MATTHIEU, VII, 13, 14.

Le chemin étroit.

(Lire Phil., Il, 1-13.)

 

Pourquoi Jésus appelle-t-il le chemin de la vie éternelle un chemin étroit, et la porte qui y donne entrée une porte étroite? N'est-ce pas après tout la plus belle, la plus glorieuse voie, et ne peut-elle pas livrer passage à tous ceux qui s'y engagent, quel que soit leur nombre? N'est-ce pas, non-seulement, la route la plus sûre, mais encore celle où l'on marche avec le plus de confiance et de joie? Oui; mais il n'en est pas moins certain que cette parole du Seigneur est vraie, et que dans tous les temps elle a fait l'encouragement, la force, la consolation des rachetés de Jésus sans en excepter un seul. Jésus s'appelle lui-même « la porte » et « le chemin; » c'est par lui, et par lui seul que nous pouvons avoir accès auprès du Père. Mais le moyen dont Dieu se sert pour nous faire entrer par Jésus dans la vie éternelle, c'est d'abord la conversion, qui ouvre devant le racheté la vie chrétienne; et ensuite la vie chrétienne elle-même, qui le conduit par la voie du monde jusqu'à la gloire que Dieu lui réserve dans le ciel.

Nous pouvons donc, dans un sens plus restreint, appliquer ces mots de porte et de chemin à la conversion et à la vie chrétienne, ce qui nous aide à saisir le sens que Jésus y attache quand il parle d'une porte étroite et d'un chemin étroit. La conversion est une porte étroite, parce qu'il faut pour y passer se faire petit, se dépouiller de soi-même, renoncer à ses idées particulières, à sa justice propre, à son orgueil, à ses péchés, ce qui nécessite beaucoup d'efforts, souvent beaucoup de souffrances, et ce qui, hélas! empêche le plus grand nombre de venir frapper à cette porte.

La vie chrétienne est un chemin étroit, parce que l'enfant de Dieu, bien qu'il y goûte un bonheur intime, et profond et qu'il y marche dans la « liberté(1) », s'y voit pourtant entouré de commandements et de défenses qui ne permettent pas à la volonté propre de se sentir à l'aise et au large; il faut, coûte que coûte, accomplir des devoirs difficiles, vaincre des tentations puissantes; il faut tenir ses regards fixés sur le but, sans les détourner sur des objets séduisants mais propres à éblouir; il faut veiller sur soi-même; il faut prendre son parti de passer à travers la vie dans un sentier peu fréquenté, où l'on ne rencontre « ni beaucoup de sages selon la chair, ni beaucoup de puissants, ni beaucoup de nobles (2); » il faut aussi prendre son parti d'être méconnu, méprisé, raillé, par ceux qui suivent le chemin large. Voilà la vie chrétienne telle que Dieu nous la propose : « C'est par beaucoup de tribulations qu'il nous faut entrer dans le royaume de Dieu. »

Ce chemin étroit, peu le trouvent : les uns le remarquent à peine, d'autres le dédaignent, d'autres enfin s'en effrayent... et pourtant il conduit à la vie, il est le seul qui y conduise! « Ne crains point, petit troupeau. »

 

PRIERE.

0 Seigneur Jésus, ceux qui se sont engagés sur tes traces dans le chemin étroit qui conduit à la vie éternelle, savent qu'ils n'ont rien à craindre, et te rendent le témoignage que tu es le fidèle berger, qui gardes ceux que le Père t'a donnés afin que pas un ne se perde. Fais-leur la grâce de te suivre avec joie et avec zèle, et fais de chacun de nous un membre de ton petit troupeau! Seigneur Jésus, il y a des difficultés sur le chemin de la vie; tu le sais, et c'est parce que tu le sais que nous y marchons avec confiance, comptant sur ta miséricorde et sur ton secours. Que ces difficultés ne nous rebutent pas, puisque celui-là seul qui persévérera jusqu'à la fin sera sauvé, et que ta force nous est promise. Daigne nous l'accorder dans ta fidélité. Amen.


Table des matières

1. Gal., V, 1, 13.

2. 1 Cor., I, 26.