CANTIQUE, II, 15.

Les petits renards qui gâtent les vignes.

(Lire Ésaïe, V, 1-7.)

 

Ces vignes représentent nos coeurs; ces grappes, les fruits de l'oeuvre de Dieu en nous, c'est-à-dire de notre union avec Christ, « le vrai cep, » sous le regard de Dieu, le vrai « vigneron, » qui cultive et émonde; et ces renards, ce sont toutes les petites choses dont le démon se sert pour faire son oeuvre dans le coeur du chrétien en cherchant à y détruire l'oeuvre du Seigneur ou à en arrêter le développement.

Les distractions dans la prière, ces pensées futiles qui traversent l'esprit et qui parfois s'en emparent tellement qu'on oublie presque - ô honte! ~ pourquoi on s'est mis à genoux; l'abandon dans lequel on laisse s'a Bible parce qu'on est, comme Marthe, «-distrait par plusieurs soins; » les occupations insignifiantes qu'on entreprend parce qu'elles plaisent, mais qui font perdre du temps; les germes de pensées, de sentiments ou de désirs coupables; les petits mouvements d'impatience, de rancune, d'orgueil; les petites tentations qu'on éprouve à se conformer « au présent siècle » et au monde en quelque manière; les paroles légères, les propos peu charitables, les infractions à la vérité, quelque légères qu'elles soient; les petits compromis avec la conscience; les prétextes dont on s'autorise pour négliger tel devoir ou excuser tel péché; - voilà, entre mille, quelques-uns des «petits renards qui gâtent les vignes,» c'est-à-dire qui, empêchent la communion avec le Seigneur, arrêtent les bénédictions, ébranlent la paix et mettent obstacle au développement des fruits de l'Esprit.

Ces ennemis-là s'introduisent dans l'âme avec la ruse et la subtilité du renard, et quand ils y sont, ils s'y établissent avec d'autant plus de sécurité qu'on ne les voit point; car ils creusent sans bruit leur demeure, et lorsqu'on veut les saisir, ils ont à leur disposition des échappatoires, des prétextes, des détours, comme le renard a dans son terrier plusieurs issues. Voilàpourquoi il faut les prendre avant qu'ils aient pu miner le terrain; voilà pourquoi il faut réprimer avec tant de soin, d'énergie, de persévérance, les premières manifestations de nos convoitises naturelles, toutes les causes, extérieures ou intérieures, propres à nuire aux bons commencements, tous les péchés qu'on appelle petits, et que Satan aime à entendre qualifier ainsi, parce qu'il espère qu'on les tolérera. « Qui «est-ce qui méprise les petits commencements (1) ? » Gardons-nous de le faire; s'ils sont bons, ils sont dignes de notre respect et de nos encouragements; s'ils sont mauvais, ils nécessitent toute notre vigilance. « Quand la convoitise a « conçu, elle enfante le péché, et le péché, étant consommé, «engendre la mort. »

 

PRIÈRE.

Puisque nous savons ces choses, Seigneur notre Dieu, fais-nous la grâce de les serrer dans notre coeur et de les mettre en pratique; que le fait que nous les savons ne devienne pas seulement pour nous une responsabilité de plus ! Rends-nous vigilants et fidèles, Seigneur, dans notre sainte guerre contre le péché; fais-nous comprendre et sentir combien il est important pour notre sûreté de ne pas appeler petit un seul péché, de réprimer dès leur apparition dans notre âme ces mauvais penchants, ces sentiments coupables qui font en nous l'oeuvre du Tentateur. Montre-nous le péché partout où il se trouve, et quand nous le connaissons, que nous le combattions coûte que coûte, n'hésitant pas à couper le pied ou la main qui risque de nous être en piège. Exauce notre prière, parce que nous te la présentons au nom de Jésus. Amen.


Table des matières
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1. Zach., IV, 10