GENÈSE, XXII, 3-19.

Le sacrifice d'Abraham. 2.

 

Si jamais ordre de Dieu parut sujet à contestation, si jamais enfant de Dieu put douter du témoignage de ses oreilles et croire impossible que Dieu voulût l'éprouver à tel point, si jamais tentation de Satan fut subtile et put revêtir une apparence séduisante, ce fut bien dans le cas d'Abraham. Il pouvait si bien se donner le change ! Dieu m'a promis de m'accorder en Isaac une nombreuse postérité; sans doute il veut maintenant éprouver ma foi dans cette promesse, car comment s'accomplirait-elle si je mettais Isaac à mort? Et puis, lui soufflait certainement le tentateur, quel scandale pour les païens !

Leur faire croire que le Dieu de sainteté est un Dieu cruel, qui aime les sacrifices humains et veut que le père soit le bourreau de son fils ! Impossible ! Mais plus impossible encore, pour un humble et fidèle croyant comme Abraham, de désobéir à un ordre de son Dieu, de se croire chargé du soin de la gloire et de la fidélité du Seigneur, de se croire autorisé à choisir, parmi les paroles divines, celles qu'il recevra parce qu'elles s'accordent avec ses idées et ses sentiments, et celles qu'il repoussera comme indignes du Seigneur, parce qu'elles le font souffrir lui-même.

Abraham prit le commandement de Dieu à la lettre, et c'est ce que doivent toujours faire ceux qui veulent se tenir dans le droit chemin de la fidélité. Cette terrible nuit passée, il commença d'obéir, simplement, filialement, sans compter les battements de son coeur, évitant de mettre dans son douloureux secret ceux qui auraient pu s'interposer entre lui et son fils, ou affaiblir son courage par leurs sollicitations ou leurs larmes : « il crut que Dieu pouvait même ressusciter Isaac des morts, » dit saint Paul ; aussi dit-il à ses serviteurs : « Moi et l'enfant, monterons jusque-là et adorerons, après cela nous reviendrons à vous; » et répondit-il à l'émouvante question d'Isaac lui-même : « Dieu y pourvoira. »

La foi d'Abraham, quelle foi! l'obéissance d'Abraham, quelle obéissance ! Eh bien ! il faut que cette foi et cette obéissance, qui nous confondent et nous humilient, soient les nôtres aussi. Dieu ne nous envoie pas des tentations semblables à celles d'Abraham; mais il nous en dispense souvent qui, pour notre faiblesse, sont aussi difficiles à surmonter, et dont il ne nous délivre pas comme il délivra le patriarche de la sienne. Quel que soit donc le sacrifice qu'il demande de nous, répondons-lui comme Abraham: « Me voici, » et si les forces nous manquent, disons-nous : « Dieu y pourvoira. » Dussions-nous gravir notre Morija dans les larmes, gravissons-le courageusement, «regardant à Jésus, » et soyons sûrs que nous ne redescendrons pas sans quelque bénédiction. «Ceux qui croient sont bénis avec Abraham qui a cru. »

 

PRIÈRE.

Seigneur, nous avons lieu d'être comme écrasés sous le sentiment de notre peu de foi et de fidélité lorsque nous contemplons la foi et la fidélité d'Abraham; nous ne pouvons que trembler lorsque nous nous demandons si à sa place nous eussions obéi comme lui! Et pourtant, Seigneur, Abraham par lui-même n'avait ni plus de sainteté, ni plus de dévouement, ni plus de forces que nous; ce que nous admirons tant en lui n'a été que le résultat de ton oeuvre dans son âme; et comme tu nous aimes tous autant que lui, il n'est pas un de nous en qui tu ne puisses faire ce que tu as fait à son égard. Que cette ferme et douce conviction nous excite à crier à toi avec toujours plus d'ardeur; Ô notre Dieu, fortifie notre foi et rends-la inébranlable. Enseigne-nous à marcher par la foi et non par la vue; donne-nous de nous reposer en paix sur ton amour et ta fidélité, comptant sur ton secours pour les moments difficiles et ne cherchant qu'à faire ta volonté. Nous te demandons cette grâce au nom du Seigneur Jésus. Amen.


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