ses voies sont incompréhensibles, mais elles se trouveront toutes n'être que bonté et que vérité quand nous serons au terme. Courage donc, et en avant! Notre vie est cachée avec celle de Christ en Dieu; toutes les tempêtes (lue nous voyons, vous les voyez au fond d'une forteresse; ce ne sont point les choses visibles qui sont la vérité, ce sont les choses qui sont en haut, où est Christ, notre lumière et notre tout.

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5 DÉCEMBRE.

 

Ainsi a dit l'Eternel: Maudit est l'homme qui se confie en l'homme, et qui de la chair fait son bras, et duquel le coeur se retire de l'Eternel. Car il sera comme la bruyère dans une lande, et il ne verra point venir le bien; mais il demeurera au désert dans les lieux secs, dans une terre salée et inhabitable. (Jér. XVII, 5, 6.)

 

Cette parole est forte, mais elle est vraie ; elle condamne l'idolâtrie de la créature. Ne nous rendons point esclaves des hommes en les plaçant plus haut que le Seigneur. Que ceux qui ont une femme soient comme s'ils n'en avaient point, car ceux qui aiment leurs fils ou leurs filles plus que Lui ne sont pas dignes de Lui. Toute chaîne est une malédiction, et la chaîne la plus forte est souvent l'idolâtrie de la créature. Plus d'un chrétien fait dépendre sa paix du bon ou du mauvais visage qu'on lui fait; mais le vrai chrétien sait qu'aucune créature ne le peut séparer de l'amour que Dieu lui a montré en Jésus-Christ, notre Seigneur. S'il y a tant d'âmes malades, c'est qu'elles font de la chair leur bras; leur coeur se retire de l'Éternel. Quand on veut vivre d'affections terrestres, ou se partager entre Dieu et les créatures, la foi devient stérile, c'est une lande où il ne croît rien. Nous ne verrons point le bien, si nous ne marchons avec le Seigneur, comme voyant Celui qui est invisible. Nous demeurerons dans un désert, notre coeur deviendra un lieu sec, une terre salée et inhabitable; il sera accablé sous l'insupportable amertume d'une vie qui veut concilier deux choses inconciliables. Pourquoi nous exposer à tomber dans ces abîmes de tristesse, pleins de larmes qu'on verse pour la créature? Dieu n'est-il donc rien? A-t-il été un désert à Israël? A-t-il été une terre ténébreuse pour ceux qui le cherchent?

S'il brise nos idoles, c'est qu'il veut briser nos chaînes. Il est lui-même l'appui qui nous manque, car lui seul est fidèle, et il se donne gratuitement à nous. L'homme qui se confie en l'Éternel est béni; il jette ses racines comme le cèdre du Liban, et monte du désert appuyé sur le bras de son bien-aimé, comme une épouse sur celui de son époux.

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6 DÉCEMBRE.

 

Ceux qui s'attendent à l'Eternel reprennent de nouvelles forces; les ailes leur reviennent comme aux aigles; ils courront et ne se fatigueront point; ils marcheront et ne se lasseront point. (Esaïe XL, 31.)

 

La puissance de la grâce est dans la force qu'elle a de renouveler le coeur. Ne regardons jamais à nous-mêmes, quand nous sommes épuisés, abattus, ou spirituellement usés; attendons-nous à l'Eternel, et nous reprendrons de nouvelles forces. La grâce soutient tous ceux qui sont prêts à tomber, et redresse tous ceux qui sont abattus. En décembre, la nature est bien engourdie, mais il reste en terre bien des germes vivants que Dieu fécondera par sa puissance; les choses visibles ne sont que l'image des invisibles. Croyons à la gratuité de l'amour de Dieu, que nous possédons en Jésus-Christ crucifié pour nos péchés, et ressuscité pour notre justification. Cet amour est indépendant de nos forces, de nos oeuvres, de tout ce qui part de nous. Quels que soient le délabrement de notre nature ou les reproches de notre conscience, Celui qui est en nous est plus fort que toutes nos plaies et que toutes nos craintes. La grâce du Seigneur Jésus-Christ rajeunit et renouvelle les plus abattus; c'est une puissance qui va jusqu'à la moelle des os, et qui fait sortir comme d'un bain ceux qui s'y confient. Restons tranquillement dans nos bas-fonds, si le Seigneur veut nous y laisser ; les ailes nous y reviendront comme aux aigles; une fraîcheur surnaturelle épanouira de nouveau notre âme, et notre carrière chrétienne, loin d'être brisée, portera encore des fruits bénis. Quand la. grâce opère, on court et l'on ne se fatigue point, on marche et l'on ne se lasse point. N'abandonnons donc point notre confiance, et il nous sera fait selon notre foi.

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7 DÉCEMBRE.

 

C'est en ceci que consiste notre amour pour Dieu, que nous gardions ses commandements; et ses commandements ne sont pas pénibles. (1 Jean V, 3.)

 

Il y a des jours où les commandements de Dieu paraissent impraticables, et où l'on est comme devant des montagnes que personne ne peut franchir. Il y a d'autres jours où ces montagnes semblent aplanies, et où l'on trouve, comme saint Jean, que les commandements de Dieu ne sont pas pénibles. L'homme est composé de contradictions; aujourd'hui nous jetterions volontiers notre besogne chrétienne; demain c'est comme si nous volions par-dessus les hauts lieux de la terre. Cependant le Seigneur est toujours à égale distance de nous. Pour lui rien n'est montagne et rien n'est vallée. Si nous voulons de l'égalité chrétienne, demeurons en lui et il demeurera en nous. Ne regardons pas les commandements de Dieu comme des ordonnances de police ; considérons au contraire que c'est Dieu lui-même qui vient à notre rencontre dans chaque commandement; et si Dieu vient, c'est l'amour qui vient. Voulons-nous résister à l'amour? Refuserons-nous d'être aimés, quand c'est le Tout-Puissant qui nous tend les bras et qui est jaloux d'être notre Dieu et notre bien suprême? L'amour amollit le coeur, et l'attachement aux commandements de Dieu n'est pas autre chose que l'amour de Dieu, lorsqu'il a surmonté notre nature. Nous ne pouvons pas produire cet amour, et ce n'est point ce que Dieu nous demande. Il suffit que nous nous donnions à Dieu comme un enfant se donne à son père. Pleurons si nous en avons sujet, mais près de Dieu ; débattons-nous, mais près de Dieu. Dans l'atmosphère divine, nos résistances tomberont, et ces commandements, qui nous paraissaient des spectres, ne nous seront plus pénibles. Nous marcherons entre des cordeaux d'amour, et notre coeur, touché de la grâce, dira comme Simon Pierre: A qui irais-je, Seigneur? tu as les paroles de la vie éternelle.

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8 DÉCEMBRE

 

Il y en a plusieurs qui ont une telle conduite que je vous ai dit souvent, et maintenant je vous le dis encore en pleurant, qu'ils sont ennemis de la croix de Christ. (Phil. III, 18.)

 

C'est une bien noble douleur que celle qui nous arrache des larmes pour l'intérêt de la croix (le Christ. Pleurer avec ceux qui pleurent est déjà beaucoup, mais pleurer à la place de ceux qui ne pleurent pas et qui devraient pleurer est une charité supérieure encore. Si nous haïssons les ennemis de Christ, nous ne les corrigeons pas; sanctifions plutôt cette haine, qu'elle devienne la haine du péché, mais aussi l'amour des âmes; alors nos pleurs ne seront point perdus. C'est encore attaquer les consciences que de pleurer en silence pour elles; souvent c'est la seule arme dont on puisse se servir. Il y a des hommes à qui l'on ne peut rien dire, et qui vous tueraient sur place si vous leur reprochiez leurs péchés. Cependant ce sont souvent des hommes avec qui l'on ne peut et l'on ne doit point rompre. Ces rapports sont très pénibles, mais au point de vue divin, c'est le saint exercice de la charité, quand elle pleure sous la croix de Christ et pour l'amour de cette croix. Il répugne à la chair et an sang de rester en contact avec un ennemi de Christ; le coeur se gonfle d'aversion, et l'on parle souvent à un tel homme avec une morgue magistrale qui ne fait que Pensons à nous-mêmes dans ces moments-là Lorsque nous étions les ennemis de Dieu, nous avons été réconciliés avec lui par la mort de son Fils, cela nous a-t-il fait pleurer? Mettons notre propre vie sous la croix de Christ, et bientôt nous intercéderons aussi pour les ennemis de la croix. Si le Seigneur les supporte, ne les supporterons-nous pas? S'il se laisse conspuer et crucifier de nouveau, voudrions-nous fouler aux pieds ceux que la grâce peut briser comme elle nous a brisés? Plus d'un ennemi de Christ fléchirait, si nous pouvions le montrer au Seigneur en pleurant. Faisons de la cause du Seigneur la nôtre, et rappelons-nous de quel esprit nous sommes animés; arrivons ainsi comme un membre souffrant quand le chef et notre foi, opérante par l'amour, fera des miracles.

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9 DÉCEMBRE.

 

Lève-toi devant les cheveux blancs et honore le vieillard, et crains ton Dieu : Je suis (Levit. XIX, 32.)

 

Un beau vieillard est touchant à voir. Ses cheveux blancs seuls inspirent de la vénération. En présence d'un vieillard, on est aussi eu présence de la vieillesse. « J'aime, dit, Socrate dans Platon, à converser avec des vieillards. Comme ils nous ont devancés dans une route que peut-être il nous faudra parcourir, je regarde coin me un devoir de nous informer auprès d'eux si elle est rude et pénible, ou d'un trajet agréable et facile. » La vieillesse est l'âge de l'expérience, et un bon vieillard est une bénédiction dans une maison pour ceux qui en prennent soin. Il l'est non seulement pour les gens du dedans, mais aussi pour ceux qui viennent du dehors. Quand on entre dans une maison et qu'on voit assis au coin du feu un bon vieillard ou une femme âgée, n'est-on pas édifié ? Approchez-vous, et si vous avez le bonheur de rencontrer en eux un vieux Siméon ou une vieille Anne, vous sentirez par vous-même quelque chose de la réalisation (le colle promesse : Je me chargerai de vous jusques à votre blanche vieillesse; je vous porterai, je me chargerai de vous, et je vous délivrerai. Honorer le vieillard, c'est craindre Dieu. Donnons au Seigneur nos années, car demain nous serons vieux aussi, et nous marchons sur les tombeaux de ceux qui nous ont précédés. La vie s'envole, les infirmités arrivent, elles sont les messagères du Dieu Fort qui réduit l'homme mortel en poussière et lui dit : Fils des hommes, retournez en terre. Tenons-nous prêts; tout ce qui se précipite vers la mort nous avertit de nous détacher du monde avant d'en être détaché. Le plus beau vieillard est celui sur la figure duquel rayonne le plus distinctement la joie que donne à l'âme la certitude d'avoir Christ pour vie et la mort pour gain.

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10 DÉCEMBRE.

 

Sanctifie-les par ta vérité ta parole est la vérité. (Jean XVII, 17.)

 

Le style, dit-on, c'est l'homme; l'homme et non son habit. Ce que nous transmettons, soit en parlant, soit en écrivant, est ce que nous sommes nous-mêmes. Ayons une âme vivante, et nous aurons un style vivant. Selon Dieu, il n'y a d'âme vivante que celle qui s'ouvre, à la vérité. Les vérités clairement senties donnent aux' livres qui les transmettent un style qui vient de l'âme, ou pour mieux dire, elles n'ont plus besoin de style. Le style de Dieu et de son Christ, c'est la vérité toute belle et toute nue; recevons la vérité d'en haut, et notre style sera d'en haut. La forme et le fond en seront inséparables. Dieu et sa Parole ne sont qu'un. Une âme qui s'est abreuvée à l'éternelle source est la seule qui soit éloquente. L'Écriture laisse aux rhéteurs la recherche des mots et des ornements; elle s'orne d'elle-même, et c'est pour cela qu'elle sanctifie. Elle arrive aux âmes impétueuses ou calme, vibrante et faisant vibrer, burinant avec une pointe de diamant, selon la volonté du maître : Sanctifie-les par ta vérité ta Parole est la vérité. La critique moderne, qui renverse tout et qui ne met rien à la place, a un style mort, un style bon pour des cadavres. Mais fort heureusement que l'Écriture reste, l'Ecriture, malgré les attaques de la critique. Quand l'homme vient, armé d'un scalpel et de mauvaises lunettes pour disséquer la vérité, Dieu continue à se donner, et où il se donne il parle, où il parle il se donne. Laissons au monde ses écrivains; ne cherchons point d'autre éloquence que celle d'une âme pénétrée. Pendant que les autres raisonneront, nous ferons des conquêtes. Le style des sages de ce monde n'est que le cadre de leurs inepties, le style des pauvres en esprit est le temple du Dieu vivant. La pensée sera de Dieu, la forme sera de Dieu aussi, la simplicité sera du sublime, et la profondeur sera de la simplicité. Le style sera encore l'homme, l'homme de tous les pays, de tous les âges, mais sanctifié par Dieu, et nourri de moelle et de graisse, dans les parvis de l'Eternel.

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11 DÉCEMBRE.

Marthe dit à Jésus: Seigneur, si tu eusses été ici, mon frère ne serait pas mort. (Jean XI, 21.)

 

La vie humaine se compose d'adieux. Une saison dit adieu à une autre saison, un âge à un autre âge, un homme à un autre homme, et tout adieu est suivi d'une mort. Mais ce qui fait mourir, ce n'est point la séparation du visible, c'est l'absence du Seigneur. Marthe dit à Jésus, en lui montrant la tombe de Lazare : Seigneur, si tu eusses été ici, mon frère ne serait point mort. Elle eût pu montrer au Seigneur bien d'autres tombes encore. Ne pourrait-on pas, à la fin d'un jour mal employé et qui ne laisse après lui que la tristesse, dire aussi : Seigneur, si tu eusses été ici, il ne serait pas mort? En repassant les dons que ,nous avons reçus, les occasions, les avertissements de l'Esprit que nous avons négligés, ne pouvons-nous pas dire encore en soupirant : Seigneur, si tu eusses été ici. tout cela ne serait point mort? Ce qui n'est point consacré au Seigneur tombe ou tombera en poussière. ,Chaque regret est un tombeau ; c'est un souvenir de mort au lieu d'être un souvenir de vie. D'ici à notre dernière heure, il y a peut-être quelques mois, quelques années encore; pour l'amour de nous-mêmes, n'augmentons pas nos sujets de tristesse. Christ peut tout vivifier, s'il règne sur nous en souverain. Rendons sa part plus large, et en perdant notre vie pour l'amour de lui, nous la retrouverons. Ce coeur morne et fermé s'ouvrira comme une terre qui s'ouvre à la rosée d'en haut, et tout souvenir aura son prix, quand nos temps seront entre les mains du Seigneur. En nous couchant le soir, nous montrerons à celui qui ressuscita Lazare plus d'un moment de bénédiction, et nous lui dirons: Seigneur, il n'est pas mort, car tu as été ici.

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12 DÉCEMBRE.

 

0 Dieu ! rachète Israël de toutes ses détresses. (Ps. XXV, 22.)

 

Les rachetés disent souvent : 0 Dieu ! rachète-moi! Ils ont conscience de leur rachat, mais ils sentent que ce qu'ils seront n'a point encore été manifesté, a ils unissent au souvenir de leur délivrance le sentiment de leur esclavage. Il y a lutte, et il y aura lutte en nous jusqu'à notre dernier moment entre les deux principes qui nous disputent. Ceux qui ont reçu les prémices de l'Esprit soupirent encore ; ceux qui ont trouvé en Christ leur sagesse, leur justice et leur sanctification, demandent encore qu'il soit leur rédemption. Le rachat par le sang de la croix n'est pas une chose à laquelle on s'habitue. On sait qu'on est racheté, mais l'âme est souvent entourée de détresses ; ce sont ces détresses qu'on montre, pour que l'Esprit confirme le rachat. Est-il possible, disait Gédéon, que l'Éternel soit avec nous? S'il est avec nous, pourquoi toutes ces choses nous sont-elles arrivées? Mais ce sont ces choses mêmes qui nous rendent précieux notre rachat. On gémit comme un esclave, mais on sait qu'on est racheté on retombe dans des lieux profonds, mais l'Éternel qui fait descendre au sépulcre, en fait aussi remonter. Ces souffrances sont l'huile qui fait briller la lampe, et c'est dans les pressoirs de Dieu qu'on goûte les plus saintes joies. Il y a des plaies que les médecins de ce monde tiennent ouvertes dans un but de santé et dans l'âme aussi, plus les misères sont profondes, plus sera profonde la joie. Christ a payé ma rançon; Je retournerai et viendrai à Sion avec un chant de triomphe, et une allégresse éternelle sera sur ma tête; je serai dans la joie et dans l'allégresse; la douleur et le gémissement s'enfuiront.

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13 DÉCEMBRE.

 

Amendez-vous, car le royaume des cieux est proche. (Matth. III, 2.)

 

C'est la voix de Jean-Baptiste qui a prononcé cette parole quand il préparait le chemin, du Sauveur et lui dressait ses sentiers. Pour que Jésus-Christ puisse faire son oeuvre et sauver un pécheur, il faut préalablement que le coeur ait été labouré par la repentance. Amendez-vous, dit Jean-Baptiste, car le royaume des cieux est proche. Il y a correspondance entre une âme qui s'amende, et le roi des âmes qui s'approche. Ce n'est point la repentance qui ouvre le ciel et qui paye notre salut, mais c'est la repentance qui rend capable de recevoir Jésus-Christ comme l'héritage des saints dans la lumière Avons-nous faim et soit de justice? Les expériences amères qui sont la suite du péché ont-elles ouvert notre coeur à Christ? Bien souvent, pendant notre vie, et surtout à certaines heures solennelles; cette pensée : Tu n'as pas de paix ! a heurté à notre coeur comme un précurseur de Christ. Et en effet, nous ne pouvons être ni un chrétien, ni un homme heureux, si nous ne faisons là guerre à nous-mêmes et si nous n'allons au coeur de notre vieil homme. Cherchons ce monde de corruption qui loge dans notre nature, et mettons-le sous la lumière de Dieu, pour le voir dans son entier. Un homme qui s'amende est un homme frappé par la conviction de ses péchés. C'est une conscience oui se sent surprise d'une tristesse que pas un ange ne peut lui enlever. C'est une vieille vie qui croule et qui tombe sur un misérable qui gémit dans un corps de mort. Le réveil du péché est accompagné d'un enfer et de jugements de Dieu dans tous les coins de la conscience. Mais c'est signe aussi que le royaume des cieux est p.roche. Un monde nouveau s'ouvre à un pécheur convaincu de sa misère. Jésus-Christ prend naissance pour quiconque n'a plus que lui. Un bras plonge dans nos abîmes et nous saisit pour ne plus nous lâcher. La parole ancienne deviendra une parole nouvelle, quand elle se vivifiera dans nos meurtrissures et qu'elle nous assurera de la part de Dieu que Jésus-Christ est venu au monde pour sauver les pécheurs.

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14 DÉCEMBRE.

 

Grâces soient rendues à Dieu de son don ineffable. (2 Cor. IX, 15.)

 

Le souverain don de Dieu est une personne et non pas une chose. Dieu a un Fils qui est la splendeur de sa gloire et l'image empreinte de sa personne; ce Fils, Dieu nous l'a donné. Qu'on parle de ce don aussi magnifiquement qu'on pourra, qu'on en rende grâces avec ferveur, ce sera toujours un présent qu'aucune langue et qu'aucune reconnaissance ne peut atteindre. C'est un don ineffable, mais c'est un don. L'amour de la chose est dans le don. Et ce don ouvre les yeux sur tous les autres,> comme aussi tous les autres dons ne sont plus des dons, si le don ineffable manque à une âme. Gagner le monde entier, c'est marcher à sa perte, si Christ n'est pour rien dans nos acquisitions. Tout est creux, tout est triste, tant que Jésus n'est pas au coeur de tout ce que nous possédons comme notre vie et notre abondance. la porte du riche, était plus riche que le maître de ce palais Lazare avait le don ineffable, le riche n'avait que des biens prêtés. Le bonheur de la vie, la félicité du ciel est dans le sentiment que l'on possède un don en qui tous les autres sont contenus dans leur plénitude. On l'a reçu gratuitement et l'on ne peut le conserver que gratuitement, mais ce don de Dieu on le possède, et c'est le seul dont on puisse dire : Il est à moi. Dès que cette assurance est formée dans le coeur par le Saint-Esprit, une vie de dons, conséquences du premier, commence à se manifester. Les bienfaits sortent de terre, quand un coeur attendri est sur le sein de Christ. Sa lumière manifeste tout; elle rayonnera dans nos joies et dans nos larmes; ce que la nature n'a pu nous dire, ce que notre conscience n'aurait jamais deviné, le don ineffable de Dieu nous le dit; c'est que Dieu est amour.

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15 DÉCEMBRE.

 

Je sais en qui j'ai cru, et je suis persuadé qu'il a la puissance de garder mon dépôt jusqu'à ce jour-là. (2 Tim. I, 12.)

 

Les malaises de l'âme viennent très souvent du vague des convictions. On ne sait trop ce que l'on croit; et comme les vraies convictions sont aussi les seuls véritables appuis, il est naturel que, lorsqu'on n'a pas de vraies convictions, on n'ait rien de ferme, et que la religion que l'on professe ne soit pas une religion, Il faut dire : Je sais en qui j'ai cru. Établissons-nous d'un pied ferme auprès de Jésus-Christ, et toutes nos convictions seront claires et vivantes en lui. La vie a été manifestée, c'est un fait historique aussi bien qu'un acte de foi : qui a le Fils a la vie, qui n'a point le Fils ne sait lui-même ce qu'il a. Quelques idées d'une exactitude douteuse, quelques repentirs passagers, de bonnes dispositions perdues dans une quantité de mauvaises, et, avec cela, des pratiques qu'on continue machinalement, mais auxquelles on ne tient pas trop et qui, d'ailleurs, ne changent rien ni à la direction de la vie, ni aux sentiments de l'âme, - telle est la religion avec laquelle beaucoup d'hommes comptent faire leur saint. Le coeur, il est vrai, a un grand intérêt à rester dans le vague. Il ne comprend pas les mystères, par exemple, et il conclut aussitôt qu'il n'est pas responsable de ce qu'il ne comprend pas. Mais il ne s'agit pas de mystères, puisque tout se réduit à ce seul et simple fait : donner son coeur à Christ. Christ n'est pas un système qu'il faille débrouiller, il n'est pas non plus une langue morte qu'il faille étudier; Christ est une personne qu'il faut aimer. Il donne à ceux qui le reçoivent le droit d'être faits enfants de Dieu, et il garde leur dépit jusqu'au grand jour. Le vague de nos convictions n'est qu'un masque hypocrite. Nous retenons des deux mains le voile qui couvre notre conscience, Jésus-Christ l'ôterait si nous le lui demandions, mais nous ne voulons point venir à lui pour avoir la vie. Ce qui fit la force de saint Paul, c'est qu'il vécut côte à côte avec Jésus-Christ. Tout devient clair, énergique, puissance de Dieu, quand le coeur peut dire - Je sais en qui je crois, et je ne sers point deux maîtres.

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16 DÉCEMBRE.

 

Dieu est tout-puissant pour vous combler de toutes sortes de grâces, afin qu'ayant toujours tout ce qui vous est nécessaire, vous ayez abondamment de quoi faire toutes sortes de bonnes oeuvres. (2 Cor. IX, 8.)

 

Le Saint-Esprit dit du Seigneur qu'il a rempli de biens ceux qui avaient faim, et qu'il a renvoyé les riches à vide Quand la source de la vie est avec nous, elle nous comble de toutes sortes de grâces, et nous donne toujours ce qui nous est nécessaire. La, connaissance de Christ est la clef de toutes les richesses. En lui nous avons le Père, et dans le coeur ouvert du Père toutes sortes de grâces en tout temps et dans tous les lieux où nous nous trouverons. Quand l'âme est ouverte à la vie éternelle, elle trouve partout, même dans l'existence la plus pauvre, des parcs herbeux et des eaux tranquilles. L'abondance des biens dont on jouit soi-même tourne aussi au profit de l'Eglise. Une âme pénétrée de la vie de Christ possède abondamment non seulement ce qu'il lui faut à lui-même, mais ce qui est nécessaire pour faire toutes sortes de bonnet oeuvres autour d'elle. Avant de faire, il faut recevoir,tel est l'ordre de Dieu; une lampe pleine brûle bien, mais la flamme ne remplit pas la lampe. Le monde parle d'une manière toute différente; il nous dit : Faites toutes sortes de bonnes oeuvres, et Dieu vous comblera de toutes sortes de grâces. Mais quelles oeuvres pourrait-on faire quand on n'est pas soi-même une oeuvre de la grâce? Les plus belles pratiques ne seront que des raisins sur des épines, que des figues sur des chardons. Dieu veut la vie, et quand il nous donne son Fils, c'est sa personne qu'il nous offre; cherchons le Seigneur et laissons-nous toucher par sa grâce, si nous voulons agir toujours et faire abondamment de bonnes oeuvres; sinon, nous aurons beau faire, la joie du salut ne nous viendra jamais de nos oeuvres; plus nous la chercherons ainsi, plus le salut reculera loin de nous.

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17 DÉCEMBRE.

 

Vous savez qu'elle a été la charité de notre Seigneur Jésus-Christ, qui, étant riche, s'est fait pauvre pour vous, afin que par sa pauvreté, vous fussiez rendus riches. (2 Cor. VIII, 9.)

 

Les renards ont des tanières et les oiseaux de l'air ont des nids, mais le Fils de l'homme n'a point ici-bas .où reposer sa tête. Disons-nous cela quand nous sommes mécontents de notre position et que nous voudrions un meilleur lit, un meilleur logement, ou que nous regardons d'un oeil d'envie de plus fortunés que nous. Ce n'est pas aux hommes qu'il faut regarder, c'est à Celui qui nous a laissé un exemple afin que nous suivions ses traces,. Il s'est anéanti lui-même. Où trouver une pauvreté comme la sienne ? Opposons à nos prétentions ,cachées la charité manifeste de Jésus-Christ; disons-nous que, tant que nous n'avons pas appris à renoncer à nous-mêmes, et que nous ne sommes pas contents de ce que nous avons, notre piété est vaine, et nous nous faisons illusion sur nous-mêmes. Ayons les mêmes sentiments qu'a eus Jésus-Christ, et par sa pauvreté nous serons rendus riches. Que le frère qui est dans la bassesse se glorifie dans son élévation. Cette bassesse donne accès aux richesses que le Fils de Dieu a laissées derrière lui, en se rendant semblable aux hommes. Ce que le premier Adam nous a ôté, le second nous l'a rendu avec usure. Dépouillons-nous de notre affection ,charnelle, et nous puiserons dans les richesses incompréhensibles de Christ. Car il a dit que celui qui vient à lui n'aura point de faim, et que celui qui croit en lui n'aura jamais soif.

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18 DÉCEMBRE.

 

Nous avons aussi la parole des prophètes qui est très ferme, à, laquelle vous faites bien de vous attacher, et qui était comme une lampe qui éclairait dans un lieu obscur, jusqu'à ce que le jour commençât à luire, et que l'étoile du matin se levât dans vos coeurs. (2 Pierre I, 19.)

 

La grande promesse d'un Sauveur a été, depuis la chute de l'homme, répétée de siècle en siècle avec une clarté croissante et semblable à ce] le de la lumière qui augmente en éclat, jusqu'à ce que le jour soit en sa perfection. La parole des prophètes, de tous ces saints hommes de Dieu qui ont parlé poussés par le Saint-Esprit, aboutit à Christ, comme la lumière diffuse dans le monde provient toute du même soleil. Christ est le centre de l'Ecriture, et, à ce point de vue, Dieu divise l'histoire de ce monde en deux grandes époques : celle où il lui a parlé, en divers temps et en diverses manières, par les prophètes; et celle où il lui a parlé par son Fils : cette dernière époque est celle des derniers temps, comme l'Ecriture la nomme. Cette division est aussi celle de la vie de chaque chrétien. Il distingue, clair comme le jour un temps où il vivait sans connaissance de Christ et un autre temps subséquent où il a reçu cette connaissance. Dans laquelle des deux époques vivons-nous ? Sommes-nous des enfants de ténèbres ou des enfants de lumière? Le coeur naturel est un cabinet noir; mais quand Dieu le vivifie, une lampe éclaire ce lieu obscur, la grâce y jette ses sereines et célestes clartés. Si nous ne sommes ni des impénitents, ni des chrétiens convertis, sommes-nous du moins des coeurs travaillés? Le coeur a des besoins immenses, mais de la même manière qu'un seul rayon de soleil porte à des milliers de lieues, un seul mouvement de la grâce suffit pour atteindre jusqu'au fond de l'âme et pour nous dévoiler notre vraie nature. Sondons les Écritures, cherchons-y Jésus-Christ, et le jour commencera à luire pour nous : nos besoins incompris se manifesteront peu à peu sous l'influence de la lumière; nous apprenons que Jésus-Christ est vivant et que l'étoile du matin se lève encore dans les coeurs de ceux que le Saint-Esprit prépare pour la vie éternelle.

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19 DÉCEMBRE.

 

C'est ce salut qui a été l'objet de l'exacte recherche et de la profonde méditation des prophètes, qui ont prophétisé touchant la grâce qui nous était destinée. (1 Pierre I, 10, 11.)

 

L'esprit de recherche peut conduire l'homme bien loin. Quand il a intérêt à trou ver quelque chose, il fait, dans le champ des découvertes, des progrès surprenants. L'esprit humain est un monde en fermentation d'ou sortent de temps en temps des faits inattendus que la pensée poursuivait en silence, et que la volonté a finalement réalisés à force de recherches et de persévérance. Mais la fermentation causée par l'Esprit de Dieu amène des résultats bien autrement féconds que ceux qui proviennent des labeurs de l'esprit humain. Il ne met sa puissance et sa lumière qu'au service de Christ, et par conséquent au service de ceux dont l'exacte recherche et la profonde méditation tourne tout entière comme celle des prophètes autour de la grande oeuvre de notre salut et de la personne de Celui qui devait l'accomplir. Si nous regardons à nous-même et que nous suivions les impulsions de l'Esprit de Dieu, nous sentirons que toutes ces forces cachées et ces puissances du siècle à venir qui travaillent en nous, tendent à faire naître le Sauveur dans nos âmes, ou à nous faire arriver à l'état d'homme fait, à la mesure de la stature parfaite de Christ. Cet enfantement spirituel ne se fait Pas sans une recherche exacte de ce qui est écrit, mais cette recherche n'est point du tout semblable à la critique humaine; c'est un goût croissant de la Parole sainte. Nous avons trouvé, disait Philippe à Nathanaël, Celui de qui Moïse a écrit dans la loi, et Celui dont les prophètes ont parlé. Cherchons comme Philippe et comme tous les saints hommes de Dieu, et nous trouverons. L'Ecriture est le flambeau de l'Esprit : suivons cette sainte lumière et nous ferons une analyse pénétrante de notre propre âme, aussi bien que de l'âme humaine touchant la grâce qui nous était destinée.

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20 DÉCEMBRE.

 

Et les ayant menés dehors, il leur dit: Seigneurs, que faut-il que je fasse pour être sauvé ? Ils lui (tirent : Crois au Seigneur Jésus-Christ, et tu seras sauvé toi et ta famille. (Actes XVI, 30, 41.)

 

La plus importante de toutes les recherches est de savoir ce qu'il faut faire pour être sauvé et l'unique réponse à cette question est cette simple et courte parole : Crois au Seigneur Jésus-Christ, et tu seras sauvé. Le monde a bien des théories qui conduisent, dit-il, au salut, mais toutes ces spéculations laissent, en fin de compte, l'âme sans paix. Rêvez seul dans votre cabinet, parcourez la foire où l'on étale des systèmes, vous n'aurez, en définitive, qu'un nuage d'idées, et vous ne serez pas plus avancé à la fin de vos recherches qu'à leur début. Le geôlier de Philippes, pressé par les angoisses de son âme, fit, en un moment, l'importante question et reçut la seule réponse satisfaisante. C'est qu'en effet une âme angoissée voit plus loin que les yeux de lynx de tous les philosophes. Elle jette le bagage des théorèmes et tombe vaincue aux pieds de Jésus-Christ. Elle trouve en lui ce qu'il faut, car depuis que le monde existe, et tant que le monde durera, il n'y aura sous le ciel aucun autre nom que celui-là qui ait été donné aux hommes par lequel nous devions être sauvés. Recevons ce Sauveur, mettons-le dans la confidence de nos misères, et il sera notre médecin et notre médecine. La grande joie, destinée à tout le peuple, c'est que le Fils de Dieu a voulu naître dans une crèche pour nous donner le salut, pour l'être lui-même. Changeons nos raisonnements en prières et nos subtilités en larmes, et nous comprendrons que la bonne part que le vieux geôlier trouva pour ce monde et pour l'autre, doit nous exciter à croire comme lui, Les résultats de la foi lui firent saisir la foi. Les philosophes cherchent encore et ils ne sont pas prêts à sortir de leurs chambres, mais Jésus-Christ est mort sur une croix: qui a raison ?

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21 DÉCEMBRE.

 

Mais afin que cela ne se répande pas davantage parmi le peuple, défendons-leur, avec de grandes menaces, de parler à qui que ce soit en ce nom-là. (Actes IV, 17.)

 

Oui, défendez, 'faites de grandes menaces, vous ne pouvez pas mieux servir la cause de Christ. Opprimez les consciences, et elles se réveilleront; mettez à l'index la Bible, et elle aura mille voix pour parler. Pauvres sanhédrins du monde, gens en robe et sans robe, vous ne savez pas quel bien vous faites à la vérité en la persécutant. Ce n'est pas Jésus que vous assassinez, c'est l'indifférence; vous donnez l'éveil en voulant bâillonner les bouches ; la foi n'aura conscience d'elle-même que quand elle sentira qu'elle peut souffrir. Quand les prisons se remplissent, quand les chaînes retentissent, Jésus devient enfin quelque chose pour ceux qui ne l'avaient point auparavant connu. La fête de Noël approche quand la persécution approche. C'est l'erreur qui ne se répandra pas davantage parmi le peuple La, vérité, la corde au cou, est plus libre que tous les Hérodes qui veulent l'étouffer. Elle se fera jour dans les âmes comme le saint pressentiment d'un éternel bonheur. La crèche de Bethléem, malgré le fumier qui la couvre, possède encore le Prince de la vie et le Désiré des nations. Faites-lui des victimes et vous lui donnerez une postérité produite, comme la rosée. du sein de l'aurore. Les doutes se dissiperont, les besoins parleront, la foi sortira de l'âme comme une puissance, et les portes de l'enfer ne prévaudront pas contre elle. Les accusés des tribunaux seront des colonnes de fer, des murailles d'airain; depuis le temps des apôtres, Jésus dit aux siens: Ils combattront contre toi, mais ils ne seront pas plus forts que toi, car je suis avec toi pour te délivrer.

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22 DÉCEMBRE.

 

Que vous semble-t-il de ceci ? Un homme avait deux fils, et, s'adressant au premier, il lui dit: Mon fils, va et travaille aujourd'hui dans ma vigne. Mais il répondit: Je n'y veux point aller; cependant, s'étant repenti ensuite, il y alla. Puis il vint à l'autre, et lui dit la même chose. Celui-ci répondit: J'y vais, seigneur; mais il n'y alla pas. Lequel des deux fit la volonté de son père? (Matth. XXI, 28-31)

 

L'acte qui fait la conversion est un changement de volonté. C'est un non qui devient un oui; mais souvent aussi nous croyons avoir dit oui, quand nous persévérons à dire non. Le premier des deux fils qui refuse tout nettement à son père d'aller où il l'envoie, est une de ces volontés franchement brutales et qui se feraient tuer plutôt que de se rendre. Mais ce sont ces volontés que la grâce de Dieu incline souvent plus vite que nous n'aurions espéré. Saul, qui aujourd'hui encore ne respire que menaces et que carnage, sera demain un instrument choisi du Seigneur, pour porter son nom jusqu'au bout du monde. Quand l'éruption du péché est arrivée à son comble, l'amertume qui l'accompagne est déjà un symptôme de conversion. Mais on peut aussi se persuader qu'on a dit oui, quand on a dit non. C'est le cas de l'autre fils. C'est un de ces hommes qui disent oui à tout, qui conviennent de tout, et qui, en attendant, restent ce qu'ils sont. La brutalité du premier fils est, ici remplacée par des dehors humbles et doux; mais ceux qui disent : Seigneur, Seigneur, n'entreront pas tous au royaume des cieux. C'est à la pente de notre volonté qu'il nous faut regarder, si nous voulons savoir de quel esprit nous sommes animés. Dieu a deux sortes d'ennemis : des ennemis ouverts et des ennemis cachés; et il faut souvent qu'un ennemi caché soit manifesté à lui-même comme un ennemi ouvert, pour qu'il puisse devenir un ami. Rendons grâces si, malgré notre réputation chrétienne, nous souffrons en silence comme un péager ou comme une femme de mauvaise vie; plus nous sentirons que notre oui n'est encore qu'un non, plus notre vraie conversion avancera, et la grâce nous enlèvera nos résistances.

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23 DÉCEMBRE.

 

Béni soit le Seigneur, le Dieu d'Israël, de ce qu'il a visité et racheté son peuple, et de ce qu'il nous a suscité un puissant Sauveur dans la maison de David, son serviteur. (Luc 1, 68, 69.)

 

C'est le commencement du cantique de Zacharie. Dieu visite son peuple, et quand Dieu visite quelqu'un, c'est pour le racheter. La présence de Dieu est aussi sa force, cette force qui veut rompre nos chaînes et nous susciter un puissant Sauveur. Nous ouvrons notre porte à bien des visites, et quand ces visites sont parties, elles ne nous ont pas enlevé un atome de notre vieil homme. Quand Dieu demande à son tour audience, ne le laissons pas dans l'antichambre, ne l'éconduisons pas sous les prétextes les plus frivoles. 'Les visitations de Dieu nous font souvent peur, parce qu'elles sont toujours accompagnées des sentiments amers qui suivent les retours sur nous-mêmes. Dieu nous fait voir nos plaies, notre état de captivité alors, au lieu de nous laisser racheter, nous faisons cause ,commune avec nos ennemis. Cependant, comme Dieu avait préparé les siècles à la venue du Sauveur, il peut aussi faire mûrir le besoin du salut dans une pauvre .âme enchaînée au mal. Dieu suscite le Sauveur pour chacun de nous quand il lui fait prendre vie et commencer en nous une oeuvre d'affranchissement. Et ce Sauveur est puissant; ce qu'il a fait pour nous, il le fait aussi en nous; comme il nous a rachetés sur la croix, il nous fait aussi avoir accès à cette grâce, en fléchissant notre volonté. Dieu visite et rachète quand il attire une âme liée vers le Fils de sa direction. Les mouvements de la grâce sont plus forts que les mouvements du péché. Confions notre cause à Jésus-Christ, il nous donnera la repentance et le détachement de nous-mêmes. Recevons-le avec foi; dans le rachat qu'il a déjà accompli, se trouve, avec la force de croire, celle d'aimer et d'entrer dans ,la liberté glorieuse des enfants de Dieu.

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24 DÉCEMBRE.

 

Et quand ils virent l'étoile s'arrêter, ils eurent. une fort grande joie. (Matth. II, 10.)

 

Les mages vinrent de loin; ils avaient vu une étoile en Orient, et cette étoile s'arrêta sur l'étable de Bethléem. On peut dire qu'avec les mages vinrent quarante, siècles, attirés vers la même crèche, et partageant la même joie. Le grand événement préparé par Dieu, s'accomplit dans la nuit de Noël, et les mages mirent aux pieds d'un petit enfant leurs trésors et leur sagesse. Suivons l'étoile des mages, et nous aurons comme eux une fort grande joie. L'espérance est aussi une étoile, mais s'il y a des espérances qui trompent, il y en à une qui ne confond point. Quand Dieu nous attire, laissons-nous attirer; quand l'Ecriture nous révèle nos besoins, suivons cette lampe qui luit à nos pieds, cette lumière qui brille sur notre sentier. L'étoile s'arrête quand le coeur a trouvé ce qu'il cherche, et que tous les désirs, auparavant errants, se concentrent sur Christ. L'adoration des mages fut aussi le sacrifice de leur personne. Quand le Sauveur nous appelle de loin, il nous donne aussi la joie de rompre avec notre vie propre, et quand nous nous serons donnés nous-mêmes, nous aurons aussi donné ce qui est à nous. Fortune, sagesse, considération, dons quelconques, tout sera aux pieds de Christ, quand nous y serons nous-mêmes. La grande joie des mages est de la même nature que celle d'une âme qui n'est plus à elle-même, mais qui est à Celui qui nous a aimés et qui s'est donné lui-même pour nous. On ne marchande plus quand l'étoile s'arrête et que l'âme a compris son trésor. Avons-nous trouvé le Sauveur? Cherchons, comme les mages; nous avons la même étoile, les mêmes besoins ; donnons à notre âme la direction d'en haut, et elle nous conduira à cette joie qui est pour .tout le peuple.

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25 DÉCEMBRE.

 

Ceci a été fait par l'Eternel et a été une chose merveilleuse devant nos yeux. C'est ici la journée que l'Eternel a faite; égayons. nous, et nous réjouissons en elle. (Ps. CXVIII, 2:3, 24.)

 

L'union de Dieu avec la nature humaine, c'est-à-dire ,deux natures en une seule personne, est un mystère ,devant lequel la raison s'incline, mais recevez-le, et vous le comprendrez. Voilà l'Eternel, l'Infini, devenu un enfant du temps et de l'espace ! L'Invisible s'est fait visible pour que nous le voyions de nos yeux, que nous le contemplions et que nos mains le touchent. Le Roi des rois, le Seigneur des seigneurs est devenu notre frère et le compagnon de nos langueurs ! Celui ,qui nourrit toutes les créatures a été nourri lui-même par une mère mortelle ! Le Consolateur de tous les affligés a passé par les pleurs et les souffrances de l'enfance, s'associant à toutes nos misères! Le Dieu Fort .et terrible, dont la voix brise les cèdres et fait trembler le désert, a bégayé et tremblé lui-même sur le sein d'une vierge! L'Auteur de la vie, de la respiration et de l'être, a emprunté lui-même une existence mortelle, pour être capable d'expirer sur une croix ! Oui, ceci a ,été fait par l'Eternel, et c'est une chose merveilleuse devant nos yeux. C'est ici la journée de l'Éternel. Cette incarnation du Dieu vivant n'est point un rêve, cc n'est point une vision, c'est une réalité, un événement historique 1 Et parce que le Sauveur, appartenait à deux mondes, il a pu aussi réconcilier deux mondes. Christ, I'Homme-Dieu, a rétabli dans bu double nature le lien qui unissait la créature et le Créateur, et qu'Adam avait rompu. Jésus est devenu le seul médiateur entre Dieu: et les hommes. Comme Dieu, il descend du ciel; comme homme, il représente notre nature déchue. Quand ses trente-trois ans d'épreuve seront accomplis, tout sera accompli, soit pour notre humiliation, soit pour notre grandeur; nous le verrons remonter au ciel, et dans sa nature humaine nous remonterons avec lui. Telle est la dogmatique de Dieu. Elle ne consiste pas en des. raisonnements, mais dans un sacrifice. Quand tout dormait, le mystère des quarante siècles s'accomplissait; la multitude de l'armée céleste se rassemblait. sur l'enfant de Bethléem; les bergers accouraient, le monde allait se réveiller, et les créatures gémissantes, saisissant avec foi ce que Dieu leur donnait, allaient connaître une joie sans fin, comme l'éternité, immense.

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26 DÉCEMBRE.

 

Le royaume des cieux est semblable à un grain de moutarde que, quelqu'un prend et sème dans son champ. Ce grain est la plus petite de toutes les semences; mais quand il a cru, il est plus grand que les autres plantes, et il devient un arbre, tellement que les oiseaux du ciel y viennent et font leurs nids dans ses branches. (Matth. XIII, 31, 32.)

 

Cette semence si petite, c'est Jésus-Christ dans la crèche, Jésus Christ dans l'histoire de l'Eglise, Jésus-Christ naissant dans les âmes. Vous le reconnaîtrez à ceci, avait dit l'ange aux bergers de Bethléem : c'est que vous trouverez le petit enfant emmailloté et couché dans une crèche. L'Admirable, le Conseiller, le Dieu Fort, le Puissant, le Père de l'éternité, le Prince de la paix est dans cette crèche; ce n'est qu'un grain de moutarde, mais Le royaume des cieux est dans ce grain; laissez grandir cet enfant, et il n'y aura point de fin à l'accroissement de l'empire et de la prospérité de son trône. Ouvrons les annales du monde et celles de l'Eglise, nous les trouverons remplies du développement de la naissance du Sauveur à travers les siècles subséquents. Jésus-Christ et son Eglise ne font qu'un. Le grain de moutarde, après que Dieu l'a jeté dans la terre, ne demeure point seul; il est destiné à porter beaucoup de fruit, du fruit qui soit permanent. Les empires du monde s'écroulent, et la pierre que ceux qui bâtissaient avaient rejetée, est devenue la principale de l'angle. Les âmes inquiètes arrivent, le passereau va trouver sa maison, et l'hirondelle son nid; l'Eglise du Seigneur a pour devise : Venez à moi, vous tous qui êtes travaillés et chargés, et je vous soulagerai. Bien des orages grondent autour de l'arbre qui est sorti du grain de moutarde, mais que les rois de la terre s'assemblent, et que les princes consultent ensemble contre l'Eternel et son Oint, ils ne feront qu'avancer le temps où toute la terre sera couverte de la connaissance du Seigneur, et où il n'y aura qu'un berger et qu'un troupeau. Mais le développement figuré par le grain de moutarde a aussi un côté intérieur. Le Jésus-Christ de la crèche, le Jésus-Christ de l'histoire de l'Eglise, est aussi le Jésus-Christ qui veut naître dans notre âme. Je suis en eux, disait-il en parlant des siens; ce n'est plus moi qui vis, dit saint Paul, c'est Christ qui vit en moi. La Parole se fait de nouveau chair, quand elle enfante une vie nouvelle. Connaître Jésus-Christ, c'est naître de nouveau et prendre racine dans le terrain de la foi. Soyons faits une même plante avec Christ paria conformité à son abaissement; anéantissons notre orgueil, notre esprit terrestre, et nous deviendrons nous-mêmes cet arbre, planté près des ruisseaux d'eaux courantes, qui rend son fruit dans sa saison et dont le feuillage ne se flétrit point. Renaître à la vie, croître et demeurer en Christ, voilà la fête de Noël, si nous la cherchons en nous-mêmes.

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27 DÉCEMBRE.

 

La grâce de Dieu, salutaire à tous les hommes, a été manifestée, et elle nous enseigne qu'en renonçant à l'impiété et aux convoitises du monde, nous vivions dans le siècle présent, selon la tempérance, la justice et la piété. (Tite II, 11, 12.)

 

Jésus-Christ est la grâce personnelle de Dieu; cette grâce est salutaire à tous les hommes, mais tous les hommes ne la reçoivent pas. Quand la grâce de Dieu se manifeste, il se manifeste aussi une oeuvre de l'Esprit Si l'homme repousse la grâce, c'est qu'il ne veut pas se soumettre à la discipline du Saint-Esprit. Il s'agirait de renoncer à l'impiété et aux convoitises mondaines, et ce renoncement répugne ; on aime mieux rester ce qu'on est ; on sent qu'en s'engageant à l'un, il faudrait s'engager à l'autre, et ce sacrifice de la vieille vie est trop dur. On reçoit Jésus-Christ pour la forme, mais on le renie pour le fond. Libre à chacun de le faire à ses périls et risques, car il reste vrai, malgré tous les refus, que celui qui n'a point l'Esprit de Christ, n'est point à lui, et que pour vivre dans le siècle présent, selon la tempérance, la justice et la piété, il faut être un vase de Dieu et consentir à une transformation d'esprit. Il est triste de voir, non pas des gens du monde, mais tant de chrétiens qui n'avancent point dans la grâce, parce qu'ils renoncent aux secours de l'Esprit. On rencontre de ces chrétiens mous, usés, sans énergie pour le combat, sans croissance spirituelle. Ils continuent leurs cultes de famille, leurs pratiques religieuses, mais leur âme indolente n'a pas même le désir de sortir de ses langueurs. C'est qu'ils n'ôtent pas le vieux levain, et leur infidélité est cause que la grâce ne leur est pas salutaire. Aux fruits, on reconnaît l'arbre. La connaissance du Seigneur donne une vie qui contraste avec le siècle présent. Elle donne à l'âme une tempérance qui la rend toujours maîtresse d'elle-même et qui donne à la vie une seule et même couleur. Elle met en possession d'une justice qui est plus grande que celle des scribes et des pharisiens, et qui transforme le croyant, de gloire en gloire, en l'image du Seigneur ; elle produit enfin une piété qui, partout et toujours, est la soif de Dieu vivant et l'offrande de notre corps en sacrifice vivant, saint et agréable. La grâce de Dieu est toujours active. Quel usage en faisons-nous ? Donnons-lui tout pouvoir sur nous, et nous serons pleins de Dieu pour nous-mêmes et une grâce salutaire pour les autres.

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28 DÉCEMBRE.

 

Et comme l'époux tardait à venir, elles s'assoupirent toutes et s'endormirent. (Matth. XXV, 5.)

 

Toutes, sages et folles, s'endormirent. Il y a donc un assoupissement qui peut gagner les âmes converties, comme celles dont la conversion n'est qu'apparente. Mais le sommeil des vierges sages n'est pas le même que celui des vierges folles. Ces dernières sont des âmes qui se fient aux premières impressions reçues, et qui, faute de creuser plus avant, tombent dans la sécurité. Les autres sont des âmes véritablement humiliées, et dont l'oeuvre spirituelle est de bon aloi. Elles ont pris de l'huile dans leurs vaisseaux; les autres n'ont point songé à faire cette provision. L'huile est la vie du Saint-Esprit; ce sont tous les moyens de grâce qui entretiennent la foi. Si notre prière n'est point nourrie, si nous laissons glisser la Parole de Dieu sur notre conscience, si nous n'avons pas tous tes jours, en nous regardant nous-mêmes, quelques moments de bonne et sainte tristesse, nous serons bientôt des vierges folles, malgré notre connaissance chrétienne. Après cela, il y a des époques où même les vierges sages peuvent s'endormir. On peut perdre de vue le Seigneur, dans une grande affliction, dans un isolement prolongé, dans une époque qui décourage, et où tout ce qu'on fait pour le Seigneur semble perdu; la vigueur chrétienne peut douloureusement se ralentir, selon les influences dans lesquelles nous vivons; mais le fond de l'âme est encore au Seigneur, et c'est après son nom et son souvenir que tend tout le désir du coeur. Sur le minuit, les vierges sages retrouveront leur christianisme ; ce qui est oeuvre de Dieu et fondé sur le Rocher des siècles ne périt point. Mais il y a un sommeil plus dangereux et qui est celui des autres vierges. C'est un affaiblissement gradué de la vie spirituelle : la forme remplaçant peu à peu le fond, et l'apparence se donnant pour la réalité. Faisons provision d'huile, nous n'en aurons jamais assez. Il y a plus d'un bon chrétien, comme le monde les nomme, à qui le Seigneur dira Je vous dis, en vérité, que je ne vous connais point.

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29 DÉCEMBRE.

 

Je regarde toutes les autres choses comme une perte, en comparaison de l'excellence de la connaissance de Jésus-Christ, mon Seigneur. (Philip. III, 8.)

 

On n'est jamais assez près du Seigneur, et si l'on est près de lui, on ne demeure jamais assez longtemps avec lui. Cela vient de ce que les autres choses ont encore trop de valeur, et que la valeur souveraine de Christ ne domine pas encore l'âme entière. Cependant toutes les autres choses ne sont qu'une perte, aussi longtemps que la seule chose nécessaire n'embrasse pas toute la vie. On est distrait, tiraillé dans tous les sens, quand la connaissance de Jésus-Christ n'est pas l'excellence de la vie, et qu'on n'aime le Seigneur qu'avec un coeur partagé. Il faut que Jésus-Christ ait la première place dans le coeur, pour que les autres avantages soient réellement des avantages. Si cela n'est pas, nos biens nous laissent pauvres; notre considération est un honneur inutile; nos vertus ne nous consolent pas; notre christianisme n'a pas de vrai soutien. Il faut quelque chose de plus intérieur que ce que nous avons; il faut Jésus-Christ, mais Jésus-Christ dépouillé de tous les accessoires. La grâce n'est qu'avec ceux qui aiment notre Seigneur Jésus-Christ avec pureté. Saint Paul sait où trouver la force de la vie chrétienne ; il sait aussi ce qui affaiblit cette vie au fond de l'âme. L'Apôtre fait table rase et ne veut pas savoir autre chose que Jésus-Christ, et Jésus-Christ crucifié il ne veut pas deux intérêts suprêmes, il n'en vent qu'un ; il veut une âme libre, il ne veut pas une âme liée; les plus belles choses ne lui sont que des ordures, si elles détournent de Christ, ne fût-ce que de la largeur d'un cheveu. Nous sommes bien vite captifs si nous ne veillons; mais le Saint-Esprit est fidèle, laissons-nous remettre sur le vrai fondement; faisons-nous une règle de ne pas perdre notre indépendance, et donnons à Christ assez d'importance pour que le monde nous taxe d'exclusisme. Le salaire de cet exclusisme-là est la pureté de la vie et la plénitude des biens spirituels.

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30 DÉCEMBRE.

 

Ainsi a dit l'Eternel: Dispose de ta maison, car tu vas mourir, et tu ne vivras plus. (Esaïe XXXVIII, 1.)

 

Il est si banal d'entendre dire qu'il faut mourir, que ,cette pensée ne nous touche plus. On sait par coeur qu'on est poudre et qu'on retournera en poudre; on sait un enterrement comme si l'on allait à une foire; mais que la mort s'approche de nous personnellement, ,ce sera du neuf, du terrible. Avez-vous pensé à cette décomposition des forces vitales, à cette agonie qui cache tant de choses qu'on n'a plus la possibilité de manifester, à ces souvenirs sans nombre, qui tout à ,coup revivent et accusent, à ce moment mystérieux où l'âme se sépare du corps et où vient enfin le formidable réveil vers lequel se précipite toute la vie? En faisant vos comptes de décembre, n'oubliez pas votre grand compte : disposez de votre maison en vue de la mort, et non en vue de votre caisse. Avez-vous du positif, si vous deviez mourir cette nuit? Votre salut a été largement payé, mais il faut avoir votre quittance en main. ,Christ est-il en vous comme l'espérance de la gloire? Êtes-vous converti jusqu'à la moelle des os, et êtes-vous au clair sur le pardon de vos péchés? Il est facile ,et difficile d'être sauvé, selon qu'on se donne ou qu'on ne se donne pas à Christ. Est-il à vous et êtes-vous à lui? Il faut l'un et l'autre; hors de Christ, point de salut, mais Christ ne peut point vous sauver sans vous. Voyez cette année et toutes celles qui précèdent; mille choses feront parler votre conscience, et ces misères amoncelées vous crient : Fais ta paix avec Dieu, dispose de ta maison. Donnez-vous tel quel à ce Sauveur qui ne veut que vos péchés. Quand il aura votre misère, il aura aussi votre âme, et, si votre âme est au Seigneur, la mort qui vous attend est vaincue. Sur la croix, tous vos ennemis sont tués; disposez votre âme sous la croix, et votre mort sera douce et votre salut assuré. Cherchez le Seigneur pendant qu'il se trouve; pendant qu'il est près; tout vous sera donné quand vous vous serez donné vous-même; un homme qui se voit perdu est aussi un homme qui se voit sauvé.

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31 DÉCEMBRE.

 

Celui qui rend témoignage de ces choses dit: Oui, je viens bientôt. Amen ! Oui, Seigneur Jésus, viens ! (Apoc. XXII, 20.)

 

Le Seigneur rend témoignage à ses révélations. Les temps sont à lui, et c'est lui qui est dans les temps, La vie n'est pas autre chose que le Seigneur qui arrive, et les années qui se précipitent ne sont que ses messagers. Les yeux qui sont fermés ne voient, ni l'aurore ni le plein jour, et une âme qui ne' connaît point ses besoins ne peut avoir celui qui dit : Oui, je viens bientôt! L'épouse de Christ, quand elle voit des nuées, lève la tête comme vers la délivrance qui approche. Que sont les temps, que sont les siècles, quand on se lance à la rencontre de Celui qui est amour? Les choses visibles ne sont que pour un peu de temps, mais les invisibles sont éternelles. Et le problème de, la vie est de changer les choses invisibles en choses visibles, et les ténèbres du Seigneur en lumière. Cela est possible, cela est facile, si l'âme croit à ce témoignage : Oui, je viens bientôt. Amen. Il y a un Amen dans le monde de la gloire; il y a aussi un Amen dans une pauvre âme qui pleure. Elle attend avec confiance; Celui qui a fait les promesses est fidèle. Les fleuves vont à la mer, et la mer n'en est point remplie; mais allons à la rencontre de Christ, et nous ne serons point confondus. Il a pourvu à tout, et toutes les promesses de Dieu sont oui en lui et amen en lui. Faisons route avec sa Parole, et l'Esprit qui nous soulage dans nos faiblesses fera naître en nous cet inexprimable soupir : Oui, Seigneur Jésus, viens! Le monde dit: Non; mais l'âme ne vit pas de négations; quand on sent qu'on n'a rien et qu'on peut tout avoir gratuitement, on ne dit plus : Non; on dit: Oui, Seigneur Jésus, viens! Les deux amen alors se rencontrent, et la Parole sainte et le coeur sont en possession du témoignage. On peut finir avec joie une année et une vie, quand on a un bien réel et que ce bien est le Dieu trois fois saint. Chaque nouveau combat est un pas vers la victoire finale. Le tout est de tenir ferme ce qu'on a, car ce n'est pas à nous à vaincre; nous n'avons qu'à saisir le vainqueur. Meurtri, on se relève; séparé de tout secours visible, on a une espérance qui ne confond point. Celui qui rend témoignage de ces choses dit: Oui, je viens bientôt. L'affligé du Seigneur répond par l'Esprit : Oui, viens bientôt, et c'est ainsi que les deux Églises, l'une du sein de la gloire et l'autre du milieu du combat, partageant le même désir et la même espérance, l'expriment toutes deux par le même : Amen.