JUGES, VI, 1-28.

Gédéon.

 

Comment ne sommes-nous pas plus forts, plus fermes, plus inébranlables dans nos combats contre le péché, contre nos tentations intérieures et extérieures, quand nous savons que, «toutes choses ayant été écrites autrefois pour notre instruction., » nous devons prendre pour nous les paroles du Seigneur à Gédéon dans ce beau passage?

Comment nous laissons-nous aller au découragement parce que les choses nous semblent difficiles, les croix pesantes, les adversaires nombreux, et nous-mêmes trop faibles, trop vite lassés, trop peu fidèles? Quelle oeuvre que celle dont Gédéon se voyait chargé ! et pour devenir l'objet du choix de Dieu, était-il donc doué d'une énergie remarquable ? Non-seulement il pouvait dire lui-même : «Mon millier est le plus petit de Manassé, et je suis le plus petit de la maison de mon père, » mais encore l'historien sacré nous apprend qu'il n'avait pas osé aller détruire de jour l'autel de Bahal, « parce qu'il craignait la maison de son père et les gens de la ville. » Sa piété, du moins, était-elle propre à lui tenir lieu du courage qu'il n'avait pas?

Combien sa foi devait être peu affermie et peu éclairée, pour qu'il eût tellement besoin de constater par des signes visibles et réitérés que c'était bien l'Éternel qui lui parlait, qui lui promettait du secours, et que l'Éternel était puissant pour lui donner ce secours ! Non, Gédéon en lui-même n'était à aucun égard plus fort que le plus faible des enfants de Dieu, et c'est précisément ce qui rend son histoire si particulièrement instructive et encourageante pour nous.

D'où vient donc qu'en l'abordant l'Ange de l'Éternel lui dit: « Très-fort et vaillant homme » ? De ce que « l'Éternel était avec, lui; » avec lui justement pour le rendre très-fort et vaillant, selon qu'il avait besoin de l'être pour accomplir son oeuvre; du moment que Dieu l'appelait à cette oeuvre, il le préparait pour elle. Les versets suivants nous l'expliquent : « Va avec cette force que tu as, - le Seigneur savait que Gédéon n'en avait pas beaucoup, «parce que je serai avec toi, tu frapperas les Madianites.»

La présence de Dieu, la force de Dieu, se développant dans notre faiblesse et la transformant en force, selon qu'il est écrit : « Quand je suis faible, alors je suis fort, » - voilà la leçon qui ressort pour nous de l'histoire de Gédéon. Le Seigneur l'apprit à Gédéon lui-même lorsqu'un pou plus tard il lui dit: « Le peuple qui est avec toi est encore trop nombreux pour que je livre Madian en leur main, de peur qu'Israël ne se glorifie contre moi en disant: «Ma main m'a délivré.» Ainsi le Seigneur non-seulement ne veut pas que nous nous attribuions la gloire qui revient à lui seul, mais ne veut pas que nous soyons tentés de le faire; et assurément, si Gédéon n'avait pas été la faiblesse même, Dieu ne l'aurait pas choisi pour l'oeuvre qu'il lui confia. Serrons donc dans notre coeur l'exemple que Dieu nous donne en lui.

 

PRIERE.

Nous sommes bien faibles, bien petits, bien misérables , Ô notre Dieu; mais nous savons, nous croyons que ce sont là les conditions les plus favorables au développement de ton oeuvre en nous et à l'accomplissement de ton oeuvre par nous. Tu nous dis que nous n'avons qu'à compter sur toi, sur ta grâce qui nous suffit, sur ta vertu qui manifeste sa force dans l'infirmité. Eh bien, Seigneur, nous voici tels que nous sommes : réalise maintenant les espérances que nous fondons sur ta promesse, change notre faiblesse en force, notre pauvreté en richesse, notre lâcheté en courage, notre langueur en dévouement, notre incrédulité en foi! Que notre misère absolue nous amène sans cesse à toi, et nous fasse réellement sortir de nous-mêmes pour ne regarder qu'à toi, mais aussi pour attendre de toi tout ce que tu donnes à qui sait qu'il n'a rien. Nous t'en supplions au nom de celui qui nous a tout mérité de ta part. Amen.


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