MATTHIEU, XI, 1-15.

Jean-Baptiste découragé.

 

Les hommes de Dieu les plus éminents ont eu leurs faiblesses que la Bible nous rapporte avec soin. Moïse, David, le pieux Asa, Ezéchias, Élie même, nous sont connus parleurs côtés faibles comme par leurs côtés forts. C'est qu'il entre dans le plan de ce Dieu qui tire le bien du mal, de faire servir les fautes mêmes de ses serviteurs à notre avancement spirituel, en nous montrant que les tentations qui nous assiègent ne leur ont pas été épargnées. S'ils ont dû lutter comme nous contre le péché, leur exemple, proposé à notre imitation, n'a pas lieu de nous décourager, comme il le ferait sans doute si nous pouvions les croire arrivés à un état de foi inébranlable et de sainteté absolue. Jean-Baptiste, qui avait déployé tant de dévouement, tant de fidélité, tant d'infatigable énergie dans ses efforts pour amener les âmes à Jésus, tomba lui-même dans le découragement et dans le doute lorsqu'il se vit prisonnier entre quatre murs, réduit à l'inaction la plus complète, abandonné même, semblait-il, de ce Jésus auquel il avait consacré sa vie. Abandonné de Jésus!

C'est là une de ces pensées d'incrédulité que Satan souffle à l'âme dans les moments difficiles où l'épreuve semble trop grande pour être surmontée, où le Seigneur cache sa face et parait sourd aux prières. Que faire quand ces doutes s'élèvent? Y prêter l'oreille? Ce serait se livrer pieds et poings liés au grand adversaire. Les repousser avec force? Sans doute; mais comme Satan ne se laisse pas vaincre aisément, il reviendra à la charge avec une désolante persistance. Que faire donc? Ce que fit Jean-Baptiste : les exposer à Jésus pour qu'il les dissipe. « Es-tu celui qui devait venir? » Cette question, adressée au Sauveur lui-même, témoigne à elle seule de la foi qui reste encore dans le coeur du disciple; et c'est à cette foi que Jésus répond et qu'il en appelle. Jean décidera lui même : celui qui accomplit les divers traits de la prophétie peut-il être un autre que le Christ promis?

Quand nous manquons de foi, disons-le simplement au Sauveur; disons-lui: Tu sais qu'il y a longtemps que je te demande telle grâce, telle délivrance, telle manifestation de ton amour ; tu ne parais pas m'entendre et cela me décourage. Dois-je croire en effet que tu ne m'entends pas? N'es-tu pas celui qui' devait venir ? N'es-tu pas mon Sauveur, le bon., le fidèle Sauveur qui veut que je compte sur lui? Jésus permet ces plaintes pourvu qu'elles s'adressent à lui-même, et il y répond; il éclaire et fortifie celui qui répand son coeur devant lui. Soyons surs que Jean ne douta plus après avoir reçu le message de son maître. « En toutes choses exposez vos besoins à Dieu... et la paix de Dieu, laquelle surpasse toute intelligence, gardera vos coeurs et vos esprits en Jésus-Christ. (1) »

 

PRIÈRE

Seigneur notre Dieu, il ne nous arrive que trop souvent d'être découragés comme ton serviteur Jean-Baptiste; tu sais combien facilement nous le sommes quand nous trouvons sur notre route des difficultés et des épreuves; quand tu n'exauces pas promptement nos prières et nous laisses demander souvent les mêmes grâces; quand, après avoir pris de bonnes résolutions, nous tombons dans des péchés qui nous font la guerre et dont nous t'avons pourtant supplié de nous délivrer. Seigneur, nous reconnaissons que nos découragements viennent de nous-mêmes et de ce que nous n'avons pas assez de foi pour compter fermement sur toi et La fidélité! Empêche-nous de contempler notre faiblesse et notre misère; fais-nous arrêter nos regards sur Jésus seul, et nous marcherons de force en force pour nous présenter devant Dieu en Sion. Nous t'en supplions au nom de notre Sauveur. Amen.


Table des matières

1. Phil., IV, 6, 7.