MATTHIEU, XI, 20-24.

Chorazin et Bethsaïda.

(Lire Deut., XXIX, 18-fin.)

 

Qu'il est solennel et terrible, ce jugement du Sauveur sur les villes dans lesquelles il avait prêché et fait des miracles sans qu'elles écoutassent sa voix ! Chorazin, Bethsaïda, Capernaüm, plus coupables, seulement à cause de leur incrédulité, que Sodome, Tyr et Sidon, ces villes dissolues, connues dans le monde entier pour les grossiers péchés de leurs habitants 1 -Ce n'est pas ainsi que juge le monde; le péché, pour lui, c'est le vol' le meurtre ou les autres crimes analogues, et quand les chrétiens veulent lui prouver que la Bible est autrement sévère et étroite, il les raille ou les repousse... Pauvre monde, comme on apprend à le connaître et à le prendre en pitié à mesure qu'on avance dans l'étude de la Parole de Dieu.

Le vrai péché, le péché qui résume tous les autres, c'est l'incrédulité, parce que le péché en lui-même est « la transgression de la loi, » la violation quelle qu'elle soit du commandement de Dieu, et que « c'est ici son commandement, que nous croyions au nom de son fils Jésus-Christ.» Nous ne sommes pas seulement invités à recevoir Jésus comme le Fils de Dieu, Dieu manifesté en chair, et comme notre Sauveur, il nous est commandé de croire en lui. Il en résulte que les gens les plus honnêtes et les plus aimables, ceux même qui donnent l'exemple de tout ce que le monde appelle des vertus, s'ils ne croient pas de coeur en Jésus, s'ils ne le reçoivent pas comme leur Seigneur, leur Sauveur et leur Dieu, sont aux yeux de Dieu tout aussi coupables que les plus grands criminels; plus coupables, si ces grands criminels n'ont pas eu les mêmes moyens de croire les mêmes appels à la foi. « Cette parole est dure, qui peut l'écouter? » dira la multitude; mais quand la Parole de Dieu est si explicite, que pouvons-nous faire, sinon la recevoir, quelque contraire à nos propres idées, quelque terrible et effrayante qu'elle soit?

Ah! laissons les contestations, « les vaines disputes de mots, » à ceux qui, pour s'étourdir eux-mêmes, discutent le sens et la portée des menaces de Jésus; prenons-les à la lettre pour qu'elles ne s'élèvent pas un jour en témoignage contre nous. Si nous, chrétiens protestants, qui possédons la Parole de Dieu et qui la lisons, qui entendons annoncer Jésus, qui pouvons si nous le voulons recevoir le Saint-Esprit, n'arrivons pas à la foi qui sauve, qui change le coeur et la vie, qui fait marcher dans la communion intime du Dieu trois fois saint, nous sommes plus coupables, plus dignes de l'enfer et plus sûrs d'y être jetés, que ne le sont peut-être ceux auxquels nous voudrions le moins être associés sur la terre. «Autant il y a de paroles de Dieu, elles sont Oui en lui et Amen en lui . » «Prenez garde à vous, de peur que votre coeur ne soit séduit... et que la colère de l'Éternel ne s'enflamme contre vous . »

 

PRIERE.

Seigneur notre Dieu, que nous avons lieu d'être humiliés lorsque nous comparons ce que nous sommes avec ce que nous devrions être, et ce que nous serions si nous laissions ton oeuvre en nous se développer librement! Puisqu'il sera plus redemandé à ceux auxquels il aura été le plus donné, quel compte n'aurons-nous pas à te rendre, nous qui possédons ta Parole et qui savons tout ce qu'il faut savoir pour aller à Jésus et pour le servir! Ne permets pas que le privilège de connaître ton Évangile soit seulement pour nous une responsabilité de plus; fais-nous vivre dans la pensée du jugement à venir, et que cette pensée, si solennelle même pour ton enfant en Jésus-Christ, ait sur nous une salutaire influence. Seigneur, fais-nous vivre ici-bas, spirituellement et extérieurement, comme nous voudrons avoir vécu lorsque nous comparaîtrons devant le tribunal de Christ. Nous te le demandons pour l'amour de lui. Amen.


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