MATTHIEU, IX, 27-31.

Les deux aveugles.

(Lire Ps. XXX.)

 

Ces deux aveugles qui avaient une si grande grâce à demander à Jésus, attendaient probablement à la porte de la maison de Jaïrus le moment où le Sauveur en sortirait. Ils faisaient là ce que font tous ceux qui désirent sincèrement recevoir des bénédictions spirituelles; ceux-là cherchent le Sauveur partout où il peut être, et saisissent toutes les occasions possibles pour se rapprocher de lui et se mettre en rapport avec lui. Ils avaient bien compris, ou plutôt bien senti, ces pauvres aveugles, qu'ils n'avaient aucun titre, aucun' mérite, à présenter à Jésus. « Aie pitié de nous! » criaient-ils. Ce n'est que de la pitié du Sauveur que nous pouvons recevoir l'illumination de nos esprits obscurcis, nous qui sommes naturellement « ténèbres» : « Fils de David, aie pitié de nous, » oh! oui, aie pitié de nous!

La pitié de Jésus ne fait jamais défaut à qui l'invoque, précisément parce qu'il sait que nous ne pouvons avoir d'espoir qu'en elle. Et pourtant, quelle que fut sa compassion pour les deux aveugles, quoiqu'il voulut exaucer leur prière, il fit semblant de ne pas l'entendre au premier moment, et les obligea à le suivre, toujours criant à lui, jusqu'à la maison de Matthieu. Ils ne se lassèrent pas : ne nous rebutons pas non plus si Jésus ne parait pas tout de suite prêter l'oreille à nos requêtes. Il a son but, qui ne serait pas atteint si nous cessions de crier à lui.

Ce but, c'est de faire servir l'exaucement de nos prières à une autre bénédiction, l'affermissement de notre foi, qui, lorsqu'elle a été ainsi exercée, est plus forte, plus ferme, plus inébranlable qu'avant l'épreuve. « Croyez-vous que je puisse faire cela?» demanda Jésus en se retournant vers les deux suppliants. C'est comme s'il nous disait, quand nous sollicitons ardemment de lui quelque délivrance : Est-ce vraiment dans la foi que vous me priez, ou ne pensez-vous qu'à votre désir d'obtenir cette grâce? « Examinez-vous vous-mêmes : » « croyez-vous que je puisse faire cela? » La foi n'a pas besoin de beaucoup de mots pour répondre à cette question. Un seul : «Oui, Seigneur, » partant du coeur, témoigne en même temps de la confiance de ce coeur dans le pouvoir de Jésus, et de son acquiescement au moyen qu'il lui plaira d'employer.

Que de fois, dans la tentation, l'épreuve, la maladie, nous avons occasion de prononcer cet humble : « Oui, Seigneur!, » Que de fois Jésus nous dit : «Croyez-vous que je puisse faire « cela, » c'est-à-dire, croyez-vous que si je ne le fais pas, c'est parce que je sais mieux que vous ce qu'il vous faut? - « Oui, Seigneur. » - Et qu'ajoute Jésus? « Qu'il vous soit fait selon votre foi. » «Béni soit l'homme qui se confie en l'Éternel, et duquel l'Éternel est la confiance! Car il sera comme un arbre planté près des eaux, et qui étend ses racines le long d'une eau courante : quand la chaleur viendra, il ne s'en apercevra point, et sa feuille sera verdoyante (1).

 

PRIERE.

Seigneur notre Dieu, nous te disons souvent comme les deux aveugles : Aie pitié de nous! mais ne permets pas que nous te le disions jamais sans vraiment sentir combien nous avons besoin de ta pitié et de ta grâce. Ce sont tes compassions qui font que nous n'avons pas été consumés ; c'est parce que tu es le Dieu de toute grâce et le Dieu de paix que tu nous as donné un Sauveur; que dans le fond de notre coeur nous reconnaissions notre absolue misère devant toi, et nous fassions appel à ta miséricorde en Jésus ! De La grâce nous pouvons tout attendre; que nous en attendions les choses les plus merveilleuses, au lieu de donner des bornes au Saint d'Israël! Seigneur Jésus, tu es puissant et bon pour nous comme pour les deux aveugles : nous croyons que tu peux faire ce que nous te, demandons, tu peux nous éclairer et nous vivifier. Fais-le, et que toit oeuvre en nous te bénisse et te glorifie. Amen.


Table des matières
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1. Jér., XVII, 7,8.