JEAN, III, 22-fin.

Jean-Baptiste avec ses disciples.

 

C'était dans leur affection pour leur maître que les disciples de Jean venaient se plaindre à lui de ce que Jésus auquel il avait rendu témoignage avec tant de zèle s'emparait, leur semblait-il, de son influence et de sa popularité. Mais quels que doivent être notre attachement et notre reconnaissance pour ceux qui ont fait du bien à notre âme, il faut que nous aimions Jésus plus qu'eux et qu'au besoin nous soyons prêts à les quitter pour le suivre.

L'affection des disciples de Jean était peu éclairée et ils n'avaient évidemment pas compris l'ardent désir de leur maître de les amener au Sauveur; c'est ce qui lui fournit l'occasion de leur adresser de belles et touchantes paroles, particulièrement applicables aux ministres de l'Évangile, mais instructives aussi pour tous les chrétiens, puisque tous sont appelés à travailler en quelque mesure à l'oeuvre du Seigneur. Il arrive bien souvent à ceux dont la vie est tout humble et ordinaire, d'envier le bonheur de ceux dont Dieu se sert pour amener beaucoup d'âmes à sa connaissance.

Ce sentiment est assez naturel, mais ce n'est pas dire qu'il soit bon; dans les choses spirituelles comme dans celles de la vie terrestre., il faut que nous soyons contents du lot que le Seigneur a choisi pour nous. « Personne ne peut «rien recevoir, » dit Jean, « s'il ne lui a été donne du ciel; » l'influence que Dieu donne plus grande aux uns, moindre, aux autres, vient à tous directement de lui; aussi n'avons-nous qu'à être vraiment fidèles dans l'accomplissement de notre tâche, ne regardant qu'au Seigneur et à sa volonté à notre égard.

Quelle que soit cette tâche, il faut que, dans ses efforts pour avancer le règne de son Maître, le chrétien s'efface toujours plus lui-même et laisse Jésus sur le premier plan, parlant aux âmes et exerçant son action bénie. Ce qui importe, c'est la gloire du Maître; ce ne sont jamais les vues particulières ou l'influence personnelle de ses serviteurs. Que Jésus croisse et que ses serviteurs diminuent, et le règne de Dieu avancera autour d'eux par leur moyen. Mais c'est tout d'abord dans notre âme qu'il doit se développer; et pour cela, faisons de ces belles paroles de Jean une application spirituelle. « Christ est en nous l'espérance de la gloire (1) » il faut qu'il grandisse et qu'il anéantisse de plus en plus notre homme naturel; il faut que de jour en jour nous nous dépouillions de nous-mêmes et de nos péchés, et que nous puissions dire : « Ce n'est plus moi qui vis, c'est Christ qui vit en moi; » il faut, pour la gloire de Dieu et pour notre salut, qu'en nous et autour de nous, pour le temps présent et pour l'éternité, Jésus croisse, et que son serviteur diminue.

 

PRIÈRE.

Fais-nous suivre l'exemple de ton fidèle disciple,. Seigneur Jésus; que nous apprenions de toi, comme lui, à renoncer à nous-mêmes, à nous anéantir nous-mêmes pour te laisser seul vivre et croître en nous! Fais à chacun de nous la grâce de pouvoir dire avec ton apôtre Paul : Ce n'est plus moi qui vis, c'est Christ qui vit en moi. Ah! que vraiment nos coeurs te soient ouverts pour que tu y établisses ta demeure et y règnes sans partage ! Seigneur Jésus, nous te supplions de nous rendre humbles et fidèles dans l'accomplissement de la tâche que tu nous as confiée sur la terre; toi qui es doux et humble de coeur, fais que nous ne nous cherchions pas nous-mêmes, que nous ne fassions rien dans un esprit de contestation ou par vaine gloire, et que, tout en étant animés d'une sainte émulation dans ton service, nous ne nous élevions jamais les uns au-dessus des autres. Amen.


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1. Col., III, 27.