MATTHIEU, X, 30.

La Providence.

(Lire Ps. CXLVI.)

 

Revenons, pour l'étudier avec attention et le serrer dans notre coeur, sur ce doux mot du Sauveur à ses disciples : « Les cheveux mêmes de votre tête sont tous comptés. » Parmi les termes que le monde emprunte aux chrétiens et qu'il emploie sans les comprendre,. sans même se demander ce qu'ils signifient réellement, il en est peu dont il abuse autant que. de celui de Providence.

La Providence, les soins de la Providence, la confiance en la Providence, toutes ces expressions sont devenues, pour la masse des incrédules et des indifférents, un moyen commode de donner au langage une certaine couleur religieuse, trop faible cependant pour être remarquée par les gens qui tournent la piété en ridicule. Aussi le sens vague qu'on attache à ces mots est-il aussi éloigné de leur vrai sens, du sens vivant et pratique qu'ils ont pour l'enfant de Dieu en Jésus-Christ, que la terre est éloignée du ciel. Il n'est pas besoin d'être bien avancé dans la foi et dans la piété pour admettre d'une manière générale que Dieu, le bon Dieu, comme dit la multitude, prend soin de ses créatures, subvient à leurs besoins et dirige tous les événements de la terre.

Mais aller plus loin, entrer dans les détails, se voir soi-même, par exemple, dans une position difficile et se dire, avec conviction et paix, que Dieu est là, qu'il nous voit, qu'il prend soin de nous et nous invite à « nous décharger sur lui de tout ce qui peut nous inquiéter, » voilà ce qui est impossible au monde, parce qu'il n'a pas de. foi. Dieu ne s'occupe pas de ces choses-là, entend-on souvent répéter; nos affaires personnelles, nos préoccupations, nos intérêts, sont trop au-dessous de lui pour qu'il s'en soucie. Ah! que ceux qui tiennent ce langage connaissent peu le Dieu « vivant et vrai » qui règne sur la terre ! le Dieu qui a daigné créer les plus petites choses, et qui, par conséquent, ne dédaigne pas de veiller sur elles; le Dieu devant qui les plus grands événements humains ne sont rien, et pour qui, par conséquent, ces grands événements n'ont pas plus d'intérêt que les plus petits détails de la plus humble existence!

Pour le chrétien, qui sait qu'en Dieu il a un Père, Dieu est un Dieu qui ne trouve rien de trop petit pour s'y associer; qui contemple et surveille l'intérieur des familles aussi attentivement que l'émotion des peuples ; qui, en un mot, parce qu'il aime ses enfants, s'occupe d'eux et de ce qui les concerne au point de compter les cheveux de, leur tête. De quel amour humain pourrait-on dire cela? Quelle est la mère, fût-ce la mère la plus tendre, la plus dévouée, la plus vigilante, qui penserait à compter les cheveux de ses enfants? Eh bien! ce que ne ferait pas même l'amour maternel, l'amour de Dieu le fait. Comment ne sentirions-nous pas, quand Jésus nous a donné une pareille assurance, que nous pouvons et devons, en toute liberté filiale, l'associer à tout ce qui nous touche, à nos désirs, à nos efforts, à nos travaux, à nos difficultés?

 

PRIERE.

Oui, Seigneur, nous pouvons t'associer à toute notre vie, et nous voulons le faire, puisque tu es si bon que de vouloir prendre de nous un soin si vigilant. Voici, nous nous présentons devant toi, et nous nous remettons entre tes mains; tu vois et tu connais tous les plus petits détails de notre existence : dirige-les toi-même et apprends-nous à vivre pour toi et sous ton regard. Fais-nous réaliser ce qu'est la confiance, l'absolue confiance que tes enfants ont en toi; (lue dans les moments difficiles nous n'ayons pas de peine à calmer notre esprit et notre coeur par le sentiment intime et profond que ton oeil est arrêté sur nous, et que c'est toi qui nous conduis et nous protèges. Apprends-nous à croire à ton amour que rien n'égale et que, rien ne lasse, Nous te le demandons an nom de Jésus. Amen.


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