JEAN, II, 12-fin.

Les profanateurs du Temple.

 

Ne semble-t-il pas étonnant au premier abord que le Seigneur Jésus se soit laissé aller à un mouvement d'indignation comme celui qu'excita en lui la vue des vendeurs du Temple? Aurions-nous cru qu'un pareil mouvement pût se concilier avec sa douceur que nous connaissons si bien, avec son titre d'Agneau de Dieu, avec sa propre parole : « Je suis doux et humble de coeur » ?

Nous aurions probablement jugé tout autrement; et nous nous serions trompés, parce que nous sommes des gens à la vue bornée, qui ne voyons des choses que le côté extérieur, et qui oublions trop facilement que nos sentiments et nos impressions ne peuvent nous donner la mesure et l'explication de ceux de Jésus. Il aurait été incompatible avec son caractère de se laisser entraîner par un sentiment personnel de colère ou de rancune, aussi le voyons-nous, chaque fois qu'il s'agit de lui-même, se laisser mépriser, insulter, maltraiter « sans ouvrir la bouche; » mais dès qu'il s'agissait de la volonté de Dieu foulée aux pieds et de la gloire de Dieu outragée, l'indignation de Jésus était une juste indignation, sa colère une sainte colère, qui nous rappelle celle de Moïse brisant les tables de la loi au pied de la montagne parce que les Israélites adoraient le veau d'or.

Cet exemple de notre Sauveur est plein d'instruction pour nous; il nous enseigne à haïr le péché, à le condamner sans pitié sous quelque forme qu'il se présente, tout en agissant avec amour et miséricorde à l'égard des pécheurs eux-mêmes, et en nous bornant à dire : « Otez cela d'ici.» « Le temple de Dieu est saint, et vous êtes ce temple,» dit saint Paul.

Ces gens qui profanaient le temple de Jérusalem en en faisant une maison de marché, étaient-ils, après tout, plus coupables que tant de soi-disant chrétiens ? Il en est beaucoup, chose profondément triste à dire, qui apportent jusque dans la maison du Seigneur leurs préoccupations matérielles et les calculs de leur intérêt; beaucoup qui souvent paraissent prêter une oreille attentive à la prédication de la Parole de Dieu, tandis qu'ils sont tout occupés de pensées mondaines; beaucoup qui font servir à leur avantage terrestre les choses les plus saintes, le nom de chrétien qu'ils portent, par exemple, et l'influence que ce nom peut leur donner; tout comme les marchands du Temple spéculaient sur les animaux destinés aux sacrifices. Il y a là à la fois profanation et hypocrisie; il y a là, souvenons-nous-en, ce qui excite l'indignation de Jésus. «Pendant qu'il était à Jérusalem, » ajoute saint Jean, « plusieurs crurent en lui... mais Jésus ne se fiait point à eux.»

C'est que leur foi n'était pas la véritable. Il y a telle manière de croire qui n'atteint que l'esprit et ne va pas jusqu'à l'âme; c'est la foi de tête., d'intelligence, la foi de ceux qui savent que l'Evangile est vrai, mais qui ne l'ont pas reçu dans leur coeur. Il est possible de l'avoir tout en restant étranger à la grâce du Seigneur : Dieu nous garde de cette foi-là et nous donne la foi qui sauve !

 

PRIERE

Seigneur, tu sais mieux que nous quel est l'état de notre âme, daigne nous montrer à nous-mêmes tels que nous sommes et non tels que nous désirons nous voir; enseigne-nous à nous examiner nous-mêmes pour voir si nous sommes dans la foi. Donne-nous la foi véritable, ô notre Dieu; la foi du coeur, la foi qui sauve, qui donne la paix en toi et le dévouement à ton service. Pour cela, accorde-nous ton Saint-Esprit, afin qu'il nous mette en communion avec toi et nous fasse sentir la réalité des choses que nous faisons profession de croire. Nous te demandons cette grâce au nom du Seigneur Jésus, en même temps que nous te supplions de nous donner des coeurs droits, pleinement ouverts à ta grâce et à tes appels, ayant vraiment faim et soif de la justice. Amen.


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