LUC, IV, 31-36.

Le démoniaque de Capernaüm.

(Lire Apoc., XII, 7-12.)

 

Nous ne pouvons nous faire une idée exacte de ce qu'était la mystérieuse condition des pauvres démoniaques dont nous parle le Nouveau Testament. Nous voyons seulement que cette condition était particulièrement propre à inspirer à la fois la répulsion et la pitié; nous Noyons ces malheureux soumis de la manière la plus affreuse et la plus étrange, dans leur corps comme dans leur âme, à l'infernale influence du prince des ténèbres.

Remarquons dans le récit que nous venons de lire les principaux traits qui nous le rendent utile à étudier. Quand le démoniaque voit Jésus, la frayeur lui arrache un témoignage involontaire à la divinité du Sauveur, qui nous rappelle la sérieuse et triste parole de saint Jacques: « Tu crois qu'il y a un seul Dieu, tu fais bien; les démons le croient aussi, et ils tremblent.» Hélas! il ne suffit pas pour avoir la foi véritable de reconnaître le pouvoir et même la divinité de Jésus; on peut croire en lui et le craindre sans s'humilier soi-même et sans, désirer d'être sauvé par lui; le démoniaque criait : « Qu'y a-t-il entre nous et toi, Jésus de Nazareth?), On peut même croire en lui et le haïr, comme le démon qui savait bien que Jésus était « venu pour le perdre. »

La seule foi digne de ce nom, la foi qui sauve, est celle qui amène le pécheur repentant à la croix du Calvaire et qui produit en lui l'amour pour le Sauveur et le besoin de la sainteté. Écoutons maintenant l'évangéliste nous disant que « Jésus censura fortement l'esprit immonde et lui dit : Tais-toi. » Le Sauveur avait coutume de défendre sévèrement aux démons « de dire qu'ils le connaissaient; » il ne veut pas recevoir le témoignage de ses ennemis, il ne prend aucun plaisir aux louanges que peuvent lui donner des impies ou des incrédules. Il n'est pas rare d'entendre des gens qui pourtant le repoussent, parler avec éloge de sa doctrine admirable, de sa vie si bien remplie, de son exemple que tout le monde devrait suivre; mais Jésus n'accepte pas ce stérile hommage, et ceux qui le lui rendent ne font que signer leur propre condamnation pour n'avoir pas cru à ses paroles et ne lui avoir pas donné leur coeur.

Remarquons enfin la violence avec laquelle, avant de s'enfuir, le démon tourmenta une dernière fois sa victime. Quand il jeta le possédé au milieu de l'assemblée, les assistants purent croire que la parole de Jésus était restée sans effet et que la puissance de Satan avait même redoublé. Apprenons à ne jamais désespérer du Seigneur et de son secours, alors même qu'au lieu de s'évanouir nos difficultés augmentent. La délivrance viendra au moment voulu par notre Dieu, et qu'elle vienne, le calme le plus parfait succédera aux efforts de Satan.

 

PRIÈRE.

Daigne nous rendre sérieusement attentifs, ô notre Dieu, à l'influence sur nous de ce redoutable ennemi que ta Parole elle-même appelle le prince des puissances de l'air. Seigneur, que d'adversaires acharnés à nous perdre, que nous ne voyons pas et auxquels nous pensons à peine! Sois béni de ce que nous savons que Jésus a vaincu pour nous et qu'en lui nous pouvons vaincre à notre tour; mais enseigne-nous à veiller et à prier, avec persévérance et avec foi. Que nous éprouvions le besoin de nous tenir sans cesse près de toi pour que tu nous couvres de tes plumes et que nous ayons retraite sous tes ailes, pour que ta vérité soit notre bouclier et notre écu. Garde-nous, ô Dieu fort, car nous nous sommes retirés vers toi. Nous nous remettons entre tes mains, comptant sur ton amour et ta fidélité. Prends soin de nous, prends soin de tous ceux que nous aimons, et de tous tes enfants, et de tant d'âmes qui ne te connaissent pas et qui ont besoin que ta grâce en Jésus les arrache au pouvoir du grand adversaire. Amen.


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