EXODE, XV, 23-26.

Voyage des Israélites. 2. Mara.

(Lire Jér. II, 12-19.)

 

Avec quelle ardeur les Israélites soupiraient après une source d'eau! et quand enfin ils en découvrent une, vers laquelle ils se précipitent haletants, fatigués, épuisés, ces eaux se trouvent si amères qu'ils ne peuvent en boire ! Quelle déception ! et quelle souffrance dans ce retour à, une épreuve dont on croyait sortir! Ne nous arrive-t-il pas souvent ce qui arriva aux Israélites? Pendant notre passage à travers le désert de ce monde, nous sommes si portés à nous attacher, à des espérances illusoires, à des créatures qui nous font défaut, à des secours qui ne sont que des roseaux cassés; si portés à nous jeter sur le breuvage que nous croyons propre à assouvir notre soif de bonheur ou d'affection, et qui se trouve n'être qu'une eau de Mara !

Souvent même cette eau n'est pas amère en elle-même, mais Dieu permet qu'elle nous paraisse l'être pour que nos déceptions nous amènent à lui; souvent une chose que nous avons désirée avec passion nous semble, lorsque nous l'avons obtenue et sans qu'elle ait changé en rien, tout autre que nous ne la voyions à distance, tellement que nous nous demandons ce qui a pu nous la faire souhaiter si ardemment. C'est que le Seigneur veut nous montrer notre folie, et nous faire sentir que nous attirons sur nous des maux quand nous commettons ces deux péchés, « de l'abandonner, lui la source des eaux vives, et de nous creuser des citernes crevassées qui ne peuvent contenir d'eau. »

« Et le peuple murmura. » Ah! le moment de l'affliction est vraiment un temps d'épreuve. C'est alors qu'on voit « la différence entre celui qui sert Dieu et celui qui ne le sert pas; » on ne joue pas avec la souffrance, et quand on souffre, on ne se fait pas illusion sur soi-même, on ne donne pas le change aux autres sur sa piété. Les enfants de Dieu eux-mêmes ont à lutter contre des tentations à la révolte, quand leur coeur est tout à coup déchiré; comment une piété toute d'apparence et d'emprunt résisterait-elle à de pareilles secousses? Mais à quoi sert de murmurer?

Jamais les murmures n'ont consolé, n'ont allégé la tristesse; - le seul moyen auquel nous puissions avoir recours, c'est celui qu'employa Moïse pour adoucir les eaux de Mara: « crier à l'Éternel. » «Déchargez-vous sur lui et répandez votre coeur en sa présence. » C'est ce qu'il veut; et quand il nous a amenés là, sa paix et les consolations du Saint-Esprit viennent rendre douces nos eaux les plus amères. « Il m'invoquera et je l'exaucerai; je serai avec lui dans la détresse, je l'en retirerai et le glorifierai (1) »

 

PRIERE.

Seigneur, nous avons besoin que tu nous apprennes toi-même, et jour après jour, cette leçon difficile, que ne pouvons et ne devons donner notre coeur qu'à toi et aux choses du ciel, au lieu de nous amasser des trésors sur la terre, où les vers et la rouille gâtent tout et où les larrons percent et dérobent. Détache-nous de la terre, ô notre Dieu! Emploie pour cela les moyens qu'il te plaira d'employer; quels qu'ils soient, quelque douloureux qu'ils puissent paraître à notre chair, nous les accepterons dans la foi, sachant que tu mesureras toujours l'épreuve à nos forces, et que tu nous épargneras, selon ta promesse, comme un homme épargne son fils qui le sert. Seigneur, que malgré notre péché, notre endurcissement, nos rechutes continuelles, la faiblesse de notre foi, la langueur de notre amour, nous ayons le sincère désir de t'aimer en premier lieu et de recevoir comme de ta main les épreuves que tu jugeras nécessaires pour nous : accomplis à notre égard ton oeuvre de grâce en nous donnant le Saint-Esprit au nom de Jésus. Amen.


Table des matières
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1. Ps. XCI, 15.