MATTHIEU, III, 13-fin.

Baptême de Jésus.

(Lire Actes, X, 34-fin-)

 

Il est facile de comprendre ce que Jean dut éprouver, lui si humble, si désireux de détourner de lui-même tout hommage pour le renvoyer à Jésus, lorsqu'il vit s'avancer vers lui pour recevoir le baptême d'eau, celui sous l'obscure condition duquel il savait que se cachaient la grandeur, la puissance et la sainteté mêmes! C'est moi qui ai besoin de recevoir cette onction du Saint-Esprit dont le baptême d'eau n'est qu'un signe, et tu viens à moi! Mais la vraie humilité consiste précisément à se défier de ses lumières propres et de ses appréciations particulières, et à faire taire ses raisonnements pour obéir à la volonté de Dieu; nous ne devons jamais, fût-ce par désir de nous effacer nous-mêmes, résister à ce qu'il nous commande. C'est ce que sentit Jean-Baptiste, et ce qui imposa *silence à toutes ses objections quand Jésus lui dit, de sa voix si pleine à la fois de douceur et d'autorité: « Ne t'y oppose pas pour le présent, car c'est ainsi qu'il nous convient d'accomplir toute justice. »

Jésus ne niait pas que Jean eût besoin d'être baptisé par lui; mais le baptême de Jean étant voulu de Dieu comme préparation à la venue du Sauveur, il était bon que celui-ci montrât encore par cet exemple sa soumission à la volonté divine. Toutefois remarquons ce mot pour le moment, qui nous montre que le baptême de Jésus fut une concession faite, dans l'intérêt de la gloire de Dieu, aux idées de ses contemporains. Le moment devait venir où tous verraient qu'il n'avait pas besoin du baptême de repentance, mais « pour le moment » rien ne le distinguait du reste de son peuple. Il faut aussi qu'à l'exemple de leur Maître les chrétiens sachent faire des concessions, se soumettre à des choses dont leur conscience ne leur fait pas un devoir, ou ne pas user de toute « leur liberté en Christ, » lorsqu'il s'agit, pour la gloire de Dieu et le bien des âmes;, d'éviter le scandale ou de donner un bon exemple.

Pendant que Jésus glorifiait son Père par cette nouvelle preuve de son obéissance et de son humilité, Dieu lui-même aussi glorifia son Fils de la manière la plus éclatante. « J'honorerai ceux qui m'honorent. » Quelle scène magnifique que celle-là! Dieu répandant le Saint-Esprit avec puissance sur ce Jésus qui « était fait pour un peu de temps inférieur aux anges; » Dieu l'appelant son Fils bien-aimé ! Pour la première fois se manifestait aux hommes l'insondable mystère de la Trinité ou d'un Dieu en trois personnes; le Père et le Saint-Esprit se réunissaient pour apposer un sceau de gloire et d'amour sur le ministère du Fils, et pour faire pressentir que ceux-là seuls qui recourraient à lui seraient, à leur tour, « rendus agréables au Seigneur en son Bien-Aimé! »

 

PRIÈRE.

Seigneur, qui sondes les coeurs et les reins,, et qui sais encore mieux que nous combien nous avons lieu d'être humbles, daigne nous tenir également éloignés de la fausse humilité (lui conduit an découragement ou à la paresse, et de l'orgueil qui marche devant l'écrasement. Maintiens toi-même en nous, Ô notre Dieu, l'équilibre que tu veux; rends-nous fidèles en toutes choses. Fais-nous pour, cela renoncer complètement à nous-mêmes; fais que nous n'ayons pas de volonté propre, afin qu'il ne nous soit pas difficile d'obéir, quels que soient Les commandements. Accomplis en nous toute ton oeuvre pour l'amour de Jésus, et fais-nous la grâce de le connaître par la foi et de l'aimer chaque jour davantage, afin de pouvoir prendre pour nous personnellement la parole qu'il a dite à ses disciples : Le Père lui-même vous aime, parce que vous m'avez aimé. Amen.


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