GENÈSE, I, 3-fin.

La Création.

 

Ce n'est pas forcer les rapprochements que de chercher dans les choses visibles et passagères du monde extérieur un emblème des choses invisibles qui sent éternelles; car dans la création de ce que nous appelons la nature, Dieu a eu un but plus élevé que celui de faire éclater à nos yeux sa toute-puissance et sa bonté. Il a voulu. « nous donner des témoignages de ce qu'il est... lui qui « est le même hier, aujourd'hui, éternellement; » « le premier objet qu'il s'est proposé, c'est de rendre visibles les choses invisibles cachées dans son sein, en leur donnant un corps. »

C'est pour cela que le lecteur attentif et chrétien trouve dans le récit de la création du monde une abondante source d'édification. D'où vient, en effet, l'émotion profonde que lui fait éprouver la première parole du Seigneur sur le monde encore ténébreux, informe et vide: « Que la lumière soit, » sinon de ce qu'il sent que cette même parole a dû être prononcée sur lui pour qu'il passât « des ténèbres à la lumière» et devînt « lumière dans le Seigneur» ? Puis, quand il arrête sa pensée sur l'oeuvre de Dieu au second jour, cette atmosphère qui transforme en nuages les épaisses vapeurs de la terre et des mers, cet air que nous ne voyons pas, mais qui nous environne de toutes parts et nous fait vivre, comment ne penserait-il pas que son Dieu, lui aussi, « l'environne, soit qu'il marche, soit qu'il s'arrête, a une parfaite connaissance de toutes ses voies» ?

Comment ne sentirait-il pas que cette assurance de la présence de Dieu doit avoir sur lui la salutaire influence qu'a sur tout ce qu'Il pénètre un air pur et vivifiant? Ainsi en est-il de la contemplation de toutes les oeuvres de Dieu, car il n'en est pas une qui n'ait servi de texte à la Parole de Dieu et qui ne puisse fournir matière à nos méditations. La terre doit être un jour « couverte de la connaissance de l'Eternel comme le fond de la mer est couvert par les eaux; » le soin que Dieu prend des herbes des champs doit nous être un garant du soin bien plus tendre et plus fidèle encore qu'il prendra de nous. La Bible appelle Jésus « le soleil de justice », et déclare « que son règne sera affermi comme la lune, » tandis qu'elle compare les enfants de Dieu à des étoiles (1). Enfin, les animaux mêmes peuvent nous, donner plus d'une leçon : « Soyez prudents comme le serpent et simples comme la colombe; » «le boeuf connaît son possesseur et l'âne la crèche de son maître, mais Israël n'a point de connaissance. » Pour entrer vraiment dans la pensée du Seigneur, ouvrons donc notre coeur aux deux voix par lesquelles il veut nous parler, l'une la voix de la nature, l'autre la voix de sa parole; ne négligeons pas plus l'une que l'autre, et nous serons émerveillés de voir comme elles se répondent, comme elles se complètent mutuellement.

 

PRIÈRE.

Éternel notre Seigneur, que ton nom est magnifique par toute la terre! que tes oeuvres sont en grand nombre! tu les as toutes faites avec sagesse, la terre est pleine de tes richesses. Oh! que leur voix, qui va jusqu'au bout du monde habitable, se fasse entendre au fond de nos coeurs : rends-nous attentifs à ce qu'elle nous dit de ta part; qu'elle nous révèle de plus en plus tes perfections invisibles; qu'elle nous apprenne à te considérer en toutes nos voies, à nous attendre à toi, à compter toujours sur ta fidélité. Tu es le fidèle créateur; sois béni de ce que nous avons le privilège de le savoir, et de pouvoir t'offrir nos adorations et nos louanges en ton Fils bien-aimé. Que le culte que nous te rendons soit abondamment béni pour nos âmes; que nos prières, inspirées par le Saint-Esprit, retombent sur nous en rosée de bénédiction, et que nous portions beaucoup de fruit, pour ta gloire et pour notre salut en Jésus. Amen.


Table des matières
.

1. Mal., IV, 2. Ps. LXXXIX, 38. Dan., XI 1, 3.