Tentation de Jésus. 4. (Lire I Tim., VI, 6-16.)
Satan espérait-il séduire par « la convoitise des yeux » celui que ni « la convoitise de la chair » ni « l'orgueil de la vie » n'avaient pu faire tomber? Il devait, ce semble, être convaincu de son impuissance. Toutefois, ce n'était pas sans dessein qu'il réservait cette tentation pour la dernière; il savait bien tout le charme que les biens, les honneurs, la gloire du monde, ont aux yeux des enfants d'Adam.
Combien de chrétiens, même, se laissent entraîner à des infidélités 'quand leur intérêt ou leur position est en jeu! Ce que Satan proposait à Jésus revenait à lui proposer d'attendre de lui le succès de son oeuvre sur la terre. Si, au lieu de se tenir dans l'obscurité que Dieu lui avait prescrite, de ne rien forcer, de ne pas faire entendre sa voix dans les places, » d'accepter une vie de souffrances et de s'abaisser «jusqu'à la mort de la croix, » Jésus avait établi son règne d'une manière visible et glorieuse, en rapport avec les idées charnelles des Juifs, il aurait certainement rencontré plus de sympathie et se serait aisément fait acclamer comme Messie. Mais il aurait fallu pour cela reconnaître le pouvoir de Satan sur la terre et s'y soumettre; à cette détestable proposition Jésus n'oppose pas même les raisonnements qu'il avait opposés aux deux premières, et répond à l'Adversaire : « Arrière de moi, Satan ! »
Quelle leçon dans le fait que le diable dispose dans une ,si grande mesure des biens et des honneurs de la terre ! Le pouvoir qu'il exerce ne lui a été cédé que pour un temps, mais pendant ce temps il est réel, et Satan est bien vraiment le prince de ce monde. » Comment donc nous étonner que les gens qui «viennent le mieux à bout de leurs entreprises » soient si souvent des gens étrangers et même opposés à la piété? Leur prospérité passagère, qui ne peut être l'effet de la bénédiction de Dieu reposant sur eux, leur vient de celui qu'ils servent.
Gardons-nous donc bien de «porter envie aux insensés en voyant la prospérité des méchants (1) » Quand nous sommes tentés d'aspirer à une fortune plus grande ou à une influence plus étendue, rappelons-nous que nous désirons ce que Satan peut être autorise à nous donner, mais à nous donner comme une source de tentations « Que servirait-il à un homme de gagner le monde s'il perdait son âme?» Aimons et adorons le Seigneur notre Dieu et servons-le lui seul. Après cette troisième tentative, le diable se retire, et les anges de Dieu viennent adorer et servir ce Maître qui leur paraît plus grand encore, s'il est possible, qu'avant le combat dont il sort victorieux.
PRIÈRE.
Seigneur! que nous ne nous bornions pas à savoir les choses que ta Parole nous enseigne, mais que nous les mettions en pratique. Que nous apprenions à nous détacher de la terre et des choses de la terre, pour nous affectionner aux choses qui sont en haut, où Christ est assis à la droite de Dieu. Tu sais qu'il y a pour nous une source de tentations continuelles dans l'empire qu'exercent sur nous les biens terrestres quels qu'ils soient; tu sais qu'il y a pour les plus pauvres comme pour les plus riches, pour les petits comme pour les grands, un piège redoutable dans cette convoitise qui nous fait si naturellement désirer ce que nous ne possédons pas, et qui risque de nous porter à l'envie, à la jalousie, au mécontentement, même au murmure et à l'ingratitude. 0 notre Père! fais-nous éviter ce piège, et donne-nous de faire des progrès dans la sanctification, en nous donnant de chercher avant tout le royaume des cieux et sa justice. Nous te le demandons au nom de ce Sauveur qui est notre exemple et notre force. Amen.
1. Ps. LXXIII, 3.