ECCLÉSIASTE, VII, 21.

«Ne mets point ton Coeur à toutes les paroles qu'on dira.»

(Lire Psaume XXXVII, 1-11.)

 

Si nous mettions vraiment en pratique tous les enseignements de la Parole de Dieu, combien notre vie serait plus facile et plus simple ! Notre texte nous en est une preuve. On l'a souvent remarqué : nos rapports avec nos semblables, ces inévitables rapports de tous les jours, ont une influence immense sur notre bonheur; un petit ver rongeur suffit pour faire périr l'arbre -vigoureux dont il a piqué la racine, et que de fois des gens que tout le monde s'accorde à croire particulièrement heureux et privilégiés, qui eux-mêmes reconnaissent avec actions de grâces que le Seigneur les bénit abondamment dans leurs affections, dans leurs entreprises, dans leur santé, sont obligés, sans qu'il y ait là ingratitude de leur part, de s'avouer que telle petite difficulté, d'eux seuls connue, les empêche de jouir pleinement de leur bonheur !

Il en est ainsi pour des gens faciles et doux; à coinbien plus forte raison pour ceux qui ont un caractère susceptible, et qui remarquent si vite et sentent si vivement les petits manques d'égards ou d'amabilité, les jugements défavorables, les paroles désobligeantes ou ironiques auxquelles leur prochain se laisse aller sur leur compte! Voilà précisément ceux auxquels s'adresse l'Ecclésiaste : « Ne mets pas «ton coeur à toutes les paroles qu'on dira, de peur que tu «n'entendes ton serviteur parler mal de toi. » Pourquoi cette recommandation?

Parce qu'il ne nous vaut rien de nous faire nous-mêmes des chagrins inutiles en attachant une importance exagérée à des choses qui n'en valent pas la peine. Nous avons bien assez des épreuves, petites ou grandes, que nous ne pouvons éviter parce que c'est Dieu qui nous les dispense lui-même; c'est pour celles-là qu'il faut garder nos forces, au lieu de les gaspiller en les dispersant sur une foule de choses insignifiantes qui n'aboutissent qu'à nous agiter et nous détournent de la vie de prière cachée avec Christ en Dieu.

D'ailleurs, dans ces petites épreuves-là, ce qui s'éveille en nous, ce qui souffre, c'est l'amour-propre; or, l'amour-propre froissé est un mauvais conseiller, un messager du Malin. Il grossit les choses; il nous fait souvent prendre pour de l'ingratitude, pour un parti pris de nous nuire, pour un manque d'affection, ce qui n'est que l'effet d'un mouvement irréfléchi dont celui qui nous a blessés se repent peut-être lui-même. Nous pouvons bien savoir, du reste, que ces petites choses-là n'ont pas toujours la valeur que nous leur attribuons lorsqu'elles nous atteignent, car « tu sais dans ton « coeur que tu as aussi mal parlé des autres, même plusieurs fois. »

 

PRIÈRE.

Remplis nos coeurs, Ô notre Dieu, de cette charité qui est un fruit de l'Esprit, et dont nous avons tant besoin pour n'être pas troublés par les petites difficultés que nous suscitent nos rapports avec des pécheurs semblables à nous. Donne-nous surtout la vie spirituelle, qui nous élève au-dessus des choses de la terre et nous empêche d'y attacher une importance exagérée, et fais-nous remarquer, dans ta sainte et bonne Parole, tant de précieuses directions sur lesquelles nous passons trop souvent à la légère. Que notre Bible devienne la règle de notre conduite, non-seulement d'une manière générale, mais dans les petits détails de la vie; qu'elle nous guide dans l'accomplissement des petits devoirs, dans la vigilance contre les petites tentations, et qu'appliquée à notre âme par ton Saint-Esprit, elle nous fasse marcher de progrès en progrès à ta gloire en Jésus. Amen.


Table des matières