II ROIS, V, 1-15.

Naaman le lépreux.

 

Pourquoi Naaman sortit-il tout en colère de devant Élisée ? N'était-il pas venu lui demander un moyen de guérir sa lèpre, et Élisée ne lui avait-il pas indiqué ce moyen? N'était-il pas décidé, quand il avait quitté son pays pour venir consulter le prophète, à faire ce que celui-ci lui dirait? Oui; mais, le moment venu, il avait jugé que le remède qui lui était prescrit était au-dessous de sa dignité comme trop simple, trop facile, trop peu en rapport avec sa haute position sociale, avec sa grande fortune, avec son titre d'ami particulier du roi de Syrie. Si le prophète avait exigé de lui de grands sacrifices d'argent, de grandes fatigues, de grands efforts, s'il lui avait conseillé quelque traitement douloureux, Naaman se serait volontiers soumis à ce traitement, heureux de l'espoir d'être enfin guéri de son affreuse maladie, et jouissant de l'idée qu'il pourrait dire un jour : J'ai fait ceci, j'ai supporté cela, rien ne m'a coûté, et je suis guéri.

Trouver le remède trop simple, quelle illusion! Élisée demandait à Naaman un sacrifice bien au-dessus de ceux qu'il était préparé à faire, un sacrifice pour lequel il lui fallait beaucoup plus de courage, beaucoup plus de résolution et d'efforts sur lui-même, qu'il ne lui en aurait peut-être fallu pour se soumettre à une opération douloureuse : le sacrifice de ses idées particulières et de son orgueil. Naaman crut qu'Élisée ne se mettait pas assez en peine de l'hôte illustre qui l'honorait de sa visite; ne jugeant pas que ce que lui disait l'homme de Dieu fût possible, il ne pouvait se résoudre à essayer de ce moyen si simple, se donnant ainsi en spectacle, et s'exposant au ridicule de son entourage si, comme il le pensait bien, le Jourdain ne se trouvait pas plus propre à guérir la lèpre qu'Abama et Parpar, fleuves de Damas.

Cette histoire de Naaman est celle de bien des gens, lie- las ! c'est l'histoire de tous ceux qui se refusent à admettre que pour être sauvé, il suffise de croire en Jésus et de se laver spirituellement dans son sang. Bien souvent des personnes consciencieuses, inquiètes du sort de leur âme et pénétrées de leur état de péché, demandent comme le geôlier de Philippes : «Que faut-il que je fasse pour être sauvé?» et pourtant n'arrivent pas à la paix de l'âme et à l'assurance de leur salut. C'est qu'elles n'ont pas voulu recevoir la réponse de saint Paul : « Crois au Seigneur Jésus, et tu seras sauve. »

Elles auraient entrepris des oeuvres difficiles, elles se seraient imposé des sacrifices ou des privations; mais renoncer à elles-mêmes jusqu'à n'attendre rien de leurs efforts, c'est ce dont elles n'ont pas le courage, et plutôt que d'essayer humblement la valeur du remède, elles aiment mieux dire - C'est impossible. Impossible 1 et pourtant c'est la seule chose à faire, et Dieu, qui demande à l'homme ce sacrifice-là, n'en acceptera pas d'autres; mais celui-là fait, de quelle grâce il est suivi, de quelle délivrance, de quelle joie!

 

PRIÈRE.

Accorde à chacun de nous cette grâce inappréciable, cette grâce qui surpasse toutes les autres, la grâce d'ouvrir son coeur à l'annonce de ton merveilleux amour en Jésus, Ô notre Dieu! Sois béni de ce que le salut est si près de nous, de ce que nous n'avons pas besoin, pour y atteindre, de ces efforts dont nous ne serions pas capables; sois béni de ce qu'il n'y a qu'à croire au Seigneur Jésus pour être sauvé, et sauvé pleinement! Mais nous éprouvons le besoin de te prier pour tant de pauvres âmes qui ne peuvent se résoudre à accepter le salut par grâce, parce qu'elles tiennent à leur propre justice et ne se voient pas complètement misérables et pécheresses comme elles le sont à tes yeux. Éclaire-les, Ô notre Dieu, humilie-les à salut, et fais-leur faire la bienheureuse expérience qu'ont faite Naaman et tant d'autres; nous te le demandons au nom de ce Jésus qui veut leur salut et leur bonheur. Amen.


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