LUC, IV, 16-30.

Les habitants de Nazareth.

 

Jésus avait été élevé à Nazareth depuis son retour Égypte; il y avait passé près de trente ans au milieu de gens qui s'étaient de plus en plus habitués à voir en lui le fils du charpentier Joseph, et qui, à leur insu, accomplissaient la célèbre prophétie d'Ésaïe: «Il n'y a en lui ni forme ni éclat... et nous ne l'avons rien estimé. » Une chose pourtant aurait dù être remarquée. sa sainteté absolue, qui se manifestait certainement dans toutes ses actions, dans tous ses rapports avec ses parents et ses concitoyens; mais dans le monde où nous sommes une. vie sainte n'attire guère les regards si elle est obscure; aussi, jusqu'au moment où ils entendirent parler des miracles de Jésus dans d'autres villes, les habitants de Nazareth ne firent-ils aucune attention à cet homme si doux, si patient., si humble, qu'ils voyaient tous les jours et qui ne cherchait jamais à s'élever au-dessus d'eux.

N'aurions-nous pas fait comme eux, si nous avions été à leur place? Combien souvent l'habitude nous conduit à l'indifférence ! C'est là une coupable disposition de notre nature; une disposition contre laquelle il nous faut lutter avec énergie, car elle nous empêche de retirer des grâces que Dieu nous fait journellement, et des saints exemples qu'il place sous nos yeux, tout le bien que nous pourrions et devrions en retirer. C'est un mal, c'est une iniquité que « nul prophète ne soit reçu comme tel dans son pays et parmi ceux de sa famille; » il faut pour cela que l'incrédulité, l'insouciance, l'ingratitude, fassent parmi nous l'oeuvre qu'elles faisaient du temps de Jésus parmi les habitants de Nazareth. Et pourtant, lorsque tout à coup ceux-ci apprennent que ce Jésus est capable de faire des miracles, de changer l'eau en vin, de guérir les malades par sa seule parole, les voilà qui passent de l'indifférence à la jalousie, et trouvent mauvais qu'il n'ait pas tout d'abord exercé cette puissance au profit de ses concitoyens ! Car tel était leur sentiment, puisque Jésus lisait dans leur coeur cette observation qui renfermait un reproche: « Médecin, guéris-toi toi « même. » ils croyaient avoir les premiers droits au bien que Jésus était capable de faire.

Mais personne ici-bas n'a droit à la bénédiction de Dieu; au contraire, ceux qui pensent la mériter de quelque façon sont plus éloignés que d'autres de la recevoir. Dieu veut que nous n'ayons d'espoir qu'en « sa grâce gratuite» reçue par la foi. Voilà ce que Jésus voulut enseigner à ses concitoyens en leur rappelant Naaman et la veuve de Sarepta; malheureusement, voilà aussi ce que l'orgueil des Juifs ne pouvait admettre, les habitants de Nazareth, chassant Jésus de leur ville., voulant même le mettre à mort après avoir commencé par « admirer les paroles pleines de grâce qui sortaient de sa bouche, » nous en donnent un triste exemple. Ah! ce qui convertit et sauve, ce n'est pas toujours d'entendre et d'écouter Jésus, même avec sympathie et admiration : il faut croire en lui et s'humilier devant lui !

 

PRIÈRE.

Seigneur notre Dieu, bénis pour notre âme le sérieux enseignement que ta Parole vient de nous donner, et qu'il nous porte à nous examiner nous-mêmes et à devenir plus vigilants. Ne permets pas que l'habitude que nous avons d'entendre annoncer ton Évangile et de recevoir tes grâces affaiblisse l'impression que tes appels doivent produire sur nous, et diminue notre reconnaissance. Préserve-nous de l'ingratitude. Préserve-nous aussi de jamais croire que nous puissions avoir droit à quoi que ce soit de ta part. Nous n'avons rien mérité que ta colère et tes châtiments, et quand tu serais moins bon envers nous que tu ne l'es, Seigneur, nous serions encore trop petits au prix de ta faveur et de ta fidélité. Que nous vivions sous l'influence de cette conviction. Nous te le demandons au nom de Jésus. Amen.


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