PSAUME CIII, 15, 16.

La brièveté de la vie.

(Lire Psaume XC.)

 

« Les jours de l'homme mortel sont comme l'herbe... car le vent étant passé par-dessus, elle n'est plus. » Que de fois nous avons lu ou entendu répéter ce passage ! est-ce à dire que nous l'ayons vraiment serré dans notre coeur, que nous en ayons retiré des fruits de sérieux de foi, de sanctification? Parmi les étranges contradictions qui frappent dans le monde l'observateur attentif, il en est peu de plus étranges que la légèreté avec laquelle on parle de la brièveté de la vie, de la fragilité des apparences humaines, même parmi les gens qui pensent le moins volontiers à la mort, et qui, en effet, ont le moins de raisons pour y penser avec calme et sérénité.

Comment est-il possible que ceux qui n'ont pas trouvé en Jésus, pour leur propre compte, le chemin, la vérité et la vie; ceux qui, s'ils entendent raconter telle on telle scène de mort, disent : «Changeons de conversation, ce sujet-là est trop lugubre; » ceux surtout qui,. si on leur parlait sérieusement et tranquillement de leur mort à eux, frissonnéraient de la tête aux pieds ou vous imposeraient silence; que ceux-là disent si souvent en plaisantant qu'ils ne s'occuperont plus dans cent ans de ce qui se passera sur la terre, qu'ils ne se soucient pas d'arriver à un âge très- avancé, qu'on est heureux de mourir pour échapper aux chagrins de la vie?

C'est ce qui semblerait inexplicable si l'on n'en trouvait l'explication dans la perfide habileté avec laquelle Satan aveugle l'esprit et séduit le coeur pour en bannir les pensées sérieuses et les sentiments favorables à la piété. Dieu nous préserve d'être assez insensés pour tomber dans ces pièges de notre adversaire ! Dieu nous garde dans la vraie sagesse, en nous faisant vivre dans la réalité, la sérieuse réalité de la vie ! Cette réalité, pour le chrétien, n'est pas effrayante comme pour l'homme du monde, car il se confie en Dieu, que craindrait-il? « Mes temps sont en la main. »

Mais elle est pourtant sérieuse et solennelle, elle ne fait nullement partie des choses dont on peut parler avec insouciance; il est vrai, simplement et tristement vrai, que « les jours de l'homme mortel sont comme l'herbe, qu'il fleurit comme la fleur d'un champ, car le vent étant passé par-dessus, elle n'est plus, et son lieu ne, la reconnaît plus.» Il est vrai que nous ne pouvons pas plus nous attacher nous-mêmes à la terre, puisque d'un jour à l'autre nous pouvons être appelés à la quitter, que nous ne pouvons mettre fortement nos coeurs à l'affection de créatures aussi fragiles que nous.

En résulte-t-il que nous devions n'aimer qu'avec tremblement ceux que Dieu nous donne à aimer, et gâter nos bénédictions par la crainte du déchirement inévitable? Non. C'est là l'effet que la perspective de l'épreuve aurait pour les gens du monde; mais pour le chrétien, à la pensée de la fragilité de sa propre vie et de celle de ses bien-aimés se joint immédiatement la pensée de « la miséricorde de l'Éternel, qui est de tout «temps sur ceux qui le craignent. » Quand on sait, quand on sent qu'on a soi-même part à cette profonde et tendre miséricorde, comment ne pas être confiant, paisible, joyeux, même en se livrant aux plus sérieuses pensées?

 

PRIÈRE.

0 notre Dieu, que la pensée de la mort, si solennelle, mais si réellement dépourvue d'amertume, si douce même pour ton enfant en Jésus, ait sur nous l'influence bénie qu'elle doit avoir selon ta volonté. Qu'elle nous empêche de trop attacher notre coeur à la terre et aux fragiles biens de la terre, à nos affections, à nos jouissances de toutes sortes, à notre propre vie. Fais-nous marcher comme des bourgeois des cieux, qui savent qu'ils n'ont pas ici de cité permanente, mais qui ne se bornent pas à le savoir, et cherchent la cité qui est à venir et de laquelle tu es l'architecte et le fondateur. Que chacun de nous, par ta grâce en Jésus, vive avec la paisible et inébranlable assurance que Jésus prépare pour lui et pour les siens une place choisie dans la maison de son Père. Amen.


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