MATTHIEU, IX, 18-22. - MARC, V, 24-34.

Toucher Jésus.

 

N'était-elle pas bien digne de pitié, cette pauvre femme? Atteinte d'une maladie qu'elle n'osait avouer parce que la loi de Moïse enseignait à y voir une souillure, elle n'avait pas même pour consolation la sympathie qui fait tant de bien aux affligés, et depuis douze longues années voyait son mal augmenter sans cesse, en dépit des médecins et des coûteux remèdes qui l'avaient réduite à la pauvreté. Il en est ainsi du pécheur dont la conscience est réveillée, mais qui n'a pas encore cherché le pardon auprès de Jésus. Sa maladie à lui, sa honteuse maladie, est d'ancienne date et fortement enracinée; il en souffre., il en gémit, sans qu'aucun effort ou aucun sacrifice puisse le guérir; et pourtant, si rien n'arrête les progrès de cette terrible maladie, il le sait, il le sent, l'issue en sera la mort.

Mais grâce, grâce à Dieu, il y a un céleste médecin, il y a un remède infaillible; ce médecin, c'est Jésus, ce remède, c'est la foi; la pauvre femme de notre texte a éprouvé la vertu de l'un, le puissant amour de l'autre. Et dans son histoire nous avons un exemple frappant de cette vérité, que la foi, pour être efficace, n'a pas besoin d'être bien ferme, ni bien grande, ni bien éclairée, pourvu qu'elle soit sincère. Il se mêlait à celle de la femme malade beaucoup d'obscurités, quelque chose de superstitieux même, puisqu'elle croyait pouvoir être guérie par le seul contact du vêtement de Jésus et sans qu'il le sût. Mais pourtant, comme elle était sûre que Jésus pouvait la guérir, comme elle l'aimait déjà, et avec quelle profonde humilité elle s'approchait de lui, par derrière, pour toucher le bord de son vêtement! Elle le toucha et fut instantanément délivrée de son mal: ce qu'elle éprouva alors de joie et de reconnaissance, tout pécheur qui a trouvé la paix dans l'assurance que ses péchés lui sont pardonnés par Jésus, l'éprouve aussi et peut le dire.

La guérison accomplie, Jésus ne s'en tint pas là; il fit pour cette humble femme ce qu'il fait pour tous les pécheurs qu'une lueur de foi sincère a guidés jusqu'à lui : il transforma ce « lumignon fumant » en une flamme vive. La femme guérie dut se trahir elle-même et raconter ce qu'elle avait fait et obtenu, afin d'apprendre que ce qui l'avait sauvée c'était sa foi, ce n'était pas le bord du vêtement de Jésus; afin aussi d'avoir l'occasion de confesser et de glorifier son Sauveur. «Vous tous, qui craignez Dieu, venez, écoutez, et je raconterai ce qu'il a fait à mon âme. C'est lui qui a rendu la vie à notre âme (1). » Ce bord du vêtement de Jésus nous représente les moyens de grâce que Dieu met à notre portée, tels que la lecture de la Bible, le culte, 'la sainte Cène, les réunions d'édification. Utiles et bénis quand on les emploie dans la foi, parce qu'ils mettent ceux qui en usent en rapport avec le Sauveur, ils restent sans utilité pour tant d'autres à qui la foi manque. Aujourd'hui encore la foule environne et presse Jésus, mais combien peu le touchent!

 

PRIÈRE.

Fais à chacun de nous, ô notre Dieu, la grâce d'entendre au fond de son coeur cette précieuse parole : Va-t'en en paix, ta foi t'a guéri! que nous cherchions Jésus avec persévérance jusqu'à ce que nous l'avons trouvé, et que nous nous réjouissions dans l'assurance du saint qu'il nous a acquis par son sang. Seigneur, ne permets pas que nous prenions notre parti de nos maladies spirituelles et que nous nous accoutumions à vivre avec notre péché; donne-nous de le combattre énergiquement, nous rappelant qu'il sera plus demandé à celui qui aura plus reçu. Aide-nous à faire un fidèle emploi de tous les moyens de grâce que tu mets à notre portée; fais que, cherchant Jésus avant tout, nous trouvions Jésus dans toutes les circonstances propres à nous rapprocher de toi par lui, et que nous croissions réellement dans sa grâce et dans sa connaissance , nous te le demandons en son nom. Amen.


Table des matières
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1. Ps. LXVI, 16,9,