Nous avons dans ce récit l'émouvant et instructif exemple d'une vraie prière; d'une prière à la fois humble et ardente, confiante et soumise; d'une prière telle que doivent être les nôtres, pour que nous soyons sûrs de ne jamais « demander mal, » selon l'expression de saint Jacques, et d'être toujours exaucés de la meilleure manière. « Seigneur, si tu le veux, tu peux me nettoyer, » disait le pauvre lépreux en tombant aux pieds de Jésus. « Si tu veux, tu peux. »
Quand nous demandons des grâces temporelles, nous ne pouvons pas être absolument sûrs que Dieu veuille nous les donner, parce que nos désirs ne sont pas toujours d'accord avec sa gloire et avec notre bien véritable. Mais cette certitude que nous ne pouvons pas avoir quant à la volonté de Dieu, nous pouvons l'avoir, et toujours, quant à sa puissance, comme aussi quant à sa sagesse et à son amour.
N'y a-t-il pas là de quoi donner en toute circonstance le plus doux repos à notre coeur si faible, si souvent plein d'agitation et d'anxiété? «Si tu le veux, tu peux » m'accorder la délivrance après laquelle je soupire; « si tu le veux, tu peux» m'épargner le coup douloureux qui me menace; «si tu le veux, tu peux» m'enlever la maladie qui me tient couché sur un lit de souffrance; par conséquent, si tu ne me montres pas «ta main forte et ton bras étendu, » c'est que tu ne le veux pas; et je sais que si tu ne le veux pas, c'est que tu as des motifs que je bénis sans les connaître.
Mais s'agit-il de grâces spirituelles, la lèpre qui nous afflige est-elle la lèpre de l'âme, le péché; désirons-nous ardemment être délivrés de quelque habitude coupable, affranchis de quelque péché de prédilection, rendus victorieux de quelque tentation difficile : la parole du lépreux prend un autre sens. « Si tu le veux, tu peux me nettoyer, » donc tu me nettoieras; je le sais, parce que je sais que ce que je te demande est conforme à tes saintes vues à mon égard. Tu le feras quels que soient les obstacles; tu le feras, car ta gloire et ta fidélité y sont engagées. , C'est ici la confiance que nous avons en lui, que si nous demandons quelque chose selon sa volonté, il nous exauce (1). »
Demandons sans mesure et sans restriction, par des prières, instantes et hardies, les bénédictions qui se rapportent à notre âme et à l'âme de nos frères. Ces bénédictions-là ne risquent pas de nous tourner en piège, aussi sommes-nous sûrs de les recevoir : « demandez tout ce que vous voudrez, et il vous sera accordé. » ... Je le veux, sois nettoyé, » nous répondra certainement Jésus; et nous sentirons sa main touchant nos plaies, si rebutantes, si honteuses soient-elles, et par ce doux et saint contact nous serons nettoyés, guéris, purifiés, relevés. « Je répandrai sur vous des eaux pures et vous serez nettoyés; je vous nettoierai de toutes vos souillures et de toutes vos idoles. Je vous donnerai un nouveau coeur, je mettrai au dedans de vous un esprit nouveau... Je mettrai mon Esprit au dedans de vous; je ferai que vous marcherez dans mes statuts, et que vous garderez mes ordonnances et les ferez... Et vous serez mon peuple, et je serai votre Dieu (2). »
PRIERE.
Oui, Seigneur Jésus, tu veux nous nettoyer, tu es toujours disposé à nous guérir de nos maladies spirituelles et à nous bénir abondamment; que cette conviction profonde et ferme nous encourage à aller à toi pour t'exposer nos besoins et te demander d'y subvenir. Seigneur, trop souvent notre vraie misère, c'est de soupirer faiblement après tes grâces et la guérison qui vient de toi; trop souvent nous reconnaissons nos péchés sans eu gémir véritablement. Viens à notre aide, Seigneur Jésus, et dans la richesse de ta grâce, fais pour nous au delà de ce que nous savons demander et même penser! Enseigne-nous la vraie prière, ardente, instante, pleine de foi, et pourtant humble et soumise; enseigne-nous à prier comme le lépreux, pour être bénis comme lui. Amen.
1. I Jean, V, 14.
2. Ézéch., XXXVI, 25-28.