Tentation de Jésus. 1. (Lire 1 Cor., X, 1-13 et Hébr., IV, 14-16.)
Le récit de la tentation du Seigneur Jésus-Christ est assurément un des plus mystérieux que nous trouvions dans la Bible. Pourquoi a-t-il fallu que le Saint et le Juste soutint cette lutte contre Satan, et comment celui qui ne connaissait pas le péché a-t-il pu être « tenté tomme nous en toute chose, » voilà deux questions qui se présentent naturellement à nous sans que nous puissions y répondre. Mais il n'en est pas moins vrai que la tentation de Jésus nous est présentée comme renfermant pour nous les enseignements les plus directs et les plus précieux encouragements. Si le Sauveur a été tenté, c'est afin de pouvoir compatir à nos misères et nous aider dans nos difficultés, qu'il connaît par expérience. En triomphant de Satan, il a rétabli l'ordre que le péché d'Adam avait troublé., il a accompli la première prophétie et brisé la tête du serpent. Sa victoire nous montre que notre ennemi, quoique puissant et redoutable, n'est pas invincible. Examinons donc au point de vue pratique la tentation de Jésus, afin d'apprendre par cet exemple comment le démon tente, et comment nous pouvons résister.
Le verset qui sert comme d'introduction au récit est à lui seul riche en enseignements. « Alors, » nous dit saint Matthieu, « Jésus fut emmené par l'Esprit dans le désert pour être tenté par le diable. » La tentation commença au moment où Jésus venait de recevoir avec abondance l'onction du Saint-Esprit et d'être proclamé le Fils bien-aimé du Père. Frappant avertissement pour le chrétien de ne pas se laisser éblouir par ses privilèges et par les bénédictions spirituelles qu'il peut recevoir.
Ces privilèges et ces bénédictions ne le mettent pas à l'abri des assauts de Satan; au contraire, ils en sont presque toujours les avant-coureurs et le signe, car la lutte, est une nécessité de la vie chrétienne, et dans son amour le Seigneur y prépare ses enfants par des grâces qui les fortifient et les encouragent. Jésus fut « emmené par « l'Esprit » dans le désert. Il n'allait pas de lui-même au-devant de la tentation, quoiqu'il n'eût pas lieu de la craindre comme nous; et nous, ne le faisons-nous pas trop souvent? C'est faire preuve de présomption, c'est tenter Dieu, que de jouer avec le péché en s'exposant volontairement à être tenté.
Le Seigneur nous recommande de prier que la tentation nous soit épargnée; elle ne peut pas l'être toujours, mais si nous nous bornons à l'attendre sur le chemin qui nous est tracé, nous pouvons compter sur le secours de Dieu, tandis qu'il abandonne à leurs propres forces les insensés qui s'appuient sur eux-mêmes; et ces forces, hélas ! que sont-elles en présence du péché? Jésus sait ce qu'il en coûte d'avoir à soutenir l'effort du grand adversaire, et comme il sait aussi de quoi nous sommes faits, comme « il se souvient que nous ne sommes que poudre, » c'est lui qui nous fait cette recommandation solennelle : « Veillez, et priez que vous n'entriez point en tentation; car l'esprit est prompt, mais la chair est faible (1). »
PRIÈRE.
Seigneur notre Dieu! Nous te rendons grâce pour les précieux encouragements que ta Parole vient de nous donner; nous te rendons grâce de ce que nous savons que Jésus a vaincu notre grand adversaire, qu'il l'a vaincu pour nous, et que par lui nous vaincrons à notre tour. Enseigne-nous à aller dans toutes nos tentations à notre bon Sauveur, nous rappelant qu'il connaît nos difficultés et notre misère, qu'il est puissant pour nous secourir, qu'il a promis de le faire, et qu'il le fera, pour ta gloire et pour notre complet affermissement. Veuille nous revêtir de toutes les armes de Dieu, afin que nous soyons capables de résister au mauvais jour, et, ayant tout surmonté, de demeurer fermes et inébranlables, dans la foi, dans la paix, dans le dévouement à ton service et aussi dans la joie de Jésus notre espérance. Amen.
1. Marc, XIV, 38.