MATTHIEU, VII, 12.

La justice selon l'Évangile.

(Lire Rom., XIII, 7-fin.)

 

« Toute la loi, » dit saint Paul, «est comprise dans cette seule parole: Tu aimeras ton prochain comme toi-même; » mais, ajoute saint Jean: « Mes petits enfants, n'aimons pas de paroles ou de langue, mais en effet et en vérité. » Quand il s'agit d'amour fraternel, de charité, de sympathie, les paroles coûtent peu; aussi ont-elles peu de valeur si elles ne sont confirmées par des actes. Nous devons aimer notre prochain comme nous-mêmes, par conséquent le traiter comme nous-mêmes, c'est-à-dire mettre en pratique cette recommandation du Sauveur: « Tout ce que vous voulez que les hommes vous fassent, faites-le-leur aussi de même. » Nous n'avons rien à apprendre quant aux droits que nous pouvons avoir; eh bien ! il nous faut arriver à sentir que ces droits sont aussi ceux de notre prochain; nous lui devons incontestablement la mesure d'affection, d'estime., d'égards, d'indulgence, que nous réclamons pour nous-mêmes.

Pour accomplir fidèlement ce grand précepte de justice, il faut nous mettre sans cesse en esprit à la place du prochain; il faut examiner quels seraient nos sentiments si nous nous trouvions dans le même cas ce que nous ferions, ce que nous désirerions, et agir selon cette règle. Quand nous l'aurons prise au sérieux et que nous nous serons habitués à la suivre, quel pas nous aurons fait dans la vie chrétienne! Peut-on, en effet, juger avec sévérité la conduite des autres, lorsque, après avoir cherché sincèrement à se rendre compte des motifs qui les dirigent, des tentations particulières qui les entourent, des influences qu'ils subissent, on se demande comment on aimerait soi-même, dans des circonstances analogues, à être jugé ou apprécié?

Comment lancer sur le prochain des remarques ironiques ou désobligeantes, fût-ce même sans y attacher aucune importance, si l'on sent combien on souffrirait de savoir les mêmes remarques faites sur son propre compte? Bien plus, comment ne pas témoigner à ses frères tous les égards, toutes les attentions, toutes les prévenances que suggère l'amour, comment ne pas s'oublier pour eux, quand on réfléchit que bien souvent on a lieu de désirer pour soi-même que les autres « ne regardent pas seulement à leur intérêt particulier» ? « Si vous accomplissez la loi royale, selon l'Écriture : Tu «aimeras ton prochain comme toi-même, vous faites bien (1),» car « la charité ne fait point de mal au prochain, la charité est donc l'accomplissement de la loi (2); » « le but du commandement, c'est la charité, qui procède d'un coeur pur, et d'une bonne conscience, et d'une foi sincère (3). » Or, nous connaissons l'ineffable description que l'apôtre donne de la charité (4). Il va plus loin encore quand il dit aux Corinthiens: C'est un grand défaut parmi vous, que vous ayez des procès les uns contre les autres. Pourquoi n'endurez-vous pas plutôt qu'on vous fasse tort? Pourquoi ne souffrez-vous pas plutôt quelque dommage (5)?» Ainsi, se relâcher même de son droit pour ne pas manquer à la charité, ce n'est que faire « ce qui nous est commandé! »

 

PRIÈRE.

Seigneur Jésus, toi qui es notre modèle comme tu es notre Sauveur, nous venons à toi pour apprendre de toi cette charité qui remplit le coeur et dirige la vie, et pour te demander de la mettre en nous par ton Esprit. Nous sommes naturellement aussi égoïstes que tu nous veux remplis d'amour, et nous ne sommes pas même capables de bien comprendre l'étendue du commandement que ta Parole vient de nous donner. Fais-nous connaître le chemin de tes commandements, et daigne produire en nous la volonté et l'exécution selon ton bon plaisir. Donne-nous d'aimer notre prochain, non de paroles ou de langue, mais en effet et en vérité, et que cette affection sincère se montre dans tous nos rapports avec lui. Exauce-nous, Seigneur Jésus, nous te le demandons au nom de ton amour et de tes promesses. Amen.


Table des matières
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1. Jacq., II, 8.

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2. Rom., XIII, 10.

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3. I Ti m., I, 5

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4. 1 Cor., XIII.

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5.1 Cor., VI, 7.