PSAUME LVI, 13,

« Ne garderas-tu pas mes pieds de broncher? »

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Le pécheur que la grâce de Dieu a retire de la profondeur du sépulcre n'en a pas été retiré seulement pour rester penche sur le bord de cet abîme, et nourrir jour après jour sa reconnaissance de la contemplation du danger auquel il a échappé.

Sans doute cette contemplation est nécessaire, mais elle ne suffit pas. Arrache au diable, le pécheur passe en la puissance de Dieu; il faut qu'il « se donne à Dieu, comme étant devenu vivant, de mort qu'il était » et qu'il « offre son corps en sacrifice vivant, saint et agréable à Dieu, ce qui est son service raisonnable », «Lève-toi, sois illuminée, » dit le Seigneur à toute âme qui a «été couchée dans les ténèbres», « fortifie-toi et prends courage. » Ah! le courage parait facile à prendre quand on est encore dans la ferveur du premier amour, dans la première extase de la reconnaissance. C'est avec joie qu'on « ceint ses reins de force» et qu'on « fortifie ses bras, » c'est avec enthousiasme qu'on se range sous la bannière du chef de notre salut pour marcher contre ses ennemis et combattre le bon combat de la foi.

Comme il semble facile et doux alors de suivre Jésus dans la voie de l'obéissance, de la sainteté, du sacrifice, de le suivre en portant sa croix ! Mais hélas ! même en christianisme, l'enthousiasme n'est pas toujours un conseiller bien sûr et auquel on puisse se livrer sans danger. Il nous montre souvent sous de trop riantes couleurs ce qui est, vu de près, une réalité pleine de force et de vie, mais pourtant sérieuse, presque austère : la réalité de la lutte, de la souffrance, du renoncement, de la croix; la réalité du péché, hélas ! qui, sans avoir domination sur nous, quand nous sommes au Seigneur, n'abandonne qu'à regret son empire et nous fait sentir sa puissance aussi longtemps que nous habitons ce corps de mort. Qu'en résulte-t-il?

C'est qu'à l'ardeur avec laquelle nous nous sommes mis en marche pour suivre l'Agneau succède souvent un découragement profond, parce que nous sommes étonnés de trouver la vole si étroite, le chemin si escarpé, les croix si pesantes, les tentations si difficiles. Mais ce découragement ne dure pas, et ne peut pas durer, pour celui envers qui s'exerce la discipline du Saint-Esprit. Bientôt il apprend à tirer de ses chutes mêmes un enseignement précieux; il apprend que le secours d'en haut lui est aussi nécessaire pour courir dans la voie des commandements de Dieu qu'il lui a été indispensable pour échapper aux pièges de son adversaire. Son ardeur fait alors place à un dévouement non moins sincère, mais plus calme et par là plus réel, sa témérité se change en humilité, et au lieu de s'écrier avec Pierre : « Quand même tous les autres t'abandonneraient, je ne le ferais pourtant pas, » il dit avec David : « Puisque tu as retiré mon âme de la mort, ne garderas-tu pas mes pieds de broncher?

Voilà la foi; la foi qui garantit notre fidélité au Seigneur, parce qu'elle s'appuie sur la fidélité du Seigneur à notre égard. Ne craignons rien : « celui qui est en nous est plus puissant que celui qui est dans le monde, » et par lui, dès ici-bas, « nous sommes plus que vainqueurs (1). »

 

PRIÈRE.

Oui, Seigneur, nous nous remettons entre tes mains, te priant humblement de faire pour nous et par nous l'oeuvre qui t'est agréable, et nous reposant pour toutes choses, pour notre éternité comme pour notre vie présente, sur ta fidélité pleine d'amour. Nous sommes à toi parce que tu nous as rachetés à grand prix: nous désirons te servir toi seul et te glorifier dans nos corps et dans nos esprits qui t'appartiennent. 0 toi qui nous as mis an coeur ce désir, poursuis et achève en nous le bon plaisir de ta volonté; tu t'es chargé de nous, daigne subvenir à tous nos besoins, en nous donnant la foi, la fidélité, la sainteté , les lumières et le courage qui ne se trouvent qu'en toi. Amen.


Table des matières

1. Rom., VIII, 37