« Celui qui arrose sera lui-même arrosé. » (Lire Ésaïe, XLIX, 1-11.)
Un voyageur chrétien, perdu dans les montagnes pendant une nuit de tempête, accablé de froid, de fatigue, de sommeil, incapable de chercher plus longtemps sa route, finit par se laisser tomber à terre, quoiqu'il sût que dans un tel moment l'inaction serait pour lui la mort. Il recommanda son âme à son Sauveur, envoya une dernière pensée à sa famille, et ferma les yeux. Tout à coup, il entendit des gémissements près de lui; la surprise et la compassion le tirèrent de sa dangereuse stupeur; il trouva dans sa charité la force de secouer l'engourdissement de la mort, se leva, fit quelques pas, se vit en présence d'un homme qui venait, lui aussi, de tomber épuisé, oublia sa propre agonie pour ne songer qu'au péril de ce malheureux, l'encourager, l'aider à se relever, le soutenir dans sa marche, finit par retrouver avec lui le sentier qu'il avait perdu, et se sauva lui-même en sauvant son frère. Cette histoire n'est-elle pas profondément touchante?
Eh bien ! il y a là plus qu'un récit sublime à ajouter aux annales de la charité; il y a même plus qu'un appel à la confiance en ce Dieu qui aime à bénir les dévouements et les efforts de l'amour; il y a un commentaire pratique de ces paroles de notre texte : «Celui qui arrose sera lui-même arrosé. » Ce que ce voyageur fit par pitié pour son frère, et afin de lui conserver la vie terrestre, c'est ce que nous sommes appelés à faire, si nous connaissons le Seigneur, par pitié pour ceux qui périssent loin de lui, et afin de leur rendre la vie de leur âme. Il doit nous suffire, pour que nous y apportions tous nos soins, de savoir que « telle est la volonté de « Dieu en Jésus-Christ à notre égard. » Mais pourtant le Seigneur ne se borne pas à nous donner ce commandement: il y joint les plus précieuses promesses; il nous dit, pour la vie à venir, que « ceux qui en auront amené plusieurs à la justice« luiront comme les étoiles, à toujours et à perpétuité », et pour la vie présente, que «celui qui arrose sera lui-même arrosé. »
On l'a dit avec raison : L'exercice est à la fois le meilleur préservatif et le meilleur remède dans une foule de maladies spirituelles; plus d'un chrétien qui, pour avoir oublié son premier amour et s'être laissé entraîner à de petites infidélités, avait peu à peu perdu sa paix profonde, sa foi ferme et sa ferveur d'esprit, a tout à coup senti son ancienne foi se réveiller et une étincelle d'amour se ranimer en lui à la vue du danger que courait une autre âme, est revenu à la prière en priant pour cette âme, et après l'avoir arrachée à la mort, a pu s'écrier avec reconnaissance: « Celui qui arrose sera lui-même arrosé !»
Pourquoi, pendant l'hiver, lorsque la neige enveloppe la terre, que les eaux dormantes sont couvertes d'une couche de glace, le petit ruisseau qui jaillit d'une source profonde poursuit-il sa course à travers la campagne sans que la rigueur du froid ait aucune prise sur lui? Parce qu'il court, qu'il agit, qu'il est trop pressé de parcourir le chemin qui lui est tracé pour s'arrêter un moment dans une inaction qui lui serait funeste. Allons et faisons de même; que notre vie joue le rôle de cet actif petit ruisseau, et nous aussi serons à l'abri de l'engourdissement, et nous aussi vérifierons la vérité de cette promesse : « Celui qui arrose sera lui-même arrosé.
PRIERE.
Oui, Seigneur notre Dieu, que ce soit là la vie de tes enfants, et qu'ainsi chacun d'eux, par ta grâce, soit béni et en bénédiction. Nous désirons ne pas être dans ton champ des serviteurs paresseux ou insouciants; nous désirons que tu te serves de nous pour ta gloire, et que, selon ta promesse, tu nous fasses du bien en en faisant par nous à d'autres. Seigneur, nous te demandons là ce que nous savons être selon ta volonté : exauce-nous; donne-nous la paisible assurance que tu nous exauceras. Place sur notre coeur cette promesse qui nous impose un devoir, mais le devoir le plus doux pour ton enfant : celui qui arrose sera lui-même arrosé; et fais à chacun de nous. la grâce de devenir un témoignage vivant de la vérité de cette promesse. Amen.