EXODE, XV, 1-22.

Voyage des Israélites. 1. Le désert.

 

Le glorieux passage de la mer Rouge était à peine accompli, le cantique de louanges expirait à peine sur les lèvres de Moïse, que la colonne de nuée se remit en marelle., dirigeant les Israélites vers « le désert grand et terrible, » «pays de landes et de montagnes, pays aride et d'ombre de mort, pays où aucun homme n'avait passé et où personne n'avait habité (1a) » Souvent, quand une épreuve doit venir, un temps de joie la précède; par suite, quand nous sommes dans le calme et que tout semble riant et facile, nous pouvons nous dire que l'épreuve n'est pas loin. Il n'est pas difficile de comprendre pourquoi il en est ainsi.

En préparant l'épreuve pour nous, le Seigneur, dans sa miséricorde infinie, nous prépare pour elle; les temps de repos et de rafraîchissement ont pour but de retremper nos forces et notre courage, en nous montrant que si, dans la vie terrestre, la douleur domine, Dieu ne veut pourtant pas qu'elle envahisse tout notre être, et en nous disposant, par l'amour et la reconnaissance, à combattre et à souffrir avec un redoublement de foi. De même, l'épreuve qui suit la joie est destinée à nous empêcher de nous élever nous-mêmes, comme saint Paul reconnaissait qu'il l'aurait probablement fait sans son écharde en la chair. Si nous marchions longtemps dans la joie, le coeur au large et l'esprit libre de craintes, nous ne tarderions pas à penser que nous pouvons marcher seuls; et que deviendrions-nous? Il est bon de connaître par une filiale expérience le but de l'épreuve et sa mission sanctifiante, car, le moment venu, elle coûte à la chair; il est dur d'avoir à marcher contre ses désirs, ses penchants, sa volonté propre, comme les Israélites marchant pendant trois longues journées dans un désert aride sans y trouver d'eau.

Leur voyage vers la terre promise nous représente celui de l'enfant de Dieu vers la Canaan céleste. La joie que celui-ci éprouve quand, au moment de sa conversion, il se voit affranchi de la condamnation qui pesait sur lui, était celle des Israélites arrivés à l'autre bord de la mer Rouge et se voyant délivrés de leurs oppresseurs. Pénétré des grâces de Dieu à son égard, heureux et confiant dans son, .amour et sa reconnaissance, il entrevoit la vie chrétienne comme un chemin étroit, sans doute, mais doux et facile, où le sentiment de la présence et du secours du Seigneur doit « le faire passer comme à cheval sur les lieux haut élevés. » De même, les Israélites, au sortir de la mer Rouge, croyaient peut-être avoir franchi le pas le plus difficile, et n'avoir qu'à marcher paisiblement sous la conduite de la colonne de nuée. Hélas! ils avaient le désert à parcourir... Oui, mais n'oublions pas que ce fut pour avoir douté de Dieu et de la réalité de ses promesses qu'ils eurent à reconnaître pendant quarante ans que Dieu avait « interrompu le cours de ses bénédictions sur eux (1b) » Il ne cessera pas d'épuiser sur nous la bénédiction tellement que nous n'y pourrons pas suffire (2) « si nous retenons ferme jusqu'à la fin ce qui nous soutient dès le commencement (3). »

 

PRIÈRE.

Seigneur, donne-nous de retenir la profession de notre espérance sans varier; que chacun de nous la serre dans son coeur et l'applique au détail de sa vie. Il en coûte de marcher dans les difficultés et les épreuves de tous genres; tu le sais, Seigneur Jésus, toi qui as été tenté comme nous en toutes choses; mais nous sommes assurés que ton but, en nous traçant notre chemin comme tu le traces, est un but d'amour, que nous comprendrons un jour et dont nous te bénissons dès maintenant. Veuille nous fortifier, Seigneur, en toi et dans la puissance de La force, pour que le courage, la soumission, la confiance joyeuse en toi ne nous fassent jamais défaut! Et en nous donnant les forces que nous n'avons pas par nous-mêmes, rends-nous reconnaissants pour les joies que tu nous accordes et les épreuves que tu nous épargnes. Nous te prions au nom de Jésus. Amen.


Table des matières
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1a. Jér., II, 6.

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1b. Nombres, XIV, 34.

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2. Mal. III, 10.

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3. Hébr. III, 14.