MATTHIEU, IV, 2-4.

Tentation de Jésus. 2.

(Lire 1 Pierre, 1, 3-21.)

 

Le but vers lequel nous voyons Satan diriger ses efforts dès le commencement de la tentation du Sauveur, c'est de l'amener à douter de son Père céleste. « Si tu es le Fils de Dieu, » lui dit-il au moment même où le Seigneur vient de proclamer Jésus son Fils bien-aimé. Ne semble-t-il pas l'entendre poursuivre: Dieu ne t'abandonnerait pas ainsi et ne te laisserait pas dénué de toutes choses, s'il prenait son bon plaisir en toi; ne te fais-tu pas illusion en croyant qu'il t'aime et que tu es son Fils? La moitié du terrain que l'ennemi cherche à conquérir dans notre âme lui est gagnée lorsqu'il y a fait germer la moindre semence d'incrédulité.

Combien il nous importe d'être assez affermis dans la foi pour ne pouvoir perdre un instant la précieuse assurance que Dieu est fidèle et que nous sommes ses enfants ! Nous avons bien besoin de serrer cette assurance dans notre coeur lorsque nous sommes dans l'affliction ou dans des circonstances difficiles; Satan est si habile à tirer parti des moindres occasions pour nous faire tomber dans le péché! Quand nous pousse-t-il à douter que Dieu prenne soin de nous, sinon dans ces temps de grandes épreuves où il semble presque que le Seigneur nous cache sa face? Quand nous excite-t-il à l'aigreur ou à l'impatience contre nos frères, si ce n'est justement lorsque nous croyons avoir quelque motif de nous plaindre d'eux? Ce fut aussi lorsque Jésus commença à souffrir de la faim qu'il le tenta par « la convoitise « de la chair» : « Dis que ces pierres deviennent des pains. »

Il n'aurait pas été, plus difficile pour Jésus d'accomplir ce miracle que de changer l'eau en vin aux noces de Cana. Mais il y aurait eu péché de la part du Sauveur à le faire à l'instigation de Satan, et simplement pour faire éclater sa propre puissance. Les choses les plus légitimes nous tournent en piège si elles nous entraînent à nous rechercher nous-mêmes ou à nous enorgueillir. De plus, Jésus aurait eu l'air, en changeant les pierres en pain, de mettre en doute l'infinie puissance de son Père, de croire que Dieu ne pouvait le nourrir que de pain après l'avoir miraculeusement soutenu pendant quarante jours. Dieu n'a qu'à dire une parole pour que ce qu'il veut se fasse; c'est sa volonté seule qui rend le pain propre a nous nourrir, et s'il lui plaît de donner la même vertu à toute autre chose, comme jadis à la manne, il lui suffit de commander. Voilà ce que signifie la réponse de Jésus au tentateur : « L'homme vivra de toute parole de Dieu. » C'est aussi ce qui doit être notre assurance dans les moments difficiles où toutes les ressources ordinaires nous manquent. Comptons absolument sur le Seigneur sans attendre rien de nous-mêmes, et gardons-nous surtout d'employer aucun moyen illégitime pour sortir de nos difficultés.

 

PRIÈRE.

Seigneur, daigne ouvrir notre coeur à ta Parole, afin que nous comprenions chacune des instructions qu'elle nous donne et que nous en profitions. Nous savons que l'ennemi de notre âme est habile à saisir toutes les occasions pour nous tenter; que cette conviction nous excite à la vigilance, au sérieux, à la prière; qu'elle nous engage à fuir véritablement jusqu'aux apparences du mal. Notre coeur est rusé et désespérément malin; mais ton Saint-Esprit change le coeur, et c'est ce Saint-Esprit que nous te demandons de nous accorder en grande mesure, afin que notre fidélité ne dépende pas des circonstances qui nous entourent, mais qu'en toute occasion, même dans les moments les plus difficiles, il nous soit donné de te glorifier. Nous comptons sur ton secours parce que tu nous l'as promis et que tu es fidèle; dis seulement une parole, une de ces paroles dont tes enfants connaissent la puissance, et nous serons bénis comme nous avons besoin de l'être. Exauce-nous pour l'amour de Jésus. Amen.


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