MATTHIEU, VII, 24-fin.

Le roc et le sable.

(Lire Ésaie, XXVIII, 14-22.)

 

Nous avons tous une maison à bâtir; c'est notre espérance pour la vie éternelle: « Étudiez-vous, » dit saint Paul, « à affermir votre vocation et votre élection. » C'est là ce qui doit être ici-bas notre principale affaire, car il s'agit pour nous de pouvoir en toute sécurité nous réfugier dans cette maison, de la trouver solide et inébranlable, lorsque s'élèvera la grande tempête qui doit éprouver l'ouvrage de chacun à l'heure de la mort et au jour du jugement. Combien il importe donc d'y apporter tous nos soins ! Si elle nous faisait défaut lorsque nous en aurons besoin, il serait trop tard pour en bâtir une autre, Or, quelle est la première condition indispensable pour la solidité d'un édifice? C'est la solidité du fondement sur lequel il repose; le sable est mouvant, il s'éboule et on ne peut y creuser profondément; le roc est ferme, et la furie des éléments n'a sur lui aucune prise. Que Dieu soit donc béni d'avoir mis à notre portée un Rocher sur lequel nous pouvons hardiment placer notre espérance !

Ce Rocher, c'est Jésus-Christ; « personne ne peut poser d'autre fondement (1), » comme aussi il n'y a pas d'autre nom qui ait été donné aux hommes par lequel nous devions être sauvés (2). » Bâtir sur Jésus-Christ, c'est d'abord l'accepter comme Sauveur; c'est ensuite le reconnaître pour Maître, pour Législateur, pour Roi; c'est attendre tout de lui; c'est aussi lui obéir en toutes choses, regardant sans cesse à lui, à sa volonté, a sa gloire; c'est dire avec saint Paul : « Pour moi, vivre c'est Christ... » « car ce n'est plus moi qui vis, c'est Christ qui vit en moi.» Ces espérances-là résisteront à la tempête quand elle viendra, et seront alors pour l'âme fidèle comme une ancre ferme et assurée : « Celui qui croira en lui ne sera pas confus.,, Il n'en sera pas ainsi de ceux, en grand nombre, hélas! qui se trouveront au dernier jour avoir bâti sur le sable. Ce sont ceux qui se confient dans l'instabilité des richesses, dans leur prospérité, ceux qui s'appuient pour leur salut sur des opinions humaines; ceux encore qui se bornent à faire profession de pi été, qui ont le bruit de vivre et en réalité sont morts.

Pourquoi ces insensés sont-ils plus nombreux que les hommes prudents qui bâtissent leur maison sur le roc? Parce qu'il est certainement plus facile de poser des pierres sur un sable uni, et que l'on remue sans peine, qu'il ne l'est de creuser dans le roc une place où la fondation soit ferme et sûre : mais quelle différence aussi dans les résultats! « Ne nous arrêtons pas à ce qui n'a que l'apparence,» et bâtissons en prévision de la tempête qui se prépare à notre horizon! «Voici la tempête de l'Éternel, sa colère est sortie; et le tourbillon qui va fondre tombera sur la tète des méchants. La colère de l'Eternel ne sera point détournée qu'il n'ait exécuté et mis en effet les pensées de son coeur. Vous aurez une claire intelligence de ceci dans les derniers jours (3)... » « Et cet homme sera comme un lieu où l'on se met à couvert du vent, et comme une retraite contre la tempête (4). »

 

PRIÈRE.

Seigneur notre Dieu, si tu ne bâtis la maison, ceux qui la bâtissent travaillent en vain ; Ô toi qui peux, selon ta Parole, nous affermir dans l'Évangile, fais-nous la grâce que nous soyons enracinés et fondés en Jésus et affermis dans la foi ! Nous savons que tu veux accomplir cette oeuvre : rends-nous capables de remettre notre voie sur toi, croyant fermement que tu travailleras en nous et pour nous. Que ta puissance glorieuse nous arrache de jour en jour à notre langueur, à notre indifférence, à notre attachement aux choses de la terre, surtout à notre incrédulité. Daigne exercer aussi ta miséricorde infinie à l'égard de ceux qui n'ont pas encore senti le besoin de fuir la colère à venir; effraye-les à salut pour qu'ils se hâtent de faire la paix avec toi par le sang de la croix. Amen.


Table des matières
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 1. 1 Cor., III, 11.

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2. Actes IV, 12.

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3. Jér., XXIII, 19,20.

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4. Ésaïe, XXXII, 2.