CANTIQUE, II, 12.

Les fleurs.

(Lire Psaume XCII.)

 

« Les perfections invisibles de Dieu se voient comme à « l'oeil depuis la création du monde quand on considère ses « ouvrages; » les fleurs doivent être spécialement propres à les manifester, car, de toutes les oeuvres de Dieu, les fleurs sont peut-être celles qui plaisent et charment le plus, en nous prouvant que sur notre pauvre terre tout n'est pas triste et sombre, tout n'a pas été gâté par le péché.

De toutes les perfections de Dieu, celle dont les fleurs nous parlent avec le plus de force est sa bonté. Sans doute, Dieu se montre aussi grand, aussi magnifique dans la création de ces petites merveilles que, dans celle des montagnes et des océans, puisque pour faire germer, croître, se développer une fleur, il faut un acte de la puissance divine; mais certainement la bonté de Dieu brille d'un éclat particulièrement vif dans la création des fleurs. En effet, Dieu s'y montre à nous non-seulement comme le «fidèle Créateur» dont la fidélité nous garantit qu'il « subviendra à tous nos besoins, » mais encore comme le tendre Père qui pense même à nos plaisirs et à nos jouissances.

Combien de fleurs qui n'ont d'autre utilité que de recréer la vue, de donner à l'homme quelque agrément par leurs riches couleurs et leur doux parfum ! Elles parlent de joie, elles prouvent que si la terre est une vallée de larmes, c'est à cause du péché qui y est entré, non à cause de la manière dont Dieu l'a créée; aussi ont-elles naturellement leurs places dans nos fêtes, et procurent-elles un moment de plaisir au pauvre malade quand une main amie les dépose sur son lit de souffrance.

De plus, les fleurs, en croissant aussi belles, aussi fraîches, aussi embaumées dans les plus pauvres jardins que dans les plus riches, nous enseignent que la joie que Dieu voit compatible pour ses enfants avec la vie terrestre, est pour tous, pour les pauvres comme pour les riches; et c'est là aussi une preuve de la bonté de Dieu. Les plus humbles, les plus petits, ne doivent pas se croire déshérités de Dieu; ils sont soumis à des épreuves que ne connaissent pas les autres, mais Dieu les aime et désire leur bonheur, il veut adoucir leurs épreuves et réjouir leur coeur.

Enfin, comme il ne nous serait cependant pas bon de nous trop attacher à l'idée de la joie terrestre, Dieu, dans sa bonté, nous parle encore par les fleurs et par la rapidité avec laquelle elles se fanent, de la fragilité de nos joies et de la mort qui nous attend nous-mêmes. Nos fleurs se fanent, nos joies se flétrissent nos bien-aimés nous quittent, et nous nous envolons ! Mais si nous sommes les disciples de Jésus, tout ne sera pas fini pour nous quand nous quitterons la terre; nous renaîtrons sur la « terre nouvelle où la justice habite» pour y « fleurir comme la palme « et y croître comme le cèdre du Liban. » «Il y a des plaisirs « à ta droite pour jamais. »

 

PRIERE.

Il y a des plaisirs à ta droite pour jamais, Ô notre Dieu! et il y a pour tes enfants, dès ici-bas des joies dont le monde ne se fait aucune idée, parce qu'il ne te voit point et ne te connaît point. Le monde ne sait pas, et ne peut pas savoir, le bonheur que ton enfant trouve à reconnaître la main d'un tendre Père dans cette riche nature qui est ton oeuvre, 6 Dieu de l'Évangile, Dieu de la grâce, Dieu de Jésus! Il admire tes oeuvres et se voit souvent contraint de rendre hommage à ta puissance et à ta grandeur; mais il ne connaît pas ton amour, ton vivant et puissant amour, qui brille d'un si vif éclat aux yeux de celui à qui Jésus t'a révélé! Sois béni, sois mille et mille fois béni, de nous avoir assuré cette grâce immense. Éternel, toutes tes oeuvres te loueront et tes bien-aimés te béniront; augmente le nombre de ces bien-aimés, et fais comprendre à tous ceux qui l'ignorent, qu'on n'a part à ton alliance d'amour que lorsqu'on se laisse réconcilier avec toi par Jésus. Amen.


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