EXODE, XXXIII, 18-fin; XXXIV, 1-10.

La bonté de l'Éternel passant devant Moïse.

 

Cet émouvant épisode de l'histoire de Moïse n'a-t-il pas une portée plus haute qu'il ne nous semble à première vue? Ne pouvons-nous pas y trouver préfiguré et annoncé en quelques mots tout ce que le Seigneur comptait faire, dans l'accomplissement des temps, pour nous révéler par la contemplation de sa bonté ce que nous pouvions connaître de sa gloire?

La prière de Moïse : «Je te prie, fais-moi voir ta gloire, » exprime un désir naturel à l'homme dans ses rapports avec Dieu; ce désir légitime, Moïse l'éprouvait parce qu'il souhaitait de croître dans l'amour et dans la connaissance du Seigneur : « nous savons que quand il paraîtra, nous lui serons faits semblables, parce que nous le verrons tel qu'il est. » Mais comme nous sommes des gens à courte vue, il nous arrive souvent d'aspirer, même pour de bons motifs, à ce qui ne peut nous être accordé, parce que nous ne sommes pas capables de le recevoir.

Voir la gloire de Dieu, la voir dans toute son étendue., sans voiles, ce serait voir de la sainteté, de la justice, de la puissance, de la grandeur de Dieu, bien plus que nous pécheurs, coupables, faibles, petits, ne pourrions supporter. Si Dieu n'avait pas atténué sa gloire pour s'accommoder à notre faiblesse, n'aurions-nous pas dû ,faire comme Adam et Ève, se cachant parmi les arbres du jardin? Dieu répond souvent aux prières de ses serviteurs en leur donnant ce qui leur vaut mieux que ce qu'ils demandent. «Montre-moi ta gloire, » avait dit Moïse. « Je te montrerai ma bonté, » répond le Seigneur. Il voile sa gloire sous sa bonté, pour que sa bonté nous révèle sa gloire; il veut par sa miséricorde nous amener à la contemplation de sa puissance, de sa justice et de sa sainteté. - Comment le fera-t-il? En nous envoyant Jésus, qui a «pris une forme de serviteur et s'est rendu semblable aux hommes.»

En Jésus, nous commençons par ne voir que l'amour de Dieu, sa miséricorde, sa grâce qui ne peut se résoudre à condamner le pécheur; en Jésus, nous apprenons à le regarder comme un tendre Père, que nous avons offense, mais qui nous invite à nous laisser réconcilier avec lui. Et quand nous avons ouvert notre coeur à Jésus, que nous avons mis en lui tout notre espoir et trouvé en lui notre refuge, alors cachés, pour ainsi dire, comme Moïse, dans une fente de «ce Rocher» qui est Christ, » nous voyons tout ce qu'il nous est bon et possible de voir de la gloire du Dieu d'Israël, de ses perfections les plus magnifiques et les plus écrasantes. Nous le voyons tel qu'il s'est révélé à Moïse : «le Dieu fort, pitoyable, miséricordieux, qui ôte l'iniquité, le crime et le péché, qui, » pourtant, «ne tient point le coupable pour innocent, » et fait tomber sur le Saint et le Juste « l'iniquité de nous tous. »

Voilà la gloire, la vraie gloire de Dieu, telle que nous pouvons la contempler dans une sorte de demi-lumière, voilée qu'elle est par l'humanité de Jésus, mais telle qu'un jour nous la contemplerons face à face, « alors que nous connaîtrons comme nous aurons été connus. »

 

PRIÈRE.

Seigneur notre Dieu, nous pouvons maintenant te présenter la même prière que Moïse, et te demander de nous montrer ta gloire, parce que nous pouvons la voir en Jésus et croître par cette contemplation. dans ta connaissance et dans la communion avec toi. Béni sois-tu de nous avoir donné Jésus, et béni sois-tu de tout ce que tu nous as donné et veux nous donner encore par Jésus! Seigneur, qu'en avançant dans la foi en ta bonté et en ta miséricorde, nous avancions aussi dans la foi en ta sainteté et en ta justice, qui ont rendu nécessaire le sacrifice de Jésus et qui font que nous ne pouvons avoir d'espoir de salut qu'en lui. Sauve-nous par lui et bénis-nous abondamment pour l'amour de lui. Amen.


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