MATTHIEU, VIII, 18-22.

L'épreuve de la foi.

(Lire Jacques, I, 1-12.)

 

Voici deux hommes qui se présentent devant Jésus, l'un et l'autre manifestant l'intention de le suivre; de ces deux hommes, l'un reçoit une réponse propre à l'arrêter plutôt qu'à l'encourager; l'autre, au contraire, se voit invité à redoubler de zèle et de dévouement. Pourquoi cette différence?

Parce que les motifs qui dirigent ces deux hommes sont tout différents. Le scribe n'avait évidemment pas considéré la portée du pas qu'il s'apprêtait à faire lorsqu'il disait : «Je te suivrai, Seigneur, partout où tu iras. » Peut-être croyait-il sincèrement avoir donné son coeur au Sauveur parce qu'il avait reçu une vive impression des miracles, de l'autorité, de l'enseignement de Jésus; toujours est-il que, plein de confiance en lui-même, il venait se ranger parmi les disciples.

Ne nous aurait-il pas semblé que Jésus serait satisfait de voir au nombre de ceux-ci un docteur entouré de la considération générale, et qui ne pouvait que donner un certain relief à son ministère? Mais Jésus, qui ne juge pas comme jugent les hommes, ne fait pas plus de cas des sages et des influents de la terre que des plus humbles et des plus petits; sa réponse, à laquelle le scribe ne devait certainement pas s'attendre, nous prouve qu'il ne voyait chez cet homme qu'un entraînement irréfléchi; peut-être même une vague idée que les faveurs du monde ne pouvaient manquer aux disciples d'un tel maître. Si plus tard il se décide à suivre celui qui « n'avait pas où reposer sa tête, » soyons sûrs que ce ne fut pas sans avoir bien calculé ce qu'il lui en coûterait. Jésus veut qu'on se défie des émotions, vives, peut-être, mais peu profondes, qui ne viennent pas de l'action du Saint-Esprit dans le coeur et qui ne peuvent qu'être passagères; car « il vaut mieux ne point connaître la voie de la justice que de s'en détourner après l'avoir connue. »

L'autre interlocuteur de Jésus était un disciple. Un disciple déjà découragé? déjà fatigué de la rude vie terrestre qu'il prévoyait devoir être celle du Sauveur et de ses compagnons? déjà effrayé de l'avenir qui s'ouvrait devant lui? Nous ne le savons pas; mais ce que nous voyons, c'est qu'il cherchait un prétexte pour retourner à son ancienne vie, et dans son amour Jésus ne voulut pas le lui laisser. Il est telle circonstance où les choses les plus légitimes, les liens les plus sacrés, deviennent des pièges pour ceux qui aiment leur fils ou leur fille, leur père ou leur mère, plus que le Sauveur. Autant il faut se garder d'embrasser à la légère le service de Jésus, autant, et même bien plus encore, il faut se garder de retourner au monde lorsqu'on s'est engagé dans ce difficile, mais pourtant doux et glorieux service. « Celui qui met la main à la charrue et regarde en arrière, n'est pas bien disposé pour le royaume de Dieu. »

 

PRIERE.

Nous ne voulons pas regarder en arrière, Seigneur notre Dieu; si ta grâce nous a engagés à ton service en Jésus, aide-nous à oublier les choses qui sont derrière nous et à nous avancer vers celles qui sont devant nous où Christ est assis à ta droite ! Réchauffe notre foi, ranime et vivifie notre espérance, donne-nous la paix et la joie qu'en quittant la terre tu as léguées à tes disciples, Seigneur Jésus, et qu'étant fervents d'esprit nous trouvions facile de renoncer à tout pour te suivre et te servir! Mets au coeur de chacun de ceux qui te connaissent une humilité sincère, qui les empêche de regarder à eux-mêmes pour se complaire en leurs propres efforts, ou pour s'effrayer des difficultés de la vie chrétienne : que tous nous regardions à toi, et que nous soyons fortifiés en tolite manière par Li force glorieuse. Amen.


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