JEAN, IV, 1-30.

La Samaritaine.

 

Nous avons dans ce récit un exemple admirable de la manière dont la grâce du Seigneur pénètre dans un coeur fermé. Ce qui fermait celui de la Samaritaine, c'était la légèreté. Elle se montre légère dans toutes ses réponses à Jésus. Au lieu de chercher le sens caché que trahissent les paroles du Sauveur, elle n'en voit que la surface, et même quand une de ces paroles, plus directe et plus sévère que les autres, en lui prouvant que Jésus connaît la misérable vie qu'elle mène en secret, remue sa conscience et l'oblige au moins à voir en lui «un prophète, » elle se hâte de changer le sujet de l'entretien en signalant les différences qui séparent le culte des Juifs de celui des Samaritains.

C'est là ce que font bien souvent les personnes auxquelles on parle de leur âme; elles s'efforcent d'échapper aux questions pressantes, de se tenir dans les généralités; il semble qu'elles soient résolues à s'étourdir elles-mêmes et à lasser la patience de ceux qui leur parlent. Mais comment le Sauveur agit-il avec cette pauvre femme si insouciante ? Sans lui adresser aucun reproche, sans paraître même remarquer qu'elle ne le comprend pas ou ne veut pas le comprendre. Avec la plus admirable douceur il s'efforce de la rendre attentive, non pas en lui adressant des appels directs qu'elle n'aurait peut-être pas écoutés, mais en se servant d'un langage figuré propre à frapper son imagination: « Celui qui boira de l'eau que je lui donnerai...» La même patiente miséricorde lui fait saisir l'étrange question de cette femme au sujet du Temple pour lui donner une autre précieuse leçon: « Dieu est esprit, et il faut que ceux « qui l'adorent, l'adorent en esprit et en vérité.» Quel exemple pour ceux qui désirent faire du bien à l'âme de leurs frères !

La Samaritaine finit par être rendue sérieuse; cependant elle cherche encore à détourner la question: « Quand le Christ « viendra, il nous enseignera toutes choses. » Qui n'en a fait autant? Qui n'a cherché des délais? Les uns veulent différer de se convertir, les autres de faire tel ou tel sacrifice, de rompre avec tel ou tel péché. Mais Jésus ne le permet pas. Quand la Samaritaine, atteinte dans sa conscience, essaye encore de remettre à plus tard, il lui adresse une parole sur laquelle elle ne peut plus prendre le change: « Je suis le Christ, moi qui te parle. » Et elle est alors tellement frappée qu'elle oublie toute autre chose, laisse là sa cruche et court dire aux gens du lieu: «Venez voir un homme qui m'a dit tout ce que j'ai fait; ne serait-ce point le Christ? »

« Aujourd'hui, si vous entendez sa voix, n'endurcissez pas votre coeur; » que ce coeur, au contraire, soit pleinement ouvert à l'influence du Saint-Esprit. Jésus nous parle comme à la Samaritaine, il nous offre comme à elle l'eau jaillissante en vie éternelle : ne fermons pas l'oreille à ses appels. Ce n'est qu'à ce prix que nous pourrons avancer dans la vie chrétienne, si nous y sommes déjà entrés, ou y entrer, si nous avons le malheur d'être encore étrangers à la grâce de Dieu.

 

PRIÈRE.

Accomplis à notre égard, ô notre Dieu, l'oeuvre de grâce que tu as accomplie à l'égard de la Samaritaine; rends-nous sérieux et attentifs, nous souvent si légers; oblige-nous à écouter ta voix d'amour et fais-la pénétrer jusqu'au fond de notre conscience. Tu nous as souvent montré la patience que tu as montrée à cette pauvre femme; nous t'en rendons grâces et nous te supplions de ne pas te lasser dans ta miséricorde; tu sais combien nous en avons besoin. Donne-nous d'avoir soif de toi et de ta grâce; abreuve-nous de cette eau vive qui jaillit en vie éternelle; accomplis à notre égard ta promesse de répandre des eaux sur celui qui est altéré et des rivières sur la terre sèche; que chacun de nous aille à Jésus, et puise des eaux avec joie aux sources de cette délivrance! Exauce-nous, ô notre Dieu, nous te le demandons au nom de ce bon Sauveur qui nous a promis de ta part le don de ton Saint-Esprit. Amen.


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