MATTHIEU, VIII, 5-13.

Le centenier.

 

Il nous donne plus d'une leçon, ce soldat romain, ce païen de naissance, que la foi en Jésus a transformé au point d'en faire un modèle que le Nouveau Testament présentera jusqu'à la fin des siècles à l'imitation des chrétiens. Remarquons d'abord que sa qualité de soldat ne l'empêchait pas d'être un homme pieux et de prêter une oreille attentive au bruit des miracles de Jésus, ni ne l'empêcha d'aller offrir au Sauveur son humble supplication; aucune situation ne peut servir d'excuse aux gens qui négligent leur âme et la piété. Observons ensuite la sympathie qui respire dans ses paroles pour les souffrances de son serviteur; c'était un bon maître que ce centenier, et il est à présumer que le serviteur qu'il aimait ainsi était un bon serviteur.

Cette sympathie est celle qui doit surtout nous animer lorsque nous voyons nos parents, nos amis, nos semblables, quels qu'ils soient, paralysés dans leur âme, insensibles à leur misère et aux appels du Seigneur. Remarquons aussi l'humilité de cette âme droite et simple : « Je ne suis pas digne que tu entres chez moi ! » Et pourtant, selon le monde, sa position était au-dessus de celle du Sauveur.

Mais surtout remarquons sa foi, sa grande foi, sa foi profonde et absolue; il croyait, il savait même, à n'en pouvoir douter, que Jésus avait le pouvoir de guérir son serviteur, de le guérir par une seule parole et à distance, c'est-à-dire par un miracle positif. Puisque un seul mot de, lui, simple officier d'une centaine de soldats, avait assez d'autorité pour obtenir de ses subordonnés une obéissance immédiate, que ne pourrait faire un mot sorti de la bouche de Jésus ! Voilà la foi digne de ce nom> celle qui excite l'admiration de Jésus pour l'oeuvre que son Père accomplit dans l'âme, même en l'absence de tous les moyens ordinaires. Jésus n'a pas trouvé cette foi-là en Israël, dans le peuple « auquel appartenaient l'adoption, la gloire, 'les alliances, le service divin et les promesses,» et il l'a trouvée chez un païen étranger à tant de privilèges, et qui, au dernier jour, se lèvera en témoignage contre ceux qui n'auront pas profité de leurs lumières et de leurs bénédictions.

Quand viendra ce jour redoutable, il ne servira de rien d'avoir appartenu extérieurement au royaume dont Jésus est le chef; un grand nombre d'enfants de ce royaume verront leur place prise par des gens auxquels ils se croyaient bien supérieurs. Puissions-nous dire, dans une pleine assurance de foi, avec le pieux Bunyan: «Trois choses me surprendront dans le ciel; la première, de n'y pas voir certaines personnes que j'y attendais; la seconde, d'y en voir que je n'y attendais pas; et la troisième, qui sera la plus surprenante des trois, de m'y voir moi-même. »

 

PRIÈRE.

Seigneur notre Dieu, que nous sommes loin de la foi à laquelle sont faites toutes tes promesses, nous qui pourtant te connaissons depuis si longtemps nous à qui tu as donné tint de témoignages de ta puissance et de ton amour, nous qui avons si souvent éprouvé ta fidélité à notre égard ! Et pourtant nous savons que tu veux qu'il nous soit fait selon notre foi : nous croyons, Seigneur, mais assiste-nous dans notre incrédulité ! pardonne-la-nous, fais-nous sentir qu'elle Le déshonore, qu'elle est pour tes enfants le plus grand des péchés ! Donne-nous de nous reposer sur toi avec un coeur tranquille et une foi ferme ; et lorsque nous marchons dans les ténèbres, ne sachant où nous allons, d'avoir notre confiance au nom de l'Éternel et de nous appuyer sur notre Dieu. Nous t'en supplions au nom de Jésus. Amen.


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