MATTHIEU VI, 24.

Le coeur partagé.

(Lire Jos., XXIV, 1-24.)

 

Voici la première mention que Jésus ait faite d'un sujet sur lequel il est revenu bien souvent, que ses apôtres ont repris après lui, et que l'expérience de tous les chrétiens leur a fait reconnaître comme essentiel : l'opposition qui existe entre Dieu et le monde. Mammon est un mot syriaque désignant dans un sens général tout ce qui satisfait l'égoïsme naturel, richesses, honneurs, plaisir, bien-être. Tout cela attache l'âme au monde et aux choses du monde; or, l'amour du monde est inimitié contre Dieu; celui donc qui veut être ami du monde se rend ennemi de Dieu (1); » « car tout ce qui est dans le monde... ne vient point du Père.

N'aimez donc point le monde, ni les choses qui sont dans le monde; si quelqu'un aime le monde, l'amour du Père n'est point en lui (2). » Mais pourquoi en est-il nécessairement ainsi? Parce que, depuis que le péché est entré dans le monde, l'influence qui y domine est celle de Satan, le « prince de ce monde, » dont le pouvoir est en antagonisme avec celui de Jésus, le « Prince de la vie; » de là résulte pour toute âme l'obligation de choisir entre ces deux maîtres. Ils la réclament l'un et l'autre; à elle de décider. « J'ai mis devant toi la vie et la mort, la bénédiction et la malédiction. Choisis donc la vie afin que tu vives... en aimant l'Éternel ton Dieu, en obéissant à sa voix et en t'attachant à lui (3) .»

Remarquons que Christ ne dit pas : « Vous ne devez pas servir Dieu et Mammon; » il dit : « Vous ne pouvez pas. » Nous ne le pouvons pas parce qu'ils sont également jaloux de nous posséder tout entiers, que ni l'un ni l'autre ne se contente d'une demi-obéissance, et qu'il est impossible pour un serviteur de se consacrer avec un égal amour, avec un zèle égal, à deux maîtres qui se font la guerre. Impossible, disons-nous : et pourtant que de coeurs partagés, que de chrétiens même, qui s'efforcent de concilier ces deux choses inconciliables, le service de Dieu et le service du monde !

Que de gens qui s'imaginent pouvoir faire de leur vie deux parts, l'une pour Jésus et l'éternité, l'autre, qu'ils croient moindre, pour le monde et le temps présent! Pauvres insensés, qui pensent acquérir ainsi la faveur de deux maîtres et n'en contentent aucun! Servir le monde, c'est servir Satan, subtil adversaire qui., si l'on ne se hâte de sortir de ses filets, finit par prendre entièrement possession du coeur et de la vie, en flattant les penchants naturels et peut-être en se déguisant en ange de lumière. Honte à ceux qui, sachant quelque chose de Christ et de sa grâce, n'ont pas le courage de se donner exclusivement à lui! « Si Bahal est Dieu, suivez-le; si l'Éternel est Dieu, suivez-le. »

 

PRIERE.

Seigneur notre Dieu, tu es notre Père, et nous sommes tous le peuple que tu conduis et le troupeau de ta pâture; fais-nous donc la grâce de ne pas chercher à te ravir une parcelle de ces affections, de ce temps, de ces forces, que tu veux pour toi et pour ton service, et que nous devons être trop heureux de te donner ! Aie pitié de tant de pauvres âmes qui se partagent entre toi et le monde et ne comprennent pas que, tout en t'honorant des lèvres, elles sont éloignées de toi! Et nous, Seigneur, qui connaissons ta grâce en Jésus, que nous soyons des chrétiens sincères, fidèles, conséquents. Ne permets pas que nous clochions des deux côtés, comme indécis sur le chemin que nous avons à suivre; mais qu'ayant choisi la bonne part qui ne peut nous être ôtée, nous marchions d'un pas ferme dans la foi et dans la sanctification. Exauce-nous, Seigneur notre Dieu; nous te prions au nom de Jésus. Amen.


Table des matières
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l. Jacques, IV, Il, -

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2. 1 Jean, II, 15, 16.-

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3. Deut., XXX, 19, 20