PROVERBES, XXIII, 23.

Acheter et vendre la vérité.

(Lire Ésaïe, LV.)

 

« Achète la vérité. » Il y a dans ces paroles une association d'idées qui surprend au premier abord. En effet, nous savons que la vérité, c'est Jésus lui-même, « le chemin, la vérité et la vie, » en sorte que lorsque la Parole de Dieu nous parle d'acheter la vérité, elle nous parle de chercher Jésus, de le recevoir, de croire en lui. Mais quoi ! la Bible nous dit et nous répète que le salut est entièrement gratuit, que la foi elle-même est « un don de Dieu... que la grâce qui est en Jésus est offerte à qui la veut, «sans argent et sans aucun prix;» bien plus, que Dieu regarde comme une offense tout ce que la propre justice croit devoir ajouter à son « don ineffable: » et un passage de cette même Bible nous parle d'acheter la vérité qui est Jésus?

Voilà ce qui nous étonne; mais voici ce que la Parole de Dieu répond à notre étonnement. Il ne suffirait pas au cultivateur de recevoir de la seule bonté de Dieu une abondante moisson, s'il ne s'occupait de couper les épis, de les lier en gerbes et de les serrer dans son grenier; il ne suffirait pas que Dieu fit briller une belle perle aux yeux du marchand dont parle l'Évangile, si ce marchand, l'ayant vue, ne s'en allait et ne vendait tout ce qu'il possède pour acheter cette perle de grand prix (1); il ne suffit pas que Dieu nous montre Jésus cloué sur la croix en nous disant: Voilà le Sauveur que je te donne gratuitement dans mon amour, si nous ne nous mettons par la foi en rapport personnel et direct avec ce Sauveur qui ne sauve que les croyants. Acheter la vérité qui est Jésus, c'est donc faire pour arriver à la possession de Jésus tout ce que nos forces, notre énergie, notre ardeur nous rendent capables de faire, tout ce que nous ferions pour acquérir une chose de laquelle dépendrait notre bonheur terrestre. Il nous faut pour cela quelques efforts; s'il s'agit pour nous d'acheter sans argent, il faut acheter pourtant, et on n'achète qu'en donnant quelque chose en échange de l'objet qu'on désire.

Ce que nous devons offrir au Seigneur en échange de sa vérité, c'est notre propre justice, c'est notre légèreté, c'est notre penchant pour tel ou tel péché, c'est peut-être seulement l'habitude de renvoyer au lendemain les résolutions sérieuses et l'examen des choses qui appartiennent à notre paix. Eh bien, la vérité de Dieu en Jésus vaut la peine que nous l'achetions, même au prix de ces sacrifices qui nous coûtent; elle vaut la peine, quand nous la possédons, que nous nous gardions de la vendre pour des objets de vil prix. Pensons donc beaucoup à la recommandation de notre texte; elle nous apprendra à juger sainement de la valeur relative des choses du temps présent et de celles de l'éternité.

 

PRIÈRE.

Nous savons ces choses, Seigneur notre Dieu; parle maintenant à nos coeurs pour nous les faire recevoir et croire, et pour nous rappeler que nous sommes bienheureux de les savoir, pourvu que nous les mettions en pratique; fais-nous arriver à une possession toujours plus complète et plus bénie de Jésus, en qui tu as daigné nous faire trouver le chemin, la vérité et la vie. Qu'aucun effort ne nous coûte pour nous approprier sa grâce et pour y faire des progrès continuels; et si nous la possédons, que nous la tenions ferme, afin que personne ne nous ravisse notre couronne. Viens à notre aide, ô notre Dieu, pour nous faire reconnaître le prix immense des choses invisibles qui sont éternelles; nous t'en supplions au nom de Jésus. Amen.


Table des matières
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1. Matth., XIIl, 45, 46.