MATTHIEU, VIII, 28-fin.

Jésus à Gadara. - 1. Le démoniaque.

(Lire Marc, V, 1.20.)

 

Le récit que saint Marc et saint Luc nous font de ce même fait est beaucoup plus complet que celui de saint Matthieu, quoiqu'ils ne parlent que d'un seul de ces démoniaques, sans doute celui dont la condition était la plus affreuse. Il paraît que plusieurs démons exerçaient ensemble leur désastreuse influence sur ce malheureux; terrible image de la manière dont nos ennemis spirituels s'accordent contre nous, tandis que les chaînes et les fers au moyen desquels on avait vainement tenté de le contenir, nous montrent l'inutilité des efforts humains pour dompter le péché et changer le coeur. Jésus peut seul le faire, mais il le peut, et ce pauvre démoniaque en fit l'expérience; mais par quelle terrible lutte Satan le fit passer avant de le laisser s'échapper de ses mains! Le démoniaque avait couru se jeter aux pieds de Jésus dès qu'il l'avait aperçu; sans doute il voulait implorer son secours; et voilà qu'à peine la voix du Sauveur se fait entendre, commandant à l'esprit immonde de sortir, celui-ci se sert des lèvres mêmes du possédé pour repousser de tout son pouvoir l'action bienfaisante de Jésus ! Il se livre une lutte semblable dans le coeur de tous les pécheurs qui commencent à éprouver le désir de se donner à Jésus. Quels efforts que ceux du démon pour étouffer ce désir ou pour en retenir l'expression!

Comme il leur répète qu'il n'y a rien de commun entre eux et Jésus, qu'ils sont de trop grands pécheurs pour être reçus en grâce, qu'ils n'ont à attendre de lui que leur condamnation: « Es-tu venu pour nous perdre?» Cependant, lorsque, au fond du coeur troublé, bouleversé par tant d'impressions tumultueuses, Jésus voit une étincelle de foi, un faible mais sincère désir de recevoir sa grâce, il répond à cette foi et il exauce ce désir; il contraint les démons de lui abandonner la victime dont ils se croyaient sûrs, et en un instant toutes choses sont faites nouvelles., et nous voyons celui qui avait été possédé de la légion assis aux pieds de Jésus, écoutant sa parole; bien plus, nous le voyons, pressé par son zèle et sa reconnaissance, se mettre au service de celui qui l'a sauvé.

Jésus, qui avait dit au disciple chancelant : « Suis-moi, et laisse les morts ensevelir leurs morts, » répond au démoniaque guéri qui le supplie de le prendre à sa suite : « Retourne en ta maison, et raconte les grandes choses que Dieu t'a faites.» C'est qu'il le voyait assez ferme dans la foi pour devenir dans sa propre contrée un témoin vivant et irrécusable de la grâce du Dieu Sauveur. Il faut. que nous apprenions à faire ce que veut Jésus, non ce que nous pouvons préférer nous-mêmes. Il est doux, quand on a été sauvé par Jésus, de se tenir dans la contemplation de son amour; mais il ne faut pas que cette contemplation nous empêche de le servir et de le glorifier, en racontant à nos parents d'abord, puis à tous ceux que nous pourrons atteindre, « comment il a eu pitié de nous. »

 

PRIÈRE.

Seigneur, que chacun de nous prenne comme lui étant personnellement adressée la recommandation que tu fis au démoniaque guéri, et sente que les premiers, les plus urgents des devoirs que tu lui imposes, sont ceux dont sa vie de tous les jours, son humble vie de famille et ses relations les plus proches, lui fournissent l'occasion. Empêche-nous de nous chercher nous-mêmes dans ce que nous désirons faire pour ton service et pour ta gloire; que nous nous contentions de suivre fidèlement le chemin quel qu'il soit que tu nous traces jour après jour, sans vouloir aller plus loin que toi, comme aussi sans reculer devant ta volonté lorsqu'elle nous paraît difficile à accomplir. Exauce-nous, Seigneur, et rends-nous fidèles pour la gloire de ton saint nom. Amen.


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