GENÈSE, XXVIII, 10-19.

L'échelle de Jacob.

 

Quand Jacob posa sa tête sur son chevet de pierre pour se délasser de sa première et longue journée de voyage, les reproches de sa conscience se joignaient sans nul doute à la tristesse avec laquelle il avait quitté pour si longtemps la maison paternelle; car s'il fuyait le ressentiment de son frère, il s'était attiré ce ressentiment par un péché. Mais, sans nul doute aussi, Dieu le voyait humble et repentant, puisqu'il voulut relever son enfant en lui parlant, par la vision de l'échelle., de son pardon et de son amour, en lui faisant entrevoir le moyen par lequel l'homme pécheur pourrait être rapproche du Dieu dont ses péchés l'avaient éloigné. Il est cependant probable que Jacob ne comprit pas clairement tout ce que renfermait cette vision; nous-mêmes, qui avons, grâce à l'Évangile, plus de lumières que lui, nous n'en aurions peut-être pas saisi toute la magnifique signification sans la parole de Jésus à Nathanaël : « En vérité, en vérité, je vous dis : Désormais vous verrez le ciel ouvert, et les anges de Dieu montant et descendant sur le Fils de l'homme (1). » L'échelle de Jacob était donc un type de Jésus.

De même que nous la voyons descendre jusqu'à notre pauvre terre souillée par le péché, et cependant s'élever au plus haut des cieux, de même nous voyons en Jésus l'abaissement de l'humanité s'unir à la divinité absolue. Et pourquoi s'est-il ainsi abaissé? Pour combler l'abîme que nos péchés avaient creusé entre nous et notre Dieu. Par le moyen de Jésus, nous pouvons élever vers Dieu notre adoration, nos prières, nos saintes aspirations; et pendant que de cette manière nous montons les degrés de l'échelle de Jacob, le ciel est ouvert sur notre tête, et le Seigneur «répand sur nous la bénédiction, tellement que nous n'y pouvons pas suffire (2). » Par Jésus aussi ont été rétablis les rapports de l'homme avec le monde supérieur. Les anges, invisibles aux yeux de notre corps , « exercent » pourtant « leur ministère en faveur de ceux qui doivent recevoir l'héritage du salut (3); » ils nous suivent de leur paisible regard; bien qu'exempts de l'épreuve de la vie, ils nous aiment, ils prennent part à nos difficultés, ils se réjouissent si nous sommes fidèles; c'est ainsi qu'ils montent et descendent sur le Fils de l'homme comme sur l'échelle de Jacob, messagers des miséricordes de Dieu envers nous.

Cette échelle de salut, cette échelle de grâce, saisissons-la donc et ne la quittons pas; il n'y en a pas d'autre qui puisse nous conduire de la terre au ciel, et un seul pas hors de ce seul passage nous ferait retomber dans le « grand abîme. » Ne nous arrêtons pas dans notre marche; sans cesse un nouveau pas en avant, un pas qui nous détache davantage de la terre et nous rapproche de Dieu en Jésus, c'est là le cours de la vie chrétienne. Si jamais la route nous semble longue et difficile, prenons courage en pensant à tous ceux qui l'ont parcourue avant nous, et «poursuivons constamment la course qui nous est proposée, regardant à Jésus.»

 

PRIERE.

Seigneur Jésus, c'est bien toi qui es notre seul refuge, notre seule espérance, notre seul rocher, notre seul Sauveur! C'est bien à toi que nous avons besoin de recourir chaque jour et à chaque heure! Notre Dieu Sauveur! toi qui nous réconcilies avec ton Père, et qui nous remets en possession du glorieux titre d'enfants de Dieu que nos péchés nous avaient fait perdre; toi qui t'es abaissé jusqu'à nous pour nous élever jusqu'au Père, que te rendrons-nous pour ton amour envers nous? Nous te bénissons, nous t'adorons, nous voulons te servir toi seul; nous te consacrons tout ce que nous avons de force, d'énergie, d'activité, de facultés, de vie; prends-nous à toi tout entiers, et fais de nous ce que tu verras bon pour ta propre gloire. Nous nous plaçons entre tes mains, nous nous abandonnons à toi, nous te demandons seulement de nous apprendre à t'aimer et à te servir. Que notre vie te loue et te glorifie, en attendant que nous allions dans le ciel joindre nos cantiques d'adoration à ceux des anges. Amen.


Table des matières
.

1. Jean, I, 51.

.

2. Mal., III, 10.

.

3. Hébr., I, 14.