MATTHIEU, IX, 32-fin; X, 1-15.

Les ouvriers dans la moisson.

 

Les derniers versets du chapitre IX de saint Matthieu doivent évidemment être réunis au chapitre qui suit. C'est parce que Jésus fut frappé de la nécessité de disperser des ouvriers dans la grande moisson spirituelle qu'il voyait mûre autour de lui, qu'il y envoya ses apôtres, leur donnant des recommandations que tous les chrétiens, et, dans un sens plus restreint, tous les ministres de l'Évangile, doivent serrer dans leur coeur et mettre en pratique. Parmi ces recommandations, il s'en trouvait une, celle de ne prêcher l'Évangile qu'aux Juifs, qui n'était que pour un temps; de même que parmi les dons accordés aux apôtres, il s'en trouvait un, celui de faire des miracles, qui devait cesser avec eux.

Les miracles étaient destinés à fonder sur la terre le royaume des cieux en amenant les âmes à la foi; maintenant que ce royaume est établi, ils ne sont plus nécessaires. En défendant à ses disciples de s'adresser aux païens et aux Samaritains, Jésus évitait de heurter trop directement les préjugés des Juifs; il ménageait les sentiments de ses apôtres, qui, Juifs eux-mêmes, ne comprenaient pas encore que les promesses faites à leurs pères s'appliquaient aussi à toutes les nations. Mais ce qui nous concerne tous aussi directement que les apôtres, c'est le devoir de mettre en pratique ce beau précepte : « Vous l'avez reçu gratuitement, donnez-le gratuitement; » ce qui signifie que ceux qui ont le bonheur de connaître le Sauveur et sa grâce, doivent regarder comme un devoir de le faire connaître autour d'eux.

Que d'âmes autour de nous qui s'avancent vers la mort sans même penser à leur salut! Comment seront-elles amenées à Christ, si tout chrétien ne s'efforce d'être un missionnaire dans sa sphère et selon ses moyens? Il y a peu d'ouvriers dans la moisson du maître; les pasteurs fidèles ne suffisent pas à leur tâche, et d'ailleurs la responsabilité de ce travail ne retombe pas seulement sur eux; nous en avons notre part. Connaissons-nous Jésus? Parlons de lui chaque fois que l'occasion s'en présente, et demandons au Seigneur de faire naître ces occasions sous nos pas; parlons de son amour, de la paix qu'il donne, des douceurs de son service; faisons-le en toute simplicité, sans fausse honte comme sans orgueil; donnons ou prêtons de bons livres; distribuons des traités religieux; prions, surtout, prions en croyant, et prenons garde que notre exemple ne fasse jamais douter de la puissance et de la sainteté de l'Évangile.

Nous l'avons reçu gratuitement, donnons-le comme nous l'avons reçu, sans attendre qu'on nous le demande, sans espérer qu'on nous en sache gré. « L'Esprit et l'Épouse disent: Viens; que celui qui l'entend dise aussi : Viens (1). » « Viens avec nous, et nous te ferons du bien .(2) »

 

PRIÈRE.

Seigneur notre Dieu, puisque tu es si bon que de vouloir de nous pour ton service, et que tu nous appelles à être. ouvriers avec toi, fais qu'aucun de nous ne repousse ce privilège, ou ne s'en rende indigne par sa paresse, sa langueur, sa crainte du monde. Qu'aucun de nous ne cherche des prétextes pour se tenir là tout le jour sans rien faire, puisque ni l'âge, ni la condition, ni la diversité des aptitudes, ne peuvent dispenser du devoir de s'en aller aussi à ta vigne.

Mais, Seigneur, pour que nous puissions donner gratuitement ce que nous avons gratuitement reçu, daigne nous accorder des grâces spirituelles toujours plus abondantes. Remplis-nous de foi, d'amour, de dévouement, donne-nous l'esprit de prière, donne-nous le renoncement au monde, afin que nous parlions par expérience de la joie que tes enfants trouvent en toi. Exauce-nous pour l'amour de Jésus. Amen.


Table des matières
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1. XXII, 17.

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2. Nombres, X, 29.