MATTHIEU, VII, 21-23.

La profession de bouche.

(Lire Osée, VIII.)

 

Le danger Contre lequel le Seigneur Jésus veut nous prémunir dans ce sérieux passage, est celui de la piété superficielle, c'est-à-dire de la foi qui persuade l'esprit mais n'atteint pas la conscience, du christianisme qui consiste seulement dans les paroles et que n'accompagne pas le changement du coeur.

L'homme abuse de tout; il abuse, si nous pouvons ainsi parler, des bonnes oeuvres que l'Évangile commande et inspire, lorsqu'il se complaît dans sa propre justice et s'appuie sur ses oeuvres pour son salut; c'est alors qu'il donne lieu à saint Paul de lui dire : « Nous sommes sauvés par grâce, par la foi..., non point par les oeuvres, afin que personne ne se glorifie (1). » Mais il abuse aussi de la foi quand il se contente de son titre de chrétien, s'en fait un oreiller de sécurité et « marche selon que son coeur le mène, » ce qui oblige saint Jacques à compléter la pensée de saint Paul et à dire: « L'homme est justifié par les oeuvres et non par la foi seulement, car la foi sans les oeuvres est morte (2). »

Ce sont ces deux genres d'abus que Jésus nous signale quand il désigne sous le même nom d'ouvriers d'iniquité » ceux qui se bornent à (l'appeler « Seigneur, Seigneur,» sans faire la volonté de son Père céleste, et ceux qui lui présentent des oeuvres et des miracles faits en son nom comme leur donnant droit à l'entrée du royaume des cieux. Quel solennel avertissement! Quand Jésus était sur la terre, des gens qui ne le suivaient pas faisaient quelquefois des miracles en son nom; ces miracles-là ne sont plus de notre temps, mais nous en contemplons d'analogues lorsque nous voyons, ce qui n'est pas rare, des âmes converties et sauvées par le moyen de prédicateurs inconvertis, ou de disciples qui parlent de Jésus comme le connaissant, et qui, en réalité, n'ont pas eux-mêmes la foi qui sauve. Judas avait reçu, comme ses compagnons, le pouvoir de chasser les démons, de ressusciter les morts, de guérir les lépreux; il gagna ainsi des âmes au Sauveur et lui-même perdit la sienne !

Ah! ne nous reposons pas sur le fait que nous appelons Jésus Seigneur et Sauveur, sur nos pratiques religieuses, sur les bénédictions que nous recevons, sur la considération que de vrais chrétiens ont pour nous! Examinons notre foi pour nous assurer qu'elle est réelle, profonde, intime, inébranlable! examinons nos prières, pour voir si elles partent vraiment d'un coeur pénétré du besoin de la grâce de Dieu! examinons notre vie, pour nous convaincre que nous faisons bien la volonté de Dieu! « Examinez-vous vous-mêmes pour savoir si vous êtes dans la foi; éprouvez-vous vous-mêmes; ne reconnaissez-vous pas vous-mêmes que Jésus-Christ est en vous? a moins que peut-être vous ne soyez réprouvés (3). » A qui saint Paul adressait-il cet effrayant appel? A l'église primitive de Corinthe!

 

PRIÈRE.

Éclaire les yeux de notre esprit, Seigneur notre Dieu, afin que nous nous voyions nous-mêmes tels que tu nous vois. Ne permets pas que nous soyons séduits par les apparences en ce qui nous concerne si directement, et que nous prenions le bruit de vivre pour la vie elle-même. Seigneur, fais-nous réellement et profondément sentir notre état de péché, et amène-nous par là à une repentance véritable et à une foi sincère en Celui que tu 'nous as donné pour Sauveur. Que notre foi soit l'oeuvre du Saint-Esprit, parlant seul à notre âme et nous mettant dans une intime communion avec toi ; qu'elle soit la foi qui sauve, qui régénère, et qui fait vivre dans la sanctification polir ta gloire. Viens à notre aide, ô notre Dieu nous t'en supplions au nom de Jésus. Amen.


Table des matières
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1. Éphés., II, 8, 9.

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2. Jacq., II, 24, 26.

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3. Il Cor., XIII, 5.