GENÈSE, XII, 1-9.

Vocation d'Abraham.

 

Le Seigneur avait de grands desseins sur Abraham quand il lui adressa cette parole qui renfermait tant de choses dans sa simplicité : ( Sors de ton pays et de ta parenté, et de la « maison de ton père, et viens au pays que je te montrerai. » Cet homme, jusque-là étranger au vrai Dieu, avait été choisi du milieu de son peuple, de sa tribu, de sa famille, pour venir fonder le peuple dans lequel devait naître le Sauveur promis au monde. Mais pour que ces vues du Seigneur pussent s'accomplir, il fallut tout d'abord qu'Abraham passât lui-même des ténèbres à la lumière, et puis qu'il quittât tout ce qui jusque-là avait composé sa vie, tout ce qu'il avait connu et aimé, tout ce qui avait exercé sur lui quelque influence.

C'est en considérant à ce point de vue la vocation d'Abraham que nous y trouvons les enseignements pratiques qui nous sont les plus directement applicables. En effet, l'appel que reçut Abraham inconverti est aussi celui que le Seigneur adresse à toute âme qu'il veut appeler à sa connaissance et engager à son glorieux service. Dieu ne nous dit certainement pas de sortir comme le fit Abraham; mais il y a telle manière d'abandonner, selon la parole de Jésus, « maisons, ou frères, ou soeurs, on père, ou ni mère, ou femme, ou enfants, ou champs (1), » qui est tout aussi pénible et difficile à accepter qu'une véritable séparation.

D'abord, il s'agit d'aimer le Seigneur le premier, et de ne placer qu'en seconde ligne nos affections terrestres; or, quand le coeur irrégénéré s'est fait des idoles, il lui en coûte d'y renoncer.

Ensuite, il nous faut, hélas ! nous rappeler que ceux de nos bien-aimés quine servent pas le Sauveur font encore partie du monde; or, Dieu veut que, ses enfants soient séparés du monde, ce qui implique pour eux la nécessité de quitter spirituellement même leur famille et leurs habitudes les plus chères, s'il le faut, pour que rien ne les empêche de se donner au Seigneur leur Dieu, et de le servir lui seul.

Enfin, ils doivent s'attendre à ce que le monde lui-même -s'éloigne d'eux, et ce n'est pas ce qui cause au coeur les moindres déchirements et les moins vives souffrances. On ne les comprend pas, on les raille, on les blâme, souvent on leur refuse la tendre sympathie qui jusque-là avait fait leur joie... C'est alors qu'ils se sentent vraiment éloignés de leur pays, de leur parenté, même de la maison paternelle, et qu'ils ont besoin de se répéter que « c'est aussi à cela qu'ils sont appelés! »

«Viens au pays que je te montrerai, » ajouta le Seigneur en appelant 'Abraham. C'est parce qu'il a des vues sur nous que Dieu nous appelle. Ce pays dans lequel il faut nous rendre, c'est le champ de travail que Dieu nous assigne sur la terre; c'est l'oeuvre par laquelle nous pouvons le glorifier; c'est la vie qu'il ouvre devant nous et dont il veut que nous fassions la vie chrétienne. Nous ne voyons pas toujours dès l'abord ce qu'il a décidé et préparé pour nous, mais il faut que nous marchions dans la foi, et sa volonté nous sera montrée au jour le jour. «Abraham, étant appelé, obéit, et il partit, ne sachant ou il allait (2); » mais Dieu le savait, et cela suffisait pour son serviteur. Nous aussi, «suivons l'Agneau où qu'il aille (3). »

 

PRIERE.

Fais-nous la grâce de te suivre en effet, Agneau de Dieu qui nous appelles à marcher ici-bas dans la voie du renoncement, parce que cette voie aboutit à la gloire dans le ciel ! Tire-nous pour que nous courions après toi, car tu sais que pour te suivre il faut que nous marchions contre les désirs et les sentiments de nos mauvais coeurs; tu sais que notre foi est trop faible ainsi que notre dévouement, et que nous avons besoin que tu accomplisses en nous ton oeuvre de grâce. Mais, Seigneur, cette oeuvre. tu l'as accomplie dans ton serviteur Abraham, qui par lui-même n'avait pas plus de force que nous, et par lequel tu as fait de si grandes choses. Conduis-nous comme Lui l'as conduit, et rends-nous fidèles comme lui. Nous te le demandons an nom de Jésus. Amen.


Table des matières
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1. Marc, X, 29,

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2. Hébr., XI, 8,

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3. Apoc., XIV, 4.