JEAN, III, 12-21.

L'amour de Dieu pour le monde.

(Lire Jér., XXXI, 1-12.)

 

« Tant aimé! N'est-ce pas là un de ces mots brillants comme il s'en trouve çà et là dans notre précieuse Bible, qui saisissent le regard, illuminent le coeur et répandent leur clarté sur tout un profond passage? Comment comprendre, en effet, que le Père ait pu donner son Fils , afin que qui conque croit en lui ne périsse point, mais ait là vie éternelle, » si nous n'avions l'explication de ce dévouement inouï dans le merveilleux amour du Seigneur? Dieu n'a pas seulement aimé, il a tant aimé; si réellement, si profondément, si intimement, si richement; et ce qu'il a aimé ainsi, c'est le monde; le monde qui est essentiellement ennemi de Dieu, qui est « plongé dans le mal (1) » le monde, c'est-à-dire les pécheurs comme chacun de nous, qui ne l'aimions pas, ne pensions pas à lui, ne faisions aucun cas de son amour.

Qui aurait jamais cru que le Dieu de sainteté pourrait aimer des créatures telles que nous? Qui aurait cru que, forcé par sa justice de punir nos péchés avant de nous réconcilier avec lui, il prendrait, comme Abraham, son Fils, son unique, son bien-aimé, et l'offrirait en sacrifice expiatoire pour l'amour de nous? Qui aurait cru qu'il l'élèverait sur une croix sanglante, comme jadis Moïse éleva le serpent dans le désert, afin que tous les bouts de la terre pussent regarder vers lui et être sauvés?

Qui aurait cru que le jour viendrait où les coeurs angoissés par le sentiment de leur péché entendraient une parole telle que celle-ci: « Quiconque croit au Fils de Dieu ne sera point condamné? » Et pourtant voilà l'Évangile, voilà la vérité, voilà ce qui fait la paix, la joie, la vie de l'âme régénérée, rendue capable de croire à la réalité de cet amour de Dieu qu'elle ne peut comprendre, mais qu'elle sent par l'efficace du Saint-Esprit.

Oui, « Dieu a tant aimé le monde qu'il a donné son Fils unique, afin que quiconque croit en lui ne périsse point, mais ait la vie éternelle. » «Quiconque: » le salut est offert à tout pécheur, d'où qu'il vienne, quel qu'il soit, savant ou ignorant, riche ou pauvre, vieux ou jeune; c'est là ce qui fait à la fois « la richesse de la grâce de Dieu » et la culpabilité de ceux qui ferment leurs coeurs à ses appels et leurs yeux à la lumière que Jésus a apportée dans le monde. Dieu nous montre à tous cette lumière, ce qui n'est pas dire, hélas ! que tous la voient, parce qu'il en est beaucoup qui ne veulent pas aller à Jésus pour avoir la vie. Or, «celui qui ne croit pas est déjà condamné; » « comment donc échapperons-nous si nous négligeons un si grand salut?»

Écoutons le Seigneur dire à notre âme: «Je t'ai aimée d'un amour éternel, c'est pourquoi j'ai prolongé envers toi ma gratuité (2). » Et que notre âme rachetée réponde par ce cri de reconnaissance: « En ceci est manifesté l'amour de Dieu envers nous, que Dieu a envoyé son Fils unique au monde afin que nous vivions par lui (3) !»

 

PRIÈRE.

Que nous ne négligions pas ce grand salut, ô Seigneur notre Dieu! Pénètre de plus en plus nos coeurs du besoin absolu que nous avons de ta grâce, de ton amour et de ta pitié; ces coeurs sont durs et rebelles : nous le supplions de les toucher, de les ouvrir à l'influence de ton Esprit! Que nous ne nous bornions pas à contempler avec admiration et confusion de face l'amour que tu nous as montré en Jésus-Christ notre Seigneur; que nous croyions à cet amour, que nous en vivions; puissions-nous arriver par ta grâce à en connaître la longueur et la largeur, la profondeur et la hauteur, à connaître l'amour de Christ qui surpasse toute connaissance, afin que nous soyons remplis de la plénitude des dons de Dieu ! Exauce-nous, Seigneur, pour l'amour de ton Fils. Amen.


Table des matières
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1. I Jean, V, 19.

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2. Jér., XXXI, 3. -

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3. 1 Jean, IV, 9.