MATTHIEU, VIII, 23-27.

Jésus dormant pendant la tempête.

(Lire Ésaïe, LI, 1-13.)

 

« Il dormait. » Pendant que la tempête agitait le lac de Génézareth que l'orage grondait et que les vagues soulevées venaient couvrir le pont de la barque où Jésus se trouvait avec ses disciples, « il dormait.» Il leur avait laissé le soin de conduire la barque, à eux dont c'était le métier; il aime, ce bon Sauveur, à laisser ses disciples déployer leur activité et faire eux-mêmes tout ce qu'ils sont capables de faire, quand il s'agit du soin de sa gloire comme il s'agissait alors du soin de sa personne; il aime à se reposer sur ses disciples. « Il dormait.» Il semblait les avoir abandonnés à eux-mêmes; aussi avaient-ils peur de la tempête. Ce regard dans lequel ils avaient appris à voir «la délivrance même» n'était plus arrêté sur eux; leurs paroles inquiètes, l'expression de leur angoisse, ne parvenaient pas aux oreilles du Sauveur; Jésus était là, inactif, immobile, Jésus dormait.

« Il dormait.» Oui; mais pourtant il était là, vivant, puissant, plein d'amour; insouciant du danger qui ne pouvait l'atteindre, et, par sa seule présence dans la barque, mettant ses disciples à l'abri de ce danger.

Au milieu des orages, des tempêtes de la vie, ne pourrions-nous pas croire parfois que Jésus sommeille? Un danger nous menace, une épreuve se prépare, une tentation redoutable se présente : et pendant que la détresse saisit notre âme et que nous cherchons avec angoisse d'où nous viendra le secours, ce Sauveur qui nous a habitués à le voir sans cesse auprès de nous, semble nous cacher sa face et s'éloigner. Ne nous voit-il donc pas? Ne nous entend-il pas? Ne sait-il pas à quel point nous avons besoin de lui?

Oh! comment ne le saurait-il pas, lui qui nous a « graves sur la paume de ses mains » et qui dans son amour compte tous les cheveux de notre tête ? Peut-il vraiment nous perdre de vue, nous oublier un seul instant? La mère oublierait plutôt son nourrisson! Non, Jésus n'oublie pas, mais il veut nous attacher à lui plus étroitement encore en nous faisant sentir combien nous avons besoin de lui, en nous obligeant à crier à lui. Le réveiller, c'est recourir à lui avec une foi persévérante, c'est le prier avec ardeur, c'est l'obliger à nous répondre, c'est lui dire comme les disciples: « Maître, maître, nous périssons! ) et même : «Maître, ne te soucies-tu pas que nous périssions? »

Cette parole de doux reproche, quand elle est adressée au Sauveur lui-même, est encore une parole de foi; aussi Jésus la reçoit-il et y répond-il; ce qu'il reproche à son tour à ses disciples quand il les appelle « gens de petite foi, » ce n'est pas de l'avoir appelé avec tant d'ardeur, c'est d'avoir eu peur un instant. « Gens de petite foi » que nous sommes nous-mêmes, pourquoi doutons-nous si souvent? « Ne crains point, car je suis avec toi : ne sois point éperdu, car je suis ton Dieu. Je t'ai fortifié, je t'ai même aidé... Je t'aiderai, dit l'Éternel, et le Saint d'Israël., ton Rédempteur (1). »

 

PRIÊRE.

Seigneur Jésus, s'ils sont aussi nombreux dans notre vie, les moments de, trouble et d'obscurité spirituelle, c'est que nous manquons de foi, que nous ne croyons pas assez à ta promesse d'être toujours avec nous jusqu'à la fin du monde. Prends pitié de nous, toi qui sais aussi de quoi nous sommes faits et qui as été tenté comme nous en toutes choses. Fortifie notre foi afin qu'elle soit victorieuse des circonstances les plus défavorables, et que dans nos difficultés nous soyons paisiblement convaincus que tu veux nous conduire comme les disciples, nous éprouvant pour nous apprendre à crier à toi. Nous crions à toi dans ce moment, ô Éternel, notre Rocher et notre Rédempteur! Ne sois point sourd à nos supplications; donne-nous, selon ta promesse, d'être remplis de toute sorte de paix et de joie dans la foi, afin que nous abondions en espérance par la puissance du Saint-Esprit. Amen.


Table des matières
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1. Ésaïe XLI, 10. 14.