JEAN, II, 1-11.

Les noces de Cana.

 

Si Jésus répondit à la remarque de Marie : 4 Ils n'ont plus de vin, » par une parole dans laquelle il est impossible de ne pas voir un peu de sévérité, c'est parce qu'elle avait cru pouvoir s'autoriser de son titre de mère pour engager le Sauveur à faire un miracle. Jésus ne permet pas aux siens, même à ceux qui sont entrés avec lui dans les plus doux rapports, de lui tracer le chemin qu'il doit suivre. Il est maître et Seigneur de tous, sans en excepter Marie; celle-ci, sa mère selon la chair, n'avait plus aucun droit sur lui du moment que, déployant sa puissance de miracles, il se montrait Fils de Dieu. « Mon heure n'est pas encore venue, » lui répondit-il. C'est ce qu'il nous dit aussi lorsque nous attendons de lui quelque délivrance et qu'il tarde à nous la donner. Il sait ce qui nous inquiète et ce dont nous avons besoin; il veut venir à notre aide comme il vint à l'aide de ses amis de Cana; seulement, faisons taire notre impatience et nos idées particulières, laissons à son bon plaisir le choix du moment et des moyens, laissons-le agir à son heure. Marie comprit évidemment la leçon que Jésus avait voulu lui donner, et la reçut avec une humilité touchante. Sûre que le Sauveur avait des projets qu'elle ne pouvait comprendre, mais qui répondraient à son désir, elle se contenta de dire aux serviteurs : «Faites tout ce qu'il vous dira. » Dépendance et obéissance, voilà bien la position du disciple de Jésus, instrument docile dans la main de son Maître.

Et quel bon et tendre Maître que le nôtre ! Un Sauveur qui nous permet de l'associer même aux petits détails de notre vie, qui ne dédaigne pas de prendre part à nos joies et d'assister à nos fêtes. Jésus aux noces de Cana, quelle réponse à faire aux gens qui regardent la piété comme une chose triste, et pensent que les chrétiens doivent toujours être austères et soucieux! Mais en même temps, quelle réponse à ceux qui voudraient entraîner les enfants de Dieu dans le tourbillon des plaisirs mondains ! Jésus est-il convié aux fêtes du monde et pourrait-il les honorer de sa présence? Pourrait-il les faire tourner à sa gloire et au bien des âmes comme les noces de Cana? Hélas ! qu'il en est peu auxquelles on serait heureux de le voir paraître!

Ce premier miracle marqua l'entrée de Jésus dans son ministère. Il manifesta la gloire du Sauveur et fortifia la foi encore chancelante des premiers disciples : c'est le double but que doit atteindre toute manifestation de la puissance et de la bonté de Dieu. « 0 Dieu! tu es mon Dieu fort; je te cherche au point du jour... pour voir ta force et ta gloire... Car ta grâce est meilleure que la vie, c'est pourquoi mes lèvres te loueront, et ainsi je te bénirai durant ma vie (1).»

 

PRIÈRE.

Seigneur notre Dieu, qui sais combien nous avons besoin du secours de ton Saint-Esprit pour marcher dans le chemin de la sanctification, qui sais combien aisément les jouissances mêmes que tu nous donnes peuvent nous tourner en piège, aide-nous à nous tenir dans la vigilance! Que nous n'attachions pas notre coeur à la terre, nous rappelant que le monde passe, Mais que celui qui fait ta volonté demeure éternellement. Nous te bénissons de ce qu'il y a dans la piété nos joies dont le monde ne peut se faire aucune idée; nous te bénissons aussi de ce que les épreuves de la vie nous forcent à sentir qu'il faut pour notre bonheur même que notre trésor soit dans le ciel afin que notre coeur y soit aussi. Seigneur, fais servir à ta gIoire et à l'affermissement de notre foi toutes tes dispensations à notre égard. Nous te le demandons au nom de Jésus. Amen.


Table des matières

1. Ps. LXIII, 2-5.