MATTHIEU, VIII, 28-fin.

Jésus à Gadara. - 2. Les Gadaréniens.

(Lire Luc, VIII, 26-39.)

 

Les manifestations les plus frappantes de l'amour de Dieu, les appels de sa grâce, les témoignages de sa bonté, sont pour les uns une odeur de vie qui leur donne la vie, pour les autres une odeur de mort qui leur donne la mort; » parce que les premiers les reçoivent avec docilité et sont amenés au Sauveur par la foi, tandis que les seconds y ferment leur coeur et scellent ainsi leur condamnation. C'est ainsi que nous voyons la guérison du démoniaque avoir des résultats si différents pour cet homme et pour ses concitoyens. Les démons avaient demandé la permission de prendre possession des pourceaux qui se trouvaient près de là; leur but était sans doute, car tel est toujours le premier but du prince des ténèbres, d'entraver l'oeuvre du Seigneur en excitant contre lui la haine des propriétaires de ces pourceaux. Quel fut celui de Jésus en leur accordant leur demande? C'est ce que nous ne pouvons savoir positivement.

Ce qui semble le plus probable, surtout si l'on réfléchit que, dans ce temps-là, les Sadducéens, qui niaient l'existence des esprits bons ou mauvais, exerçaient autour d'eux une immense influence, c'est que Jésus voulut combattre leurs erreurs et rendre les Juifs attentifs à l'infernale action des démons, en leur prouvant que le démoniaque n'avait pas seulement été délivré d'une maladie physique. Quoi qu'il en soit, la fin de ces animaux immondes est une saisissante et effrayante image du sort qui attend les victimes de Satan, la destruction. Il peut les abuser pendant un temps; il peut se jouer d'eux en leur faisant trouver du plaisir aux « délices du péché; » mais un peu plus tôt ou un peu plus tard, « la fin de ces choses est la mort. » Pourquoi, hélas ! les pécheurs inconvertis ne veulent-ils pas voir le danger qui les menace? Pourquoi sont-ils tellement plus tranquilles que les démons eux-mêmes?

Les démons crient en tremblant : « Jésus, Fils du Dieu très-haut, ne nous tourmente point avant le temps ! » parce qu'ils savent qu'il y a « un temps déterminé » où ils seront envoyés, dans l'abîme : et pendant que la frayeur leur arrache cet hommage au Sauveur, que d'hommes qui sur la terre refusent à Jésus le titre de Fils de Dieu et se rient du jugement à venir!

Les Gadaréniens qui vinrent prier Jésus de s'éloigner d'eux parce qu'ils lui attribuaient la destruction de leurs pourceaux, montrèrent par là qu'ils n'étaient pas moins les sujets de Satan que les démoniaques eux-mêmes. Ils préféraient leurs pourceaux au Sauveur, comme tant d'autres lui préfèrent leur gain illicite, leurs convoitises et leurs passions charnelles. Jésus, qui offre à tous sa grâce, ne l'impose pas; quand on est fatigué de ses appels et qu'on lui dit : Retire-toi, il se retire; mais qu'auront à lui répondre ceux qui le traitent ainsi, lorsqu'il leur dira à son tour: « Retirez-vous de moi, maudits, et allez au feu éternel qui est préparé au diable et à ses anges » ?

 

PRIÈRE.

Seigneur notre Dieu, nous te supplions, au nom de tes compassions infinies et de ton amour eu Jésus, d'effrayer à salut tant de pauvres âmes qui sont au pouvoir de Satan sans le soupçonner elles-mêmes, et qui repoussent ta grâce parce que le prince de Ce monde les empêche d'en reconnaître le prix. Montre-leur quelle sera la fin de ces choses qui les séduisent et les éblouissent, et lorsqu'elles commenceront à en voir le néant et le danger, viens à leur secours, Sauveur puissant, pour les rendre capables d'y renoncer et de se donner à toi sans partage. Et nous-mêmes, qui connaissons ta grâce et qui savons que le Fils de Dieu a paru pour détruire les oeuvres du diable, que nous veillions attentivement sur nous-mêmes pour empêcher notre adversaire de remporter sur nous la moindre victoire, en nous faisant attacher nos coeurs aux choses qui sont sur la terre. Entends notre prière, et exauce-la pour l'amour de Jésus. Amen.


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