MATTHIEU, IV, 12-17 et LUC, V, 1-9.

La pêche miraculeuse.

 

Simon connaissait et aimait Jésus; mais Jésus ne l'avait pas encore appelé à abandonner pour le suivre l'exercice de sa vocation terrestre. Notre vocation entre dans les vues de Dieu à notre égard; c'est lui qui nous a imposé le devoir de travailler, et quelle approbation Jésus ne donnait-il pas à l'humble profession de Simon le pêcheur quand il lui dit : «Avance en pleine eau et jetez vos filets pour pêcher ! » - «Nous avons travaillé toute la nuit sans rien prendre,» répondit le disciple.

Le Seigneur a fait des promesses à l'activité : « L'âme des diligents sera engraissée; » mais quelquefois pourtant il juge bon de laisser sans fruit le travail de ses enfants. Quel peut être son but, nous ne le savons pas toujours; mais nous pouvons fermement croire qu'il veut nous donner une grâce plus excellente que celle que nous attendions. Cette grâce consistât-elle seulement en une plus grande mesure de patience et de soumission, ce serait déjà beaucoup; mais parfois le Seigneur fait plus encore, et nous montre que s'il a attendu que nous fussions bien convaincus de notre impuissance, c'était pour nous donner, avec un succès exceptionnel, un sentiment plus profond de sa puissance et de sa fidélité.

Toujours est-il que ceux qui travaillent sous le regard de Jésus éprouvent une paisible confiance qui est à elle seule un privilège; ils savent que Jésus peut au besoin accomplir un miracle pour que ses disciples aient tout ce qu'il leur faut. Remarquons à ce sujet que si les richesses ne sont pas très-communément sur la terre le partage des chrétiens, le Seigneur donne pourtant à ses enfants le nécessaire, quand même, pour éprouver leur foi, il ne le leur donne qu'au jour le jour. « J'ai été jeune, » disait David, « et j'ai aussi atteint la vieillesse, mais je n'ai pas vu le juste abandonné ni sa postérité mendiant son pain (1). »

Mais en travaillant pour la vie présente, suivons l'exemple de Simon Pierre que nous voyons, bien que son travail eût été infructueux pendant toute une nuit, le quitter sans hésitation pour prêter sa nacelle à Jésus et écouter sa parole. Pierre et ses compagnons consacrant au service du Seigneur une notable portion d'un jour ouvrier, quel reproche à ceux qui, dans la faiblesse de leur foi, sont si avares de leur temps lorsqu'il s'agit de l'oeuvre de Dieu !

L'impression que produisit sur Simon Pierre le miracle de Jésus est facile à comprendre. Saisi par le sentiment de la grandeur de son Maître, il le fut en même temps par celui de sa propre indignité : «Retire-toi de moi, car je suis un homme pécheur! » C'est là le langage de la foi qui commence, mais ce n'est plus celui de la foi qui a déjà fait l'expérience de l'amour du Seigneur. Le cri qui doit s'échapper de notre âme est bien plutôt celui-ci : Seigneur, viens à moi, car je suis pécheur, et tu sais que j'ai besoin de toi !

 

PRIÈRE.

Viens, viens à nous, Seigneur Jésus, car nous sommes pêcheurs et tu sais combien nous avons besoin de toi! Nous avons été égarés comme la brebis perdue, cherche-nous; nous avons mérité la condamnation éternelle, sauve-nous; nous sommes remplis de péchés et de misères, purifie-nous! Tu es venu pour nous, Seigneur Jésus, tout autant que pour tes apôtres et tes premiers disciples; que cette assurance nous excite à te témoigner comme eux notre amour et notre reconnaissance par notre dévouement à ton service. Enseigne-nous à te chercher en tout, à tout faire sous ton regard ; que le bon plaisir de l'Éternel notre Dieu soit sur nous et dirige l'oeuvre de nos mains. Amen.


Table des matières
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1. Ps. XXXVII, 25.