JOSUÉ, VII.

L'interdit.

 

Hacan s'était dit, sans doute, en cachant dans sa tente un manteau de Sinhar, un lingot d'or et une somme d'argent : C'est si peu de chose que cela passera inaperçu, et quand je serais découvert, ce n'est pas pour cela que je pourrais être sévèrement puni. Raisonnements ordinaires, raisonnements qui séduisent... mais raisonnements trompeurs; nous savons à quel résultat ils ont conduit Hacan. La Parole de Dieu ne nous dit-elle pas souvent à nous-mêmes: «Il y a de l'interdit au milieu de toi, ô Israël » ?

L'interdit, c'est tout ce qui empêche le Seigneur de nous bénir, parce qu'il ne voit pas notre coeur droit devant lui. il y a, entre l'interdit et le péché quel qu'il soit, cette différence, que nous pouvons être tentés de commettre un péché honteux et grave, et lutter contre ce péché, tandis que nous tolérons et gardons l'interdit parce que nous l'aimons. Hacan se contentait de ne pas montrer ce qu'il avait dérobé, mais il le gardait soigneusement, ne répondant, sans doute, aux reproches de sa conscience qu'en enfouissant l'interdit un peu plus profondément dans le sol sous sa tente, c'est-à-dire en se rendant un peu plus difficile d'y renoncer.

L'interdit, pour nous, est un sentiment d'animosité ou de rancune qu'on cache à tous les regards, qu'on ne montre pas même au Seigneur, parce qu'on sait bien qu'il faudrait alors l'abandonner coûte que coûte, et qu'on tient à le conserver. C'est une habitude de paresse, ou de vanité, ou de gourmandise, qu'on est seul à connaître, à laquelle on sent qu'il vaudrait mieux renoncer, mais qu'on chérit, qui est peut-être devenue une seconde nature, et qu'on ne demande pas même au Seigneur d'enlever, parce que ce serait se mettre soi-même dans l'obligation de la combattre. C'est un goût prononcé pour de certaines sociétés qui sans être positivement mauvaises, ne peuvent faire taire aucun progrès dans ta sanctification et font perdre un temps précieux; mais elles offrent tant d'attraits qu'on n'examine même pas s'il faut ou non les fuir, de peur de se voir obligé de le faire.

Les péchés de ce genre semblent insignifiants en eux-mêmes; remarquons cependant que, pour ce qui concerne les chrétiens sincères, les péchés grossiers ne risquent pas d'être tolérés ou regardés avec complaisance, tandis que Satan se sert d'armes presque invisibles pour faire plus sûrement des ravages dans le coeur. Un tout petit péché qu'on connaît et qu'on aime, est sans contredit plus funeste pour l'âme qu'une forte tentation ; il empêche de prier; il empêche le Seigneur de bénir, il empêche de combattre avec la force du Seigneur, et il en résulte des chutes, des défaites , des conséquences plus terribles encore que la déroute des Israélites devant Haï. «Donnez-vous garde de l'interdit, de peur que vous ne vous mettiez en interdit. (1

 

PRIÈRE.

0 notre Dieu! tu sondes les coeurs et les reins, tu nous connais mieux que nous ne nous connaissons nous-mêmes, et tu vois certainement en nous bien des péchés et des interdits que nous ignorons, à côté de tous ceux dont nous nous apercevons nous-mêmes. Ouvre nos yeux, Seigneur, sur notre misère spirituelle, afin que la triste vue de ce que nous sommes en réalité devant toi, nous humilie à salut. Nous te demandons aujourd'hui, d'une manière toute spéciale, d'ôter de notre coeur tout interdit qui pourrait s'opposer à ton oeuvre en nous. S'il est en quelqu'un de liens un péché auquel il n'a pas encore eu le courage de renoncer, donne-lui ce courage et cette fidélité qui lui manquent, et aide-le à retrancher maintenant même son interdit, pour que tu puisses le bénir et lui faire faire des progrès dans ta grâce. Nous t'en supplions au nom et pour l'amour de Jésus. Amen.


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1. Jos , VI, 18.