MATTHIEU, IX, 9-17.

Vocation de Matthieu.

 

L'état de péager était assez justement méprisé chez les Juifs, parce qu'il était reconnu que les péagers vivaient de rapine et de fraude; aussi Marc et Luc, en nous racontant la vocation de Matthieu, se taisent-ils sur sa profession. Mais ce qu'ils font par charité, l'humilité empêche Matthieu de le faire; c'est lui qui nous apprend que Jésus a poussé la miséricorde à son égard jusqu'à le retirer de l'abîme de péchés et de tentations où il vivait.

Voilà un touchant exemple d'humilité; de l'humilité qui ne désire rien autant que de glorifier Jésus, fallût-il pour cela faire mépriser son disciple. Il est intéressant aussi de remarquer l'intérêt de Matthieu, une fois converti, pour ses anciens collègues et compagnons de péché. Il les réunit à souper dans sa maison, pour leur donner l'occasion de connaître le Sauveur et de recevoir de lui le bien qu'il avait reçu lui-même; sa fidèle charité fut bénie, car ce fut ce souper qui donna à Jésus l'occasion de prononcer une des plus précieuses paroles qui soient sorties de sa bouche pour l'encouragement des pécheurs. « Ce ne sont pas ceux qui sont en santé qui ont besoin de médecin, ce sont ceux qui se portent mal. »

Ces Pharisiens, pleins de leur propre justice, trouvaient mauvais qu'un homme se disant envoyé de Dieu consentît à frayer avec des personnes perdues de réputation. Le point de vue auquel ils se plaçaient n'est-il pas, hélas ! celui auquel se placent de nos jours bien des gens qui se croient justes? A cause de cela, ils ne comprennent pas que les disciples de Jésus accueillent avec charité les pécheurs notoires qui cherchent à se rapprocher de l'Évangile. Eh bien, à ceux-là, à tous ceux qui partagent leur sentiment, Jésus dit : « Allez et apprenez ce que signifie cette parole : Je veux la miséricorde et non le sacrifice. » « Allez et apprenez : » il ne suffit pas de connaître à fond la Parole de Dieu et d'en pouvoir citer à propos des passages; il s'agit d'apprendre la signification de ces passages, de faire taire ses raisonnements et ses idées devant l'expression de la volonté du Seigneur, et d'obéir à cette volonté. Or, ceux qui comprennent le mieux la Parole de Dieu sont ceux qui y ont trouvé la condamnation de leurs péchés, et qui ont appris d'elle à recourir à Jésus. Il est venu « appeler à la repentance non les justes, mais les pécheurs, » et comme il n'y a pas de justes, non pas même un seul, » nous avons tous besoin de lui.

Que chacun de nous se demande donc s'il se sent malade, et s'il a appris à. recourir au vrai médecin. « Tel se fait riche qui n'a rien du tout (1), » dit la Sagesse éternelle ; et à ceux qui disent : « Je suis riche, je suis d'ans l'abondance et je n'ai besoin de rien, » le Témoin fidèle et véritable répond: «Tu ne connais pas que tu es malheureux, misérable, pauvre, aveugle et nu (2). »

 

PRIÈRE.

Daigne nous apprendre toi-même, ô notre Dieu, à comprendre ta sainte et bonne Parole, et à la comprendre par le coeur bien plus encore que par l'intelligence. Que nous sentions qu'elle s'adresse à nous-mêmes de ta part, pour nous mettre personnellement en communion avec toi, nous révéler ta volonté et nous faire chercher en Jésus la force qui nous est nécessaire pour l'accomplir. Nous savons qu'il y a du baume en Galaad pour la guérison de notre âme; nous savons qu'il y a un céleste médecin qui veut que nous, allions à lui dans nos misères : amène-nous à lui, Seigneur notre Dieu, et ne nous laisse pas de repos avant que nous ayons trouvé en lui la vie, la paix, la joie de notre salut. Fais ainsi pour nous ce que tu as daigné faire pour tous ceux que tu as amenés à la connaissance de Jésus. Nous te le demandons au nom de ce bon Sauveur. Amen.


Table des matières
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1. Prov., XIII, 7.

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2. Apoc., III, 17.