JEAN, IV, 31-42.

Jésus avec ses disciples et les Sichémites.

 

Jésus était arrivé au puits de Jacob fatigué par une longue marche, ayant faim et soif; n'est-il pas profondément touchant de le voir soumis à toutes les infirmités physiques inséparables de la nature humaine? Comment nous représenter le Sauveur accablé par la chaleur du jour, obligé, tant sa pauvreté est grande, de faire à pied de longues marches, réduit à se reposer au bord du chemin pendant que ses disciples vont acheter ce qu'il lui faut pour un frugal repas, sans nous dire que c'est pour nous qu'il s'est soumis à tant de privations et de fatigues?

Toutefois, le zèle de Jésus pour le salut des âmes et pour la gloire de Dieu ne lui avait pas permis de penser à lui-même pendant son entretien avec la Samaritaine; aussi répondit-il à ses disciples, quand ceux-ci le pressèrent de manger: « Ma nourriture est de faire la volonté de celui qui m'a envoyé et d'accomplir son oeuvre,» ce qui signifie que la volonté de Dieu, non-seulement passait pour lui avant toute autre chose, mais était la force et la vie même de son âme. Et Jésus disait cela pendant qu'il vivait d'une vie d'épreuves, d'humiliations, de croix. Pouvons-nous répéter ses paroles pour notre propre compte? L'accomplissement de la volonté de Dieu est-il pour nous, non-seulement une nécessité et un devoir, mais une force et une joie? Et suffit-il à notre paix de nous répéter que les épines et les difficultés de notre chemin sont « la volonté de Dieu? »

Les Sichémites furent rendus attentifs à la parole de Jésus et le prièrent de s'arrêter dans leur ville; leur foi naissante se montrait déjà courageuse, puisque en faisant cette demande ils ne tenaient pas compte des préjugés si forts qui jusque-là les avaient éloignés des Juifs. « Et il y en eut beaucoup plus qui crurent en lui à cause de sa parole. Et ils disaient à la femme: Ce n'est pas à cause de ce que tu nous as dit que nous croyons, car nous l'avons entendu nous-mêmes, et nous savons qu'il est véritablement le Christ.» Bienheureux Samaritains, auxquels nous pouvons appliquer la parole de Jésus à Simon Pierre: « Tu es heureux, parce que ce n'est pas la chair et le sang qui t'ont révélé cela, mais c'est mon Père qui est dans les cieux ! » Voilà ce qu'il faut pour que la foi soit réelle ! Le témoignage des hommes peut d'une certaine manière conduire à la foi; il peut, sous la bénédiction de Dieu, disposer notre coeur à recevoir le salut, et c'est à ce point de vue qu'une éducation chrétienne, une instruction religieuse fidèle, un entourage pieux, offrent d'immenses avantages; mais ce n'est pas assez. Il faut que la foi devienne personnelle, indépendante de toute influence de parents, de pasteurs, d'amis; alors seulement elle est de bon aloi, elle est ferme et vivante, et nous pouvons nous écrier avec Job : «J'avais entendu parler de toi de mes «oreilles, mais maintenant mon oeil t'a vu (1) ! »

 

PRIÈRE.

Oui, Seigneur Jésus, que ce langage de la foi soit le nôtre! Fais-nous la grâce non-seulement de savoir ces choses, mais (le les laisser prendre possession de notre coeur et (le les mettre en pratique . Apprends-nous à te connaître de cette bienheureuse connaissance qui unit à toi polir le temps et pour l'éternité; révèle-toi à nous comme tu ne te révèles pas au monde, et fais que nous soyons tellement affermis sur le Rocher des siècles, que rien ne puisse ébranler notre foi et nous faire douter de ton amour et de notre salut. Que notre coeur t'aime, que nos lèvres te louent, et que notre vie tout entière te rende témoignage et te glorifie. Nous avons beaucoup reçu de toi; tu nous as accordé un immense privilège en nous plaçant dans un milieu où nous avons appris à connaître le prix de ta Parole, de ta grâce, des choses qui appartiennent à notre paix : fais-nous comprendre et sentir qu'il nous sera beaucoup redemandé, et bénis pour nous ces moyens de grâce en les appliquant à notre coeur par ton Saint-Esprit. Amen.


Table des matières
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1. Job, XLII, 5.